Dans le n° 1-octobre 2010

Penser autrement l'Etat

Au regard des contraintes financières qui pèsent sur l'État (endettements multiples), mais aussi au nom de la recherche d'efficacité, la question se pose de déterminer les meilleurs leviers d'action ; est-ce de déverser de l'argent de façon uniforme, est-ce de conditionner d'une manière ou d'une autre l'aide, est-ce de favoriser les politiques d'accompagnement des personnes ? La première position se rapproche de l'assistanat, la deuxième remet en cause la notion d'universalité des aides et produit finalement plus d'équité, la troisième rend chacun auteur de sa vie. A son niveau et progressivement. On notera aussi que le politique tend à favoriser toujours l'investissement dans le " dur ", (ce qui se voit, ce qui est télégénique) plutôt que dans le service, le lien, le flux (bref ce qui est difficile à saisir en image, ce qui produit peu de symbole). L'évolution de la structure démographique est marquée par le vieillissement de la population, l'amélioration de l'espérance de vie de personnes souffrant de maladie chronique, la hausse des formes d'exclusion, le défi de l'intégration de populations venues d'aires culturelles éloignées ; marquée aussi par l'inclusion sociale de populations situées toujours plus en périphérie (culturelle, géographique, professionnelle, informationnelle). C'est dans cette perspective que la société de l'accompagnement propose une dynamique solidaire permettant de dépasser les fonctions et les contradictions de l'État Providence pour assurer le vivre ensemble dans une période de déstructuration des liens et des statuts. Il s'agit d'inverser le processus profondément inégalitaire qui frappe les salariés et les autres actifs, dont la protection sociale n'est pas liée à leurs talents, leurs utilités à la collectivité ou à leur travail, mais vient le plus souvent de leur statut et de leur place dans le système de production. Il faudra penser en termes de portabilités des droits afin qu'ils suivent le parcours biographique de la personne et l'accompagne dans ses évolutions, qui peuvent aller de mener une formation pour évoluer professionnellement à répondre à l'appel à la solidarité d'un proche. Dans cette perspective, le déploiement des outils au service de l'équité s'impose. Les solidaristes défendaient déjà le lien essentiel entre égalité des chances, justice sociale et solidarité. La solidarité comme expression de notre dette à la collectivité, de notre dette aux autres. La solidarité implique des contreparties, une réciprocité. Si la solidarité se traduit par l'instauration de mécanismes qui viennent en soutien des plus faibles et qui assurent le vivre ensemble (retraite par répartition, sécurité sociale...), elle doit aussi contribuer à faire évoluer les comportements sociaux, notre prise en compte de l'Autre, du différent. La solidarité conforte et approfondit la démocratie à travers ces deux approches. Il s'agit bien d'inventer une utopie de la réciprocité à travers différentes formes de pratiques solidaires, comme par exemple les réseaux d'échanges réciproques de savoirs et autres systèmes de partages et d'échanges. La solidarité est à la fois une politique de l'action et une dynamique de construction sociale. La traduction politique du concept de care passe plus par un approfondissement que par une redéfinition de l'État et de ses solidarités institutionnelles. Autrement dit, l'État providence ne doit pas être jeté avec l'eau du bain. La protection sociale est d'abord source de dignité et d'autonomie sociale des personnes. Mais il importe que l'État change son approche : il ne s'agit plus de faire pour et à la place des personnes mais de faire avec. A chacun de choisir son chemin, de construire son projet, d'être dans la mesure du possible auteur de sa vie, mais en étant soutenu par d'autres. Il importe sans doute que l'État se recentre plus sur des domaines d'action spécifique dont le soin et l'accompagnement, mais aussi la formation, l'école, la santé, la communication et l'accès aux biens sociaux.... Il importe surtout que l'État passe d'une culture de l'amende, de la coercition et de la réparation pour privilégier une culture de la prévention et de l'accompagnement. En définitive s'inscrire dans la notion d'un "État accompagnant" en lieu et place de l'État providence, conduit à passer de la notion d'assistance et de passivité à celle d'accompagnement et de mouvement. Ce n'est pas la fin de l'État providence mais son dépassement. ...

Dans le n° 1-octobre 2010

" Simple parasite, pas si sûr "

Au coeur d'un secteur en pleine évolution et concerné plus que jamais au quotidien par des thématiques concernant l'hygiène les normes, Géroscopie, dans sa nouvelle configuration, est heureux d'accueillir un chroniqueur de qualité en la personne du Docteur Pierre Parneix, médecin de santé publique et responsable du CCLIN Sud-ouest. Afin de répondre à vos attentes et vos préoccupations quotidiennes, c'est un éclairage pratique et concret que nous apportera chaque mois le Docteur Parneix sur un sujet général ou d'actualité.

Dans le n° 1-octobre 2010

Une animation bien orientée

La résidence Eleusis de Poissy (Groupe DomusVi) accueille uniquement des personnes désorientées. Dès lors, l'animation est l'outil majeur du projet de vie. Mario Tanvez, directeur, Marie Rolland, responsable de l'animation, et toute l'équipe s'impliquent dans une approche à la fois cognitive et sensorielle de l'animation. Avec comme clés de voûte le plaisir, la valorisation et l'ouverture sur l'extérieur.

Dans le n° 1-octobre 2010

Un EHPAD à moi ! " Sans les garanties familiales, je n'y serais pas arrivé ! "

Prenez un enfant qui a grandi dans le parc d'un EHPAD. Ajoutez une formation d'ingénieur des Mines, deux DESS (management de projet au Canada, Management des Structures sociales à Dauphine) et une grande dose d'humanité. Vous obtenez Florian Roger, il y a peu Conseiller technique au SYNERPA*. Le 20 octobre, cet homme de 30 ans réalisera son rêve : prendre la direction de son propre EHPAD ! 2003 - Le jeune Florian choisit un secteur porteur : la gérontologie. Il commence chez Orpéa sur un poste commercial. " Je voulais déjà être directeur mais cela n'a pas été possible, raconte ce fils de directeur d'EHPAD. Trop jeune ! Heureusement Solemnes qui ouvrait son premier établissement m'a recruté. " A 24 ans, le jeune homme pilote un établissement de 91 lits, avec succès : il obtient deux prix professionnels, met en place des approches non-médicamenteuses, initie " La marche Alzheimer "... Mais le directeur s'ennuie et part créer une société de conseil. " Pendant un an, se souvient-il, j'ai monté des projets de restructuration d'EHPAD et même d'hôpitaux. J'étais sur le terrain nuit et jour !" D'où un gros coup de fatigue... qui l'amène en 2008 à un poste sédentaire : conseiller technique au SYNERPA. L'ingénieur se fait qualiticien et juriste, incollable en médicaments et Code de l'Action Sociale et des familles. Las... il faut plus à Florian Roger qui dépose deux dossiers en CROSM : un dans le Nord de la France, un dans le Sud. Il achète aussi un établissement de 90 résidents à Montgeron (Essonne). Une épopée... " Pas facile de lutter avec les grands groupes, murmure Florian Roger, pas facile d'avoir des prêts ! Sans les garanties familiales, je n'y serais pas arrivé ! " Malgré ses dix millions d'euros d'emprunt, l'homme entend rester en accord avec ses valeurs : les tarifs doivent être accessibles au plus grand nombre. Je ne fais pas ce métier pour rouler en voiture de sport ! martèle-t-il. A Montgeron, je ne peux pas changer le tarif (2 700 euros par mois) mais dans l'EHPAD que je créerai, le prix sera de 1 800 euros. " A coup sûr, les familles vont apprécier ce directeur sans tabou ! ...

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