Les pharmaciens hospitaliers sont vent debout contre une mesure du pacte de lutte contre les déserts médicaux du gouvernement.

PUI : vers une expérimentation de pharmaciens sans DES
Actuellement, le recrutement et l'exercice au sein des 2500 pharmacies à usage intérieur (PUI) d'établissements sanitaires, médicosociaux ou de services départementaux d'incendie et de secours (Sdis) sont uniquement ouverts aux pharmaciens titulaires d'un diplôme d'études spécialisées (DES) de pharmacie hospitalière, en complément de leur doctorat en pharmacie.
Or, le pacte de lutte contre les déserts médicaux présenté le 25 avril par François Bayrou prévoit une expérimentation un peu passée sous les radars : l'exercice de pharmaciens non titulaires du DES pour maintenir l'activité de certains PUI d'Ehpad.
Cette mesure provoque une levée de boucliers chez les pharmaciens hospitaliers.
Dans un communiqué commun du 5 mai, leurs syndicats ont réaffirmé leur « défense inconditionnelle » d'un exercice en PUI réservé aux pharmaciens titulaires du DES. Si une PUI ne pouvait être maintenue dans un Ehpad, la première des solutions, déjà accessible à un directeur général d'ARS, serait de confier l'approvisionnement à une autre PUI, d'un établissement proche, avec des moyens matériels et humains correspondants « pour que l'absorption de ce surcroît d'activité soit possible par la PUI venant en aide à un Ehpad ».
Yannick Neuder, ministre de la Santé et de l'accès aux soins, a néanmoins confirmé cette expérimentation, le 23 mai, lors d'un discours retransmis en vidéo au congrès de pharmacie hospitalière Hopipharm.
Dans un communiqué du 26 mai, le Syndicat national des pharmaciens praticiens hospitaliers et praticiens hospitaliers universitaires (SNPHPU) s'insurge de nouveau : « En ce qui concerne les Ehpad, on ne peut pas trouver le meilleur exemple de patients dont la prise en charge peut être complexe du fait de leur âge, des polypathologies dont ils peuvent souffrir, de la polymédication dont ils sont souvent l'objet, de la difficulté physique ou cognitive à appréhender l'ensemble de leurs traitements. Et on voudrait, sur ce type de population particulièrement à risque d'iatrogénie médicamenteuse, se passer des meilleurs spécialistes que sont les pharmaciens hospitaliers titulaires de DES ? »
Le syndicat ne manque pas de rappeler les difficultés démographiques des pharmaciens d'officine : « déshabiller les uns pour habiller les autres alors que la pénurie est très largement partagée ne peut pas être considérée comme une politique responsable et prévoyante ».