Dans le n° 65-février 2016  -  Accidents du travail et maladies professionnelles  5445

Plus d'un million de journées de travail perdues dans les EHPAD en 2014

La CNAMTS (Caisse Nationale d'Assurance Maladie des Travailleurs Salariés) a publié fin 2015 les chiffres de la sinistralité de 2014. Dans l'hébergement médicalisé pour personnes âgées, les chiffres sont édifiants : accidents du travail en hausse, indice de gravité en hausse, dégâts croissants des manutentions manuelles... dans les EHPAD, tous les indicateurs sont au rouge. Philippe Bielec, Ingénieur conseil à la Direction des risques professionnels, apporte son éclairage et appelle les directeurs à réagir.

Avec une hausse de 28% des accidents du travail (AT) entre?2010 et?2014, les EHPAD semblent être un très mauvais élève de la santé au travail.

La situation est effectivement très inquiétante. La sinistralité augmente dans le secteur de l'hébergement médicalisé des personnes âgées alors que, dans la majorité des secteurs, elle stagne ou diminue. Ainsi, l'indice de fréquence dans ce secteur est passé de 82,8 (2010) à 92,4 (2014) alors que dans le BTP par exemple il est passé de 73,2 (2010) à 63,6 (2014).

Comment expliquer cet état de fait ?

On trouve la réponse en analysant les risques à l'origine de l'accident. Le risque majoritaire est lié aux "?Manutentions manuelles?" (68?% des AT avec arrêt en 2014). Dans ce secteur d'activité, il s'agit essentiellement des manutentions de personnes âgées. Les établissements sont sous-équipés en aides techniques et les soignants insuffisamment formés.
Les partenaires sociaux ont voté une recommandation précisant que la manutention d'un résident ne doit jamais se faire par une personne seule (a minima, être réalisée à deux soignants) mais doit se faire avec des aides techniques. Pour des raisons économiques, de priorité, d'image aussi peut-être, les EHPAD ont du mal à analyser les problèmes de santé au travail et donc à s'équiper. Le deuxième risque en termes de fréquence réside dans les chutes de plain-pied. En effet, dans les établissements non rénovés, les sols et les passages ne sont plus adaptés aux activités actuelles (glissance, dénivellation, encombrement...).
Il y a aussi une vraie question de culture "?Santé au travail?". Dans une grande majorité des entreprises industrielles, on trouve un référent Santé au travail. Dans les EHPAD, c'est très rare. On pourrait pourtant mandater un salarié, par exemple en fin de carrière, formé à cet effet, qui consacrerait une partie de son temps au sujet. On peut mutualiser le poste entre plusieurs structures ou faire appel à un cabinet conseil. L'idéal étant de pérenniser le poste en interne.

Le nombre des accidents liés aux manutentions manuelles a quasiment doublé en 4 ans. Comment l'expliquer ?

Les personnes arrivant en EHPAD sont de plus en plus dépendantes et nécessitent donc davantage de mobilisations aidées. Parallèlement, les effectifs des EHPAD, essentiellement féminins, vieillissent. L'âge médian (source INSEE - Enquête emploi 2011) est de 40 ans, ce qui signifie que la moitié des salariés a plus de 40 ans. La situation va inexorablement s'aggraver si les EHPAD ne font rien.

Le nombre de journées perdues a fortement augmenté en 4 ans...

Il y a différentes causes?: l'augmentation de nombre d'AT en premier règlement et la récurrence des arrêts de travail des MP (maladies professionnelles).
Dans le secteur de l'hébergement des personnes âgées, l'item qui domine est celui des TMS (troubles musculo-squelettiques). Les TMS sont liées aux manutentions manuelles, et aussi aux manipulations des chariots. Dans les services de lingerie ou de cuisine, les salariés manipulent des chariots dont le poids peut dépasser 250?kg, et parfois sur des pentes de 6%... Le dos, les cervicales, les membres supérieurs sont donc très fragilisés. Les arrêts consécutifs aux TMS peuvent excéder 150 jours et il faut savoir que plus les personnes sont âgées, plus les arrêts sont longs. Les maladies infectieuses telles que la gale apparaissent. Cela est vraisemblablement dû à l'arrivée en EHPAD d'un public très précaire.

Comment la CNAMTS peut-elle aider le secteur ?

Notre mission consiste à faire baisser la sinistralité et toutes les causes d'AT ou de MP doivent être combattues. Néanmoins, vu la situation, la prévention des TMS est prioritaire.
L'action au cas par cas des contrôleurs de sécurité de la CNAMTS auprès des directeurs porte ses fruits car nous avons construit pour eux avec la profession des outils de conseil, de formation et d'incitation financière. Les contrats de prévention, les aides accordées aux entreprises de moins de 200 salariés peuvent financer en partie toutes ces actions de prévention et aider à l'acquisition des aides techniques.
Une communication plus ciblée portée par la branche professionnelle et par notre réseau devrait améliorer à l'avenir la prise en compte de la santé au travail qui est un véritable élément de la performance des entreprises.

Peut-on être optimiste??

Oui. Je dis aux directeurs qu'une sinistralité élevée n'est pas une fatalité. C'est un investissement gagnant et les EHPAD qui se sont lancés sur le sujet peuvent en témoigner?: l'absentéisme diminue, la qualité de vie au travail augmente, le confort des personnes âgées lors des transferts augmente. Une démarche santé au travail, c'est aussi un facteur d'attractivité pour un secteur qui attire peu les jeunes. Enfin, au niveau macro-économique, les comptes de la nation et l'emploi sont également gagnants.

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