Si les médecins libéraux intervenant en Ehpad restent libres de leurs prescriptions, le médecin coordonnateur a un rôle à jouer auprès de ses confrères pour tendre vers une meilleure adaptation des prescriptions aux impératifs gériatriques. Une coordination entre aléatoire.

Dans la lutte contre l'iatrogénie médicamenteuse en Ehpad, la forte implication des médecins traitants des résidents est nécessaire. "?Il faut mieux prescrire et apprendre à déprescrire. Le médecin coordonnateur a un rôle didactique, pédagogique à remplir auprès des médecins libéraux. Mais cette mission n'est pas toujours évidente à remplir quand le médecin traitant considère qu'il s'agit d'une ingérence intolérable dans le traitement au nom de la sacro-sainte liberté de prescription?", déplore le Dr Gaël Durel, gériatre, médecin coordonnateur et administrateur à la Fédération française des associations de médecins coordonnateurs en Ehpad (FFAMCO). En effet, de nombreux d'écueils restent à franchir, comme le souligne, en décembre?2013, le rapport Verger sur la politique du médicament en Ehpad?: une faible participation des médecins libéraux aux commissions de coordination gériatrique, des prescriptions hors liste préférentielle quand elle existe, des difficultés des infirmiers et les pharmaciens d'officine pour joindre les médecins traitants quand il faut ajuster les traitements, des difficultés relationnelles entre les médecins traitants et médecins coordonnateurs. "?Une meilleure collaboration des médecins traitants avec le médecin coordonnateur favorisera l'optimisation des prescriptions au bénéfice des résidents. Un partenariat de compétences renforcera l'implication des médecins traitants dans les Ehpad?", recommande le rapport Verger.

Une confraternité fructueuse

Pourtant quand cette collaboration médecin co/médecins traitants fonctionne, elle porte ses fruits. "?L'intervention confraternelle du médecin coordonnateur auprès du médecin traitant permet une réduction importante et significative du nombre de prescriptions inappropriées en Ehpad?", constate une étude publiée en juillet?2014. Cette étude visait à évaluer l'impact à un mois du signalement par les médecins coordonnateurs aux médecins traitants d'une prescription inappropriée associant un anticholinestérasique et un médicament ayant des propriétés anticholinergiques. Sur les 1?367 ordonnances étudiées (dans 22 Ehpad sur trois départements), 23?% (soit 50 ordonnances) comportaient une association inappropriée. Les médecins traitants concernés ont été informés par courrier avec un bref rappel concernant le risque potentiel d'une telle interaction. Le courrier a été déposé dans la rubrique dossier médical du dossier patient de l'Ehpad. Lors du renouvellement du traitement des résidents, l'intervention des médecins coordonnateurs a permis de diminuer de 68?% le nombre de prescriptions inappropriées, passant de 50 à 16 ordonnances. CQFD.