Les tablettes numériques et autres montres connectées font désormais partie du paysage de la « silver économie ». Mais qu'en est-il des solutions mobiles pour les soins en EHPAD ? Traçabilité, détection des chutes, repérage de situations à risque... L'intelligence artificielle analyse les données et améliore la qualité de la prise en charge. Voeu pieu ou réalisations concrètes, zoom sur l'état du marché et le développement des solutions.
Gadget ou amélioration de l'efficacité ?
La télémédecine fait ses classes en EHPAD
Depuis le 15 septembre 2018, les consultations de télémédecine sont remboursées par l'assurance maladie. Considérée comme une avancée majeure, cette reconnaissance confirme la volonté d'améliorer l'accès aux soins et la prise en charge des patients les plus vulnérables, rompre l'isolement des professionnels et lutter contre les déserts médicaux. Elle permet aussi de renforcer l'efficience de l'organisation du système de santé.
Pour les EHPAD, l'intérêt est évident, d'autant que ces consultations touchent des champs d'intervention variés : évaluation gériatrique, psychiatrie, soins et suivi des plaies et des escarres, cardiologie, dermatologie, concertation pluridisciplinaire...
Les téléconsultations permettent la réalisation d'examens médicaux par télé-diagnostic, réduisent de façon significative les frais liés à la gestion des résidents (personnel soignant, transport, etc.), limitent les admissions aux urgences (souvent délétères pour la santé morale et physique de la personne âgée).
Les EHPAD, sensibles à ce progrès, ont commencé à s'équiper, notamment de matériels mobiles. Pour André Minyemeck, directeur de l'EHPAD « Les Reflets d'Argent » à Conches-en-Ouche dans l'Eure, « la télémédecine est opérationnelle depuis 2013 dans notre établissement. Nous avons en effet participé à une expérimentation pilote en psychiatrie avec le Centre Hospitalier de Navarre. Aujourd'hui, nous entrons dans une 2ème phase. Le département changeant de technologies, nous devons nous équiper de nouveaux matériels si nous voulons rester connectés avec l'hôpital. Cela pose dès lors la question de nos besoins. Le catalogue compte plus de 60 objets connectés. Comme nous souhaitons développer la téléconsultation avec les médecins de ville (cardiologues, dermatologues, gériatres...)., il nous faut sélectionner des matériels spécifiques (stéthoscopes connectés par exemple). »
E-consult 49, les précurseurs
C'est dès 2016, avant la publication de l'article 36 autorisant le déploiement de la téléconsultation, que le Centre d'Expertise National des Technologies pour l'Autonomie et la Santé (CENTICH) s'est vu mandater pour piloter un projet de téléconsultation en lien avec 5 EHPAD et le CHU d'Angers. Soutenu par la Mutualité Française et l'ARS des Pays de la Loire, e-consult 49 vise à améliorer les parcours de santé des personnes âgées en perte d'autonomie. « L'aspect technique n'a pas posé de problèmes », explique Jawad Hajjam, directeur du développement du Centich. « Nous nous sommes appuyés sur les technologies proposées par l'ARS. L'enjeu était surtout de proposer des téléconsultations avec les spécialistes du CHU (en dermatologie, gérontopsy et gériatrie) dans un délai inférieur à 2 semaines. Le pari du calendrier partagé est gagné même si les spécificités du CHU exigent des réorganisations permanentes. Il faut trouver un équilibre entre l'urgence hospitalière et la médecine de ville. Aujourd'hui nous réfléchissons à l'élargissement des téléconsultations aux établissements de santé de territoire et à la médecine de ville autour de la dermatologie, de la psychogériatrie et de la gériatrie notamment pour bénéficier d'un regard global sur la personne âgée. Mais au-delà des questions techniques, le succès repose sur une bonne organisation logistique pour garantir la fluidité du projet. »