Dans le n° 18-mars 2012  -  Soins palliatifs  603

Soins palliatifs : Mort, rites et religions

Catholicisme, protestantisme, judaïsme, culte musulman..., chacune des grandes religions représentées en France a sa propre vision de la mort, ses propres rites funéraires. Tour d'horizon avec l'aide de Jean Ruellan, Pompes funèbres.

À l'heure des derniers instants, les équipes peuvent hésiter devant les bons gestes. Qu'est-ce qui est permis, qu'est-ce qui ne l'est pas ? Comment apporter du bien-être au mourant sans choquer la famille ? L'après-décès est tout aussi complexe. La toilette répond souvent à des usages précis, l'enlèvement du corps doit composer avec la législation. En France le cercueil est obligatoire et il est impossible d'inhumer un corps avant la 25e heure...

Rite Catholique

Écrits sacrés : Ancien et Nouveau Testament

Conception de la mort

La croyance s'appuie sur une tradition philosophique grecque et une tradition biblique. Les prières originelles montrent que la mort n'est pas un terme mais un passage vers la vie éternelle dans le royaume de Dieu. Le Paradis et l'enfer existent, le purgatoire aussi car " Nul ne rejoint le Très-Saint, s'il n'est lui-même sanctifié ".

La toute fin de vie

Le mourant peut appeler un prêtre. La lecture de la Bible rappellera l'espérance en la grâce de Dieu. Il reçoit trois sacrements : le sacrement de pénitence et de réconciliation, l'onction des malades et l'eucharistie donnée en viatique (du latin viaticum " provisions de voyage "). Le viatique accompagne le passage du croyant de sa vie terrestre à la vie éternelle, en renouvelant le sacrement du Christ mort et ressuscité.

Après le décès

La religion prévoit trois jours de veille avant l'inhumation.

Pendant l'office religieux, la dépouille déposée dans le cercueil est encensée et aspergée d'eau bénite en signe de respect. La crémation est tolérée depuis 1963 mais le service religieux n'est pas accepté devant une urne funéraire sauf accord de l'évêque.

Rite protestant

Écrits sacrés : Ancien et Nouveau Testament

Conception de la mort

L'existence se compose de trois étapes : la vie sur terre, la période intermédiaire, puis la résurrection. Pour d'autres cette résurrection est symbolique. Enfin, il y a aussi des adeptes de la réincarnation.

La toute fin de vie

Prière et lecture de la Bible pour rappeler et renforcer l'espérance en la grâce de Dieu. Selon le désir du mourant un aumônier peut être présent.

Un proche du mourant peut faire fonction de pasteur.

Après le décès

Il existe un fort détachement par rapport au corps. Ainsi, la toilette peut être effectuée par un intervenant du monde funéraire. La cérémonie au temple peut avoir lieu en l'absence du corps.

L'enterrement protestant n'est donc pas un culte rendu au défunt. Le culte est destiné à l'accompagnement de la famille et des amis. Entre les mains de Dieu, les morts n'ont pas besoin de prière. La prière est centrée sur l'Évangile et sa promesse de Résurrection. Admis selon la procédure légale.

Rite Juif

Écrits sacrés - La Torah : ancien Testament hébreu

Conception de la mort

La résurrection fait partie des principes du judaïsme, toutefois la croyance est peu précise. Il existe une justice divine dans l'au-delà. Personne jamais n'a su ce qui se passait après la mort, même le Prophète.

La toute fin de vie

La famille est très présente et le visiteur, ami ou bénévole, fait partie de la famille.

Après le décès

Le rapport au corps mort est marqué par deux notions essentielles :

- le respect de sa dignité et de son intégrité d'une part

- l'impureté rituelle de la dépouille mortelle (passage d'un niveau supérieur, la vie, à un niveau inférieur, la mort).

Les soins de conservation sont interdits (sauf en cas de retour en Israël).

La toilette mortuaire se veut être un rite de purification. Cette tâche est effectuée exclusivement aux membres de la Hevra Kaddisha (Sainte confrérie). Les hommes s'occupent des hommes, les femmes des femmes. La personne décédée est revêtue de draps blancs.

La plupart des familles juives observent encore les rites : recouvrir les miroirs, allumer une bougie, déchirer son vêtement.

Quand le cercueil est scellé, le deuil traditionnel de sept jours peut commencer. L'enterrement (la crémation n'est pas autorisée) doit avoir lieu aussi rapidement que possible (dans les 24 heures en Israël). C'est une cérémonie simple.

Rite Musulman

Écrits sacrés : basés sur le Coran

La mort

La croyance en la vie après la mort est l'une des six croyances fondamentales requises de tout musulman accompli. L'islam considère la mort comme un seuil à franchir avant la troisième étape d'existence. Après Le jour de la fin du monde, les défunts ressusciteront et retrouveront leur enveloppe physique. Ils seront jugés et rejoindront alors soit l'enfer soit le Paradis.

La toute fin de vie

Le mourant est très entouré. Le croyant doit réaffirmer sa foi avant de mourir. Il doit s'acquitter de ses dettes financières ou les transmettre à ses enfants.

Le corps du défunt ne faut pas peur : on l'embrasse, on l'entoure. Le corps ne doit pas être mutilé, ni incinéré. Le corps est tourné vers La Mecque. Son visage regarde vers le sud, sa tête au sud-ouest, les pieds sont orientés vers le nord-est.

Les soins de conservation sont interdits.

La toilette d'une dépouille masculine est prise en charge par un homme, celle d'une dépouille féminine par une femme. L'intervenant est quelqu'un de reconnu, il a fait le pèlerinage à La Mecque. Le corps est lavé trois fois de suite, puis les yeux sont fermés. Ensuite, le corps, nu, est enveloppé dans un linceul blanc très simple. Devant la mort, les hommes sont égaux.

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