Attendue ou subite, la mort s'invite inévitablement dans la vie des couples en EHPAD. Le décès frappe le conjoint, impacte la famille et les soignants.
Regard de Marie Deforges, psychologue clinicienne spécialisée en gérontologie et art-thérapeute à la Maison Nationale des Artistes (94).
Le décès d'un voisin de chambre ou d'un partenaire de jeu suscite un vide, un manquement qui peut entraîner des mouvements psychiques, tels le déni, l'angoisse, le refus de sa propre finitude ou au contraire l'acceptation de la mort : " La prochaine fois, ce sera moi " ou encore " C'était mon tour pourtant, je suis plus vieux que lui". Le décès du conjoint est encore plus complexe. Même lorsque le couple devient très âgé, il continue d'entretenir, dans son inconscient, l'idée d'immortalité et dénie ainsi toute idée de séparation.
La perte du conjoint : se questionner
Qu'en est-il lorsque les conjoints, mariés, dans la grande majorité des cas, depuis plus de 50 ans, sont réunis dans la même institution ? Quelles vont être les ressources psychiques de celui qui reste seul face au travail de deuil ? Est-il possible de concilier un processus de deuil, individuel, propre à chacun, et une vie en collectivité, régie par des règles et des contraintes temporelles ou environnementales ?
Pour illustrer notre propos, appuyons nous sur une situation clinique vécue dans un EHPAD.
Madame et Monsieur D. entrent dans l'institution car la situation à domicile devient ingérable : Monsieur D., atteint d'un cancer, n'est plus en mesure de prendre soin de son épouse, dépendante et désorientée. Installé dans une chambre commune, le couple s'adapte relativement bien...