Dans le n° 122-novembre 2020  -  Libérer la parole  11374

Parler de la mort ne tue pas !

Pourquoi est-il toujours aussi difficile de parler de la mort en Ehpad ? « Parce que notre société est empreinte d'une culture médicale » s'exclame Ariane Nguyen, psychologue clinicienne en établissement pendant 6 ans.


« Pour beaucoup, soigner, c'est guérir, sauver des vies. Mais quand la guérison n'est pas possible, les professionnels se sentent inutiles, ne savent pas comment accompagner la personne ou ses proches. On ne parle pas ou encore trop peu de la mort en établissement. » Or si la question n'a pas été travaillée, élaborée, par les individus comme les équipes, elle ne peut pas s'incarner. « Si le médecin s'associe au psychologue et porte ou impulse le sujet de la mort, alors l'ensemble de l'équipe deviendra progressivement plus autonome pour gérer cette question. Si ce n'est pas le cas, le psychologue est mandaté d'office alors qu'il n'a pas toujours noué de liens intimes avec le résident ou sa famille ».

L'annonce du décès, une étape délicate

Il n'est pas rare que le psychologue devienne de facto, « l'ange de la mort », celui chargé d'annoncer le décès d'un résident. « Les soignants disent ne pas se sentir à la hauteur, craignent de ne pouvoir répondre aux questions des familles, ne pas être en mesure d'assumer cette responsabilité, manquer d'éloquence. Pourtant l'affection qu'ils portent aux résidents, la relation construite au fil des mois suffit à elle seule à justifier cette posture ». Les soignants se placent dans une position d'évitement et génèrent parfois des situations ubuesques, « telle cette femme assistant à la toilette mortuaire de sa voisine sans que rien ne lui soit annoncé », ajoute Ariane Nguyen. « Elle sentait bien que la situation était inhabituelle et s'est dite soulagée quand des mots ont pu être posés ». Il semble donc aujourd'hui, et particulièrement en cette période d'épidémie, nécessaire d'aider les soignants à prendre ces responsabilités, à devenir plus autonomes.

Accompagner la mort pour soutenir la vie

Marie de Hennezel, psychologue, l'avait affirmé avec force conviction, « Dès lors qu'on donne de l'importance à la mort, on en donne à la vie ». En 2018, la Fondation Korian s'est emparée de cette question. Elle a mené un travail d'analyse dans ses établissements où elle a constaté que le protocole consistait à cacher les corps de la vue des vivants, sans vraiment mesurer les effets produits sur les résidents. Forte de ces enseignements, elle a publié un Livre blanc La mort en établissement : un tabou à dépasser, pour aider les équipes à prendre conscience de la violence de ces procédures et faire évoluer les pratiques. Si l'angoisse de la mort est proportionnelle au déni, il semble que l'instauration d'une haie d'honneur pour saluer le départ d'un résident ou d'un autel à la mémoire des disparus permettent à chacun de se saisir, ou non, du décès de la personne. Pour Ariane Nguyen, « associer les soignants, c'est aussi leur permettre s'ils le souhaitent de se rendre aux obsèques. Les familles sont très reconnaissantes et touchées par notre présence dans ces moments douloureux, et nous renvoient que notre travail a du sens. C'est très important pour les équipes ».

11/04/2024  - Conseil des ministres

Soins d'accompagnement, aide à mourir: le projet de loi est sur la table

Quatre articles pour renforcer les soins d'accompagnement et les droits des malades, dix-sept pour définir l'aide à mourir, en fixer les conditions d'accès, la procédure, le contrôle et l'évaluation avec instauration d'une clause de conscience : le projet de loi relatif à l'accompagnement des malades et de la fin de vie est enfin connu.
09/04/2024  - Soins palliatifs

1,1 milliard d'euros supplémentaires pour développer les soins palliatifs en France

Présentée ce mercredi 10 avril en conseil des ministres, la stratégie décennale pour le renforcement des soins palliatifs, de la prise en charge de la douleur et de l'accompagnement de la fin de vie entend marquer une rupture.
01/04/2024  - Prévention

L'A-MCA lance son club SAR-CAN pour parler «prévention»

Ouvert depuis début janvier 2024, le club SAR-CAN, de l'Agence des médecines complémentaires adaptées (A-MCA)  entend rassembler les acteurs autour d'événements et favoriser les synergies entre les publics, dans le domaine de la prévention. Directeurs d'Ehpad et seniors bienvenus.
29/03/2024  - Assurance-maladie

Fraudes en audioprothèse : les Ehpad sont un terrain de chasse

L'assurance-maladie a exercé une surveillance particulière à l'égard des fraudes dans le secteur de l'audioprothèse, l'une des dérives étant « l'itinérance » dans les Ehpad à laquelle le conseil d'Etat vient de mettre un coup d'arrêt.
22/03/2024  - PAIQ

Résidences de Bellevue de Bourges : un cabinet dentaire dans l'Ehpad

Un chirurgien-dentiste consulte tous les mardis après-midi dans un cabinet dont l'installation a été aidée par un financement de la CNSA.
13/03/2024  - Projet de décret

Rédaction des certificats de décès par les infirmières: l'expérimentation va être généralisée

Un projet de décret étend au plan national l'expérimentation des certificats de décès rédigés par les infirmières à domicile et en Ehpad.
12/03/2024  - Rapport

La Cour des comptes appelle à une adaptation transversale de la société aux effets du changement climatique

Dans son rapport annuel publié ce mardi, la Cour des comptes alerte sur la nécessité d'anticiper le changement climatique pour continuer à vivre de façon supportable dans un climat qui a évolué.
11/03/2024  - Projet de loi

Emmanuel Macron annonce un projet de loi sur l'aide active à mourir dès avril

Quelques semaines à peine après le décès de Robert Badinter, Emmanuel Macron a annoncé par voie de presse (entretiens exclusifs avec nos confrères de Libération et La Croix), un projet de loi sur l'aide à mourir. Il devrait être présenté en conseil des ministres dès le mois d'avril.
01/03/2024  - Activité physique adaptée

Sport sur ordonnance: en attendant le remboursement...

Le haut potentiel préventif de l'activité physique adaptée reste sous-exploité faute de prise en charge, mais les Ehpad regarderont avec intérêt les résultats d'une expérimentation en Nouvelle-Aquitaine.