Dans le n° 29-février 2013  - Richard-Pierre Williamson, président de l'ANC-CLIC  1343

Nous comptons sur la future loi sur l'autonomie pour clarifier l'offre

Les CLIC (Centres locaux de d'information et de coordination gérontologique) sont l'outil historique de l'accompagnement global et coordonné de la perte d'autonomie. Dans un paysage marqué par l'abondance des dispositifs, Richard-Pierre Williamson, président de l'ANC-CLIC (association nationale des directeurs et coordinateurs de CLIC), explique la mutation en cours et prône une offre plus lisible. Qu'est-ce que l'ANC-CLIC ?

Née fin 2008, l'association regroupe les coordinateurs et directeurs de CLIC. Elle compte plus de 80 adhérents, très motivés, elle touche près de 450 CLIC via le réseau club@clic. Ses objectifs sont de mieux faire connaître la plus-value des CLIC, de mutualiser les outils existants, de partager les bonnes pratiques et faire avancer la réflexion sur les politiques Vieillesse. L'ANC-CLIC est d'ailleurs un interlocuteur des ARS (Agence Régionale de Santé), des départements et écoutée par Michèle Delaunay, ministre délégué à l'Autonomie et aux Personnes âgées. En effet, les CLIC jouent un rôle essentiel dans le paysage de la gérontologie, et avant même leur création officielle. En 2002, le Dr Alain Colvez, directeur de recherche à l'INSERM (Institut national de la santé et de la recherche), décrivait les CLIC, alors en pleine expérimentation, comme " l'indispensable réforme de notre système de santé face à la multiplicité des besoins ". Il soulignait la nécessité d'une prise en charge globale, du travail en réseau, de la transversalité et le rôle structurant des CLIC. A l'époque, les CLIC n'étaient que 25 et on prévoyait qu'ils seraient 1?000 à l'horizon 2005.

Les Clic ont douze ans. Quel état des lieux peut-on établir ?

La Fondation Médéric Alzheimer recense 1 100 lieux d'accueil dont 600 CLIC labellisés, c'est-à-dire reconnus par leur ARS et le conseil général de leur département en tant que guichet unique d'information, d'évaluation et de coordination. Les CLIC interviennent aussi en matière de prévention, d'observatoire des besoins gérontologiques. Ils connaissent bien les territoires et sont capables d'innovation... Un exemple : à La Roche-sur-Yon, le CLIC a créé avec cinq partenaires locaux l'association " Les visiteurs du soir " : des aides à domicile effectuent des visites de 21 h à 6 h du matin car le soutien ne doit pas s'arrêter à 20 h. Reste toutefois la question de la solvabilité...

En 2010, l'ANCCLIC a effectué une enquête pour mieux connaître les CLIC. Les points forts remontés : la réactivité, la coordination, l'animation, la médiation, le décloisonnement... Les points faibles se nomment manque de moyens financiers, manque de notoriété, territoires non couverts, disparités de fonctionnement... Ainsi l'Indre n'a qu'un CLIC quand le Nord en compte 31.

Vous dirigez le CLIC Entourage de la Roche-sur-Yon Agglomération depuis 12 ans. Comment les demandes ont-elles évolué ?

Les points notables sont les suivants :

- le nombre de personnes isolées a augmenté, et ce du fait de l'éclatement des familles et de leur dispersion géographique. Le corollaire est l'augmentation de la demande psycho-sociale avec parfois le recours à une hospitalisation pas toujours nécessaire sur le plan médical.

- la recrudescence des maladies neuro-dégénératives ;

- le retour d'hospitalisation est plus rapide, et cela souligne bien la nécessité d'une coordination gérontologique renforcée tant en amont qu'en aval. Avant un hôpital réparait un fémur cassé. Aujourd'hui, il fait face à une personne isolée, souffrant de poly-pathologies ; alors il faut travailler sur l'habitat, les moyens financiers, avec l'entourage et tous les partenaires...

- il existe de plus grands écarts de solvabilité. Les femmes dépendantes veuves et ayant peu cotisé représentent la catégorie la plus défavorisée.

- les situations de maltraitance sont signalées plus facilement. Le travail de sensibilisation d'ALMA France (Allo Maltraitance des personnes âgées ou handicapées) depuis plusieurs années a porté ses fruits.

- l'aide aux aidants s'est accrue.

Les CLIC étaient historiquement classés de 1 à 3. Ces niveaux disparaissent progressivement...

Les CLIC ont été construits sur une logique de parcours en trois niveaux : information, évaluation, coordination. Avec le recul, on sait que l'information est présente à tout moment, et l'évaluation quasi systématique. Aussi certains départements ont décidé, dans le cadre de leur schéma gérontologique local de se positionner sur le niveau 3. C'est un choix politique et chaque département s'organise à son gré. La Sarthe, par exemple, reprend en gestion directe les CLIC : volonté politique pour une meilleure maîtrise globale, un seul porteur juridique mais toujours des antennes locales qui s'appuient sur les CLIC préexistants : c'est essentiel. Paris a également réorganisé ses Point-Emeraude dénommés dorénavant " CLIC Paris-Emeraude ", et ce sans adopter la gestion directe. Il existe désormais six CLIC de niveau 3, qui assurent la coordination des situations plus complexes en articulation avec les réseaux, filières gériatriques et la MAIA.

Réseaux gérontologiques, Clics, coordination, MAIA... comment les personnes âgées et leurs familles peuvent-ils s'y retrouver ?

Nous comptons sur la future loi sur l'autonomie pour clarifier l'offre. Actuellement, l'offre n'est lisible ni pour le public ni pour les professionnels ! Dans certains territoires, on trouve des CLIC, une MAIA, une plate-forme de répit, un réseau gérontologique... voire plus ! Nous aurions préféré un renforcement des moyens des CLIC notamment sur le volet sanitaire. C'est possible. Ainsi, certains CLIC (comme celui que je dirige à La Roche-sur-Yon) comptent en plus de l'agent d'accueil, une infirmière-conseil, une psychologue, un coordinateur social, une chargée de prévention et moi-même, cadre de santé... Nous rendons un service plus complet et cohérent sans être pour autant réseau de santé. Nos ressources nous le permettent : la communauté d'agglomération finance le CLIC à la même hauteur que le département. C'est la reconnaissance de notre capacité à assurer une coordination gérontologique renforcée et la preuve d'une vraie volonté au niveau local.

Comment rendre l'offre lisible ?

Il faut travailler en bonne intelligence, s'adapter à des dispositifs compliqués pour apporter des réponses plus simples aux usagers. Ainsi à Fontainebleau, en Pays de Gâtine (79), à La Réole (33) ou à Challans (85), le CLIC, le réseau gérontologique et la MAIA sont regroupés dans une structure commune. La personne s'adresse au CLIC qui l'oriente vers l'interlocuteur adapté à sa situation, sans préciser nécessairement à quel dispositif est rattaché ce professionnel. L'important, c'est la qualité de la réponse.

Parallèlement, les CLIC et les MAIA ont engagé une réflexion sur une nouvelle organisation *. La CNSA, les ARS et les conseils généraux s'y emploient. Les maîtres-mots : suivi rapproché des situations complexes, outils communs partagés, intégration des acteurs (hôpitaux, CCAS, EHPAD, réseaux, SSIAD, CLIC...). Les MAIA ont vocation à s'adresser à tout public de plus de 60 ans connaissant une perte d'autonomie fonctionnelle grave ou aggravée par le contexte social (isolement, précarité...). De leur côté, les CLIC devront rester la porte d'entrée de proximité.

La MAIA constituera quasiment un dispositif " de niveau 4 " visant à offrir une meilleure réponse. Ainsi, face à une personne isolée, hospitalisée suite à une fracture, ayant des troubles cognitifs, il faudra - après les Soins de suite - coordonner le soutien à domicile, activer les bons financements, renforcer le support social, assurer un suivi rapproché, multiplier les interventions, anticiper... Encore faut-il disposer localement des réponses disponibles?! Les " gestionnaires de cas ", disons plutôt " coordinateurs de santé " devraient avoir une légitimité renforcée pour impliquer les acteurs concernés, qui seront intégrés au dispositif. C'est un pas supplémentaire vers le décloisonnement. La coordination est une idée ancienne : déjà en 1962, le rapport Laroque sur la politique vieillesse préconisait la coordination ! On a progressé mais nous ne sommes qu'au début d'une véritable " révolution culturelle ". La loi Autonomie prévue pour 2014 devrait nous en donner les moyens.

A l'heure des réseaux sociaux et des Smartphones, les CLIC vont-ils prendre le virage numérique ?

L'ANC-CLIC disposera bientôt d'un blog. De nombreux CLIC disposent d'un site Internet, avec par exemple un répertoire de l'offre de service local, le dossier unique d'admission en EHPAD, des fiches techniques... D'autre part, de plus en plus de demandes nous arrivent par mail. Toutefois, dans une logique de proximité, c'est la rencontre qui compte. Rien ne remplace une visite à domicile !

* Le Comité de l'Avancée en Age, présidé par le Dr Jean-Pierre Aquino, fera des propositions sur ce sujet : à ce jour 30 fiches actions sont en phase de finalisation.

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