Dans le n° 158-avril 2024  - Qualité de vie  16562

Incontinence urinaire : agir en prévention

L'incontinence est un syndrome gériatrique courant chez les personnes âgées. Pour autant, ses nombreuses complications, en l'absence de prise en charge, conduisent à une aggravation de la santé générale de la personne. Les équipes soignantes doivent s'inquiéter précocement du suivi à mettre en place et favoriser, si possible, la rééducation.

« L'incontinence chez la personne âgée a des origines multiples et variées », explique le Dr Yves Passadori, directeur médical du pôle de gérontologie au sein du Groupe hospitalier de la région de Mulhouse et Sud Alsace (GHRMSA). L'incontinence par urgenturie ou urgence mictionnelle causée par une hyperactivité vésicale (infection urinaire, Parkinson, accident vasculaire) est l'incontinence (voir encadré) la plus répandue chez les seniors. Les résidents d'Ehpad ont aussi fréquemment des incontinences fonctionnelles liées à des difficultés de déplacements.

Des conséquences lourdes

Un retard ou une mauvaise prise en charge impacte directement la qualité de vie de la personne âgée. L'Association française d'urologie propose d'ailleurs un questionnaire d'évaluation de la qualité de vie liée à l'incontinence urinaire de la femme - Contilife - pour mesurer objectivement son effet et prendre ainsi les mesures appropriées. « En utilisant ce type d'échelle, les professionnels de santé se rendent objectivement compte que les effets de l'incontinence urinaire non prise en charge se répercutent sur quasiment tous les critères de la qualité de vie des personnes âgées concernées », indique le Dr Passadori. Elles vont par exemple spontanément réduire leurs activités sociales par crainte d'une fuite, aggravant, de fait, les risques d'atteinte de leurs capacités fonctionnelles. Ce qui n'est pas sans conséquence sur leur autonomie.

« Nous observons également une augmentation des syndromes dépressifs chez les personnes incontinentes en raison de la honte ressentie, ajoute le Dr Passadori. La situation est paradoxale. Malgré la honte, elles ne vont pas pour autant le signaler à leur médecin, ce qui entraîne des retards de prises en charge. » Certaines personnes âgées vont même de leur propre initiative, s'orienter vers des dispositifs médicaux type protections urinaires. « Pourtant, l'utilisation des palliatifs peut aussi affecter leur moral, poursuit le médecin. C'est une question de dignité. »

Attention aux chutes, fractures et dermatites

« En cas d'hyperactivité vésicale, les personnes vont se lever la nuit pour uriner, au risque de tomber », prévient le Dr Passadori. L'incontinence est aussi à l'origine de troubles du sommeil. À partir de trois levers nocturnes, la qualité du sommeil se trouve réduite.

Enfin, une mauvaise prise en charge peut entraîner des dermatites associées à l'incontinence (DAI). Fréquentes car liées à des problèmes de macération cutanée, elles sont souvent confondues avec des escarres. Il est nécessaire d'en traiter la cause et de mettre en place des palliatifs, notamment des pommades sous forme de films pulvérisés au niveau du pli inter-fessier et du siège pour protéger la peau, qui peut ainsi se régénérer.

Encourager la rééducation

Les équipes soignantes doivent systématiquement proposer une prise en charge rééducative, bénéfique pour tous les types d'incontinence - à l'exception seulement des personnes présentant des troubles cognitifs sévères associés à des problèmes de mobilité. « Le recours aux protections urinaires doit être au maximum limité à la nuit, et si possible, être évité, rappelle le Dr Passadori. À ce jour, la mise en place de ce palliatif relève principalement d'une décision de l'aide-soignante, l'infirmière n'étant pas nécessairement partie prenante. Pourtant, cette initiative devrait faire partie d'un plan de soins élaboré avec l'ensemble de l'équipe soignante, et en accord avec le patient. » De même que le choix de la médication n'est pas toujours opportun en raison des effets secondaires sur la cognition.

Si la personne âgée n'a besoin que d'une seule personne pour se déplacer, il est possible de privilégier les techniques de rééducation comportementale à savoir des mictions assistées, qui ont prouvé leur efficacité. Ainsi, le soignant peut aller voir la personne âgée toutes les trois heures environ, pour lui proposer de se rendre aux toilettes. « L'objectif est de la stimuler et de l'encourager à aller uriner, la reproduction régulière de cette action permettant de réguler les mictions », explique le médecin, qui insiste sur l'importance de maintenir une activité physique chez les personnes âgées afin d'entretenir leurs capacités fonctionnelles et leur permettre de se rendre aux toilettes.


24/07/2025  - Santé publique

Première canicule : 480 décès en excès dans l'Hexagone

Les personnes âgées de 75 ans et plus constituent la quasi-totalité de ce bilan provisoire
24/07/2025  - Dispositifs médicaux

Un test diagnostic pour la maladie d'Alzheimer obtient le marquage CE

Il pourrait permettre aux médecins d'exclure la maladie d'Alzheimer comme cause possible de symptômes cognitifs grâce à un simple test sanguin.
24/07/2025  - Prévention

Icope : chaque personne de plus de 60 ans peut accéder à l'outil d'autoévaluation

L'autoquestionnaire est en ligne, la généralisation d'Icope a commencé... L'objectif est de 2 millions de personnes incluses d'ici à 2027, les services publics départementaux de l'autonomie étant copilotes du déploiement.
22/07/2025  - Soins

Diabète de type 2 : la HAS publie un guide sur le parcours de soins

L'objectif est d'expliciter et fluidifier ce parcours de soins du patient et de décrire la pluriprofessionnalité de sa prise en charge ainsi que des principes et modalités de coordination et de coopération entre les professionnels impliqués.
14/07/2025  - Prévention

Diabète : la Cour des Comptes préconise deux niveaux d'ALD

Prévalence et dépenses en hausse pour des résultats sanitaires qui stagnent : la Cour plaide aussi pour une prise en charge précoce avec modification des modes de vie et, en amont, pour une prévention plus volontariste en matière d'alimentation.
11/07/2025  - Sécurité sanitaire

Une version révisée du guide « Dasri : comment les éliminer ? »

Très attendue par les professionnels, la révision vise à clarifier le cadre réglementaire en vigueur, renforcer la sécurité sanitaire et accompagner les acteurs dans une gestion plus responsable et écologique des déchets de soins.
10/07/2025  - Soins

Le syndrome de Diogène : du diagnostic à la prise en charge

Les personnes atteintes du syndrome de Diogène vivent isolées, accumulant objets et détritus de manière compulsive et refusant toute aide. Un mode de vie extrême qui rend compliqué leur prise en charge en établissement.
10/07/2025  - Animation

Des clowns pour rompre l'isolement en Ehpad

Une association girondine, Clown ta chambre, propose des interventions de clowns pour créer des moments de poésie, de plaisir, et renforcer le lien social en Ehpad.
10/07/2025  - Des animaux, oui, mais...

Chiens, chats et compagnie

Depuis la loi Bien Vieillir du 8 avril 2024, les personnes qui emménagent en Ehpad ont désormais le droit de garder leurs animaux de compagnie auprès d'elles. Cette mesure, pensée pour favoriser leur bien-être, est encadrée par l'arrêté du 3 mars 2025 qui fixe les conditions d'accueil desdits animaux de compagnie. Entre espoir et défiance, qu'en est-il aujourd'hui ?