Les souvenirs peuvent être réactivés, explorés, revisités. Yves Clercq, psychologue, explore l'influence des souvenirs et les moments privilégiés de leur évocation.
Faire la paix avec son passé
On associe souvent vieillesse et souvenir. Naturellement, il est courant de proposer des animations centrées sur le passé, de construire des espaces évocateurs de mémoire, d'orienter les discussions sur l'autrefois, quand la personne était censée être plus jeune. On crée des " jardins des senteurs " pour éveiller les souvenirs des résidents, on décore l'établissement avec des photos du passé, on propose des chants d'autrefois, des expositions sur l'école du début du siècle, de la cuisine d'avant, des jeux de l'enfance...
Evoquer le passé pour entrer en relation ou proposer des activités suscitant de l'intérêt est légitime; il est toutefois nécessaire de s'interroger sur le sens et les conséquences possibles de cette référence à " leur passé " : de quel passé parle-t-on ? Est-on certain que notre vision du passé corresponde à la manière dont ils l'ont vécu ? Quel sens y-a-t-il à centrer les personnes sur un temps qui n'existe plus ? Ne risque-t-on pas d'enfermer les personnes dans nos présupposés, de ne plus les voir comme des acteurs à part entière de leur vie, de les conforter dans l'idée qu'ils ne sont plus intéressants car dépassés, et de ne plus être en mesure d'entendre ce qu'elles ont à nous dire...