Dans le n° 164-novembre 2024  - Médecines complémentaires  17229

De l'intérêt des art-thérapies en Ehpad

Psychiatre honoraire des hôpitaux, fondateur et directeur de l'Institut national d'expression, de création, d'art et thérapie (Inecat), le Pr Jean-Pierre Klein[1] oeuvre au sein de l'Agence des médecines complémentaires adaptées[2] (A-MCA)en qualité d'expert pour renforcer la place des art-thérapies auprès des résidents d'Ehpad. Entretien.

En quoi les art-thérapies peuvent-elles être utiles aux résidents d'Ehpad ?

Elles permettent de considérer la personne âgée, non pas seulement à travers ses manques, mais en s'appuyant sur ses forces de vie. Elles représentent aussi un moyen de lutter contre l'âgisme et de défendre une égalité à tous les âges. Avec les différentes disciplines artistiques, l'objectif est de permettre aux personnes âgées d'être les auteures d'une expression. Pour y parvenir, les art-thérapeutes s'appuient sur des aptitudes manuelles et expressives. Par exemple, avec les arts visuels, notamment des photos, on peut solliciter l'imaginaire, accompagner les résidents à inventer un récit. Avec la peinture, ils créent des tableaux surprenant parfois les familles qui constatent qu'ils peuvent encore être auteurs de productions les touchant. Les expériences sont nombreuses autour du geste, des tâches, de l'imagination. Elles témoignent de la force de vie, de ce qu'ils ont à dire et à transmettre. Pour la personne âgée, ces ateliers permettent de démontrer qu'elle ne se laisse pas submerger par ses déficits qui ne touchent qu'une partie de son psychisme.

Vous avez mené, en partenariat avec l'A-MCA, plusieurs actions de sensibilisation auprès du grand public. Pensez-vous qu'une telle démarche serait utile pour les dirigeants d'Ehpad et sous quelles formes ?

Il est en effet utile de communiquer autour de l'art-thérapie en Ehpad car aujourd'hui, le sens même de cette pratique n'est pas totalement acquis. Ces actions de sensibilisation peuvent prendre la forme de présentations effectuées par des enseignants et des intervenants art-thérapeutes ou des professionnels de psychopathologie. Avec l'A-MCA, nous avons par exemple organisé un événement ouvert aux praticiens issus d'autres disciplines permettant de créer des ponts et faciliter les orientations. Il serait intéressant de dupliquer cette action auprès des directeurs d'Ehpad, en leur proposant d'expérimenter des ateliers d'art-thérapie pour mieux appréhender la discipline.

L'A-MCA plaide pour la mise en place de garde-fous pour le déploiement des médecines complémentaires. Quels seraient les points d'attention à communiquer aux dirigeants d'Ehpad souhaitant déployer les art-thérapies ?

Il faut se méfier des offres de certains art-thérapeutes insuffisamment formés. Lors des ateliers, les personnes âgées ne doivent pas rester spectatrices. Par ailleurs, l'art-thérapie se distingue de l'animation artistique. L'enjeu est donc celui de la formation des intervenants. L'art-thérapie nécessite des compétences spécifiques, permettant aux thérapeutes d'accompagner les individus, de s'adapter à leurs besoins, tout en respectant leur identité. Le directeur d'Ehpad doit ainsi exiger le Certificat professionnel national de l'intervenant et s'assurer de sa reconnaissance (RNCP niveau 6 européen). C'est d'ailleurs l'un des points de collaboration entre l'Institut que je dirige et l'A-MCA qui intègre au sein de son réseau des praticiens hautement qualifiés, notamment art-thérapeutes.

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