Dans le n° 112-janvier 2020  -  Un autre regard  10755

« Aucun professionnel ne « fait » la toilette d'une personne âgée. Dans l'idéal, il l'aide, il l'accompagne », Michel Billé, sociologue.

Sociologue spécialisé dans les questions relatives aux handicaps et à la vieillesse, Michel Billé met en garde contre les « effractions de l'intime ».

« Lorsque nous allons chez le coiffeur, et que celui-ci vérifie la température de l'eau avant de nous masser le cuir chevelu avec le shampoing, il participe à notre détente. C'est cette même douceur qu'il faut retrouver. De même, la façon de frotter la voute plantaire, avec ou sans gant, pourra s'assimiler à un massage particulièrement relaxant. Le toucher est fondamental. Et il est intime.

Il faut aussi porter attention à la manière d'annoncer et de démarrer ce soin. J'ai un jour assisté à un échange dans un EHPAD entre un homme un peu désorienté et une aide-soignante. Elle lui a lancé de manière tonitruante : « Bon, on va faire la toilette, on se déshabille ! ». J'aurais tellement aimé qu'il réponde : « Très bien. Commencez ! ». Prenons garde aux messages qui peuvent être reçus à l'inverse de ce qu'ils veulent dire. La bonne approche consiste plus sûrement à dire « Je vais vous aider à vous déshabiller » ou « Comment voulez-vous que je fasse pour enlever vos vêtements ? ». Le fait d'employer le « on » est sans doute généreux, en ce qu'il témoigne une volonté d'implication mais il génère de l'ambiguïté, de l'ambivalence et au final du non-sens.

Il importe également de penser une approche de la toilette qui ne puisse en rien être considérée comme violente, car n'oublions pas que l'image que nous avons de nous-même se construit dans notre rapport à l'autre. S'il fait effraction dans ce que j'ai d'intime, c'est que je n'ai aucune valeur. Or sans estime de soi, personne ne peut aller bien.

J'aimerais partager ici une autre anecdote, celle d'un homme hospitalisé et qui, après une intervention chirurgicale, se réveille nu dans une chambre d'hôpital. Il demande à l'aide-soignante de bien vouloir fermer la porte, et s'entend répondre « non, on fait toujours comme ça avec les personnes âgées ». L'effraction de l'intime est là. Elle peut advenir sans contact physique, et même sans regard. Les raisons de cette consigne sont bonnes puisqu'il s'agit de pouvoir intervenir plus rapidement en cas d'urgence mais c'est insupportable.

Le sujet de la toilette pose aussi la question de la liberté. Certaines personnes font aujourd'hui le choix de ne plus prendre de douche quotidienne pour ne pas trop abimer les protections naturelles de la peau ou pour toute autre raison. C'est aussi un droit qu'il faut respecter. Tout comme il convient de considérer les rituels du résident pour que le moment de la toilette redevienne véritablement celui du prendre soin. Alors bien sûr cela demande du temps, de la disponibilité. Cela demande aussi de réfléchir régulièrement à sa pratique. Et cela demande surtout beaucoup de bienveillance. »

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