Les Jardins du Marais situé à Saint-Agnant (Charente-Maritime) est le seul EHPAD en France à avoir intégré, dès son ouverture en 2012, une unité spécialisée Parkinson (Espace Konstantin de 12 places). Un accompagnement qui demande de grands moyens en personnels. Retour sur ce projet, cinq ans après.
"Accompagner des résidents atteints de Parkinson, cela nécessite des effectifs supplémentaires"
Architecture des locaux, formation des équipes, projet d'accompagnement et de soin, au sein de l'établissement Les Jardins du Marais à Saint-Agnant (Groupe DomusVi), tout a été conçu pour permettre une prise en charge parfaitement adaptée de des résidents atteints de la maladie de Parkinson. La résidence dispose de 85 chambres individuelles (dont 5 en hébergement temporaire) : 59 en hébergement classique pour les personnes âgées, 14 dans l'unité protégée pour des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer et 12 chambres dans l'unité Parkinson.
Christelle Michelet, la directrice de la résidence et son équipe ont travaillé en étroite collaboration avec des professionnels de santé de la région (neurologues, orthopédistes, kinésithérapeutes...). A leur admission, les résidents bénéficient d'un bilan cognitif avec les rééducateurs : psychomotricien, ergothérapeute, kiné, art-thérapeute, psychométricienne. "80% du personnel, qu'il soit soignant, non-soignant, agent de maintenance, est formé aux spécificités de Parkinson, aux changements de comportements et au décryptage des symptômes", se félicite la directrice de l'établissement. En cinq ans, l'établissement a pu acquérir une solide expertise. "Cette maladie est très complexe avec des manifestations motrices et non-motrices. Les résidents qui en sont atteints ont conscience de leur dégradation, ce qui génère de la dépression chez eux".
"En raison de leur lenteur omniprésente et des périodes on/off, il est très important de s'adapter en permanence au rythme des résidents. Outre la balnéothérapie, ils bénéficient de certains ateliers tels que la danse thérapie, l'initiation du geste pour reprendre du plaisir dans le mouvement plus libéré. La fonction groupale permet également un gros travail sur l'estime de soi", explique Zoé, psychomotricienne aux Jardins du Marais.
Cinq ans après, quel avenir pour ce projet ?
"Le nerf de la guerre, c'est l'argent ! En plus de ce projet unique, l'établissement mène des projets spécifiques Alzheimer, explique Christelle Michelet. Nous avons donc besoin d'effectifs supplémentaires. Durant ces cinq années, le financement de l'unité Parkinson s'est fait grâce à des crédits non reconductibles, des excédents de notre budget. Sans subventions supplémentaires, ce n'est pas tenable. On espère que l'Agence régionale de santé va nous soutenir pour faire perdurer ce projet, car au 1er janvier 2018, nous n'aurons plus de financements. L'accompagnement de résidents atteints de Parkinson nécessite des effectifs supplémentaires, ce qui est compliqué à mettre en oeuvre. En effet, à un stade avancé de la maladie, les résidents ont besoin d'un accompagnement soutenu pour une vraie rééducation, pour maintenir les capacités encore existantes ou ralentir l'évolution de la maladie : psychomotricienne, deux fois par semaine ; orthophoniste, deux fois par semaine ; art-thérapeute, une fois par semaine", ajoute-t-elle. "Il manque l'aspect financier dans le plan maladies neurodégénératives, si on reste avec sur un financement basé au GMPS, c'est trop limité. Par ailleurs, c'est très difficile de fidéliser les rééducateurs si on n'est pas en capacité de leur assurer que le projet sera reconduit année après année". Mobilisée depuis des années pour faire vivre ce projet, la directrice reste encore et toujours optimiste pour le faire perdurer. "Notre bilan est positif, le rapport d'activité remis aux autorités de tutelles permettra de convaincre de l'efficacité et l'utilité de cette prise en charge spécifique", espère-t-elle.