Un an après la signature de leur convention, l'Atigip et la Fondation Partage et Vie dressent un bilan positif du déploiement du travail d'intérêt général dans les établissements médico-sociaux. 25 Ehpad sont désormais engagés dans cette démarche de réinsertion.

TIG en Ehpad : un premier bilan encourageant
En septembre 2024, la Fondation Partage et Vie franchissait un cap en signant une convention pluriannuelle avec l'Agence du travail d'intérêt général et de l'insertion professionnelle des personnes placées sous main de justice (Atigip). Comme nous vous le révélions dans notre magazine en mai dernier, l'Ehpad Le Village dans l'Yonne faisait déjà figure de pionnier avec plus de 350 personnes accueillies depuis 2018. Un an plus tard, le dispositif prend de l'ampleur avec des résultats prometteurs.
Une dynamique de déploiement territorial
Depuis la mise en oeuvre de la convention, 25 établissements de la Fondation Partage et Vie ont rejoint la démarche, proposant une quarantaine de postes dédiés aux travaux d'intérêt général. Cette montée en puissance témoigne d'une appropriation progressive du dispositif par les directeurs d'établissements et leurs équipes.
« Le projet est ancré maintenant, et c'est un modèle duplicable », confirme Philippe Mussard, directeur de l'Ehpad Le Village. « Nous avons démontré notre capacité à monter un partenariat au-delà de nos métiers classiques, à réfléchir sur un sujet plus large, sociétal : l'insertion de personnes sous main de justice. »
L'un des atouts majeurs de la convention est de faciliter considérablement les démarches administratives. Les 135 établissements du réseau sont désormais habilités comme structures d'accueil, évitant ainsi les procédures fastidieuses qui pouvaient auparavant décourager les initiatives locales.
Des missions variées au service du collectif
Les personnes effectuant leur TIG interviennent sur un large éventail de tâches : entretien des locaux et des espaces verts, manutention, logistique, petits travaux de maintenance, ou encore aide à l'animation. Ces missions apportent un soutien précieux aux équipes en tension et contribuent à l'amélioration du cadre de vie des résidents.
Au-delà de l'aspect pratique, le contact intergénérationnel s'avère bénéfique des deux côtés. Les jeunes majeurs placés sous main de justice développent leur savoir-être, s'intègrent dans des dispositifs de droit commun et peuvent envisager une orientation professionnelle dans le secteur du grand âge avec une connaissance concrète des métiers et de leur utilité sociale.
Des témoignages qui parlent d'eux-mêmes
Sur le terrain, les acteurs soulignent unanimement les bénéfices du dispositif. David Brittmann, directeur de l'Ehpad L'OEillet des Pins en Charente-Maritime, partage son expérience d'un première accueil : « Ehpad et prison sont deux mondes qui ne sont pas supposés se rencontrer. Mais nous pouvons trouver un terrain commun. Dans ce projet, nous sommes partenaires. »
Florence Bernard, directrice de l'Ehpad Gabrielle d'Estrées dans le Val-de-Marne, insiste sur l'importance d'un cadre structurant : « Je m'attache à les considérer comme des stagiaires pour favoriser leur intégration. J'ai les mêmes attentes qu'avec les professionnels du secteur et je leur offre la même attention. » Une approche qui porte ses fruits : elle a délivré une attestation de stage à l'un des tigistes pour faciliter sa réinsertion professionnelle.
Du côté des tuteurs, l'expérience s'avère tout aussi enrichissante. David Papin, agent de maintenance à l'Ehpad Le Bois du Loret en Gironde, témoigne : « J'ai pris l'habitude de le présenter comme un collègue, pas comme quelqu'un venu faire un TIG. L'important, c'est le travail accompli, pas l'intitulé. »
Les personnes effectuant leur TIG expriment également leur satisfaction. S.N., qui a réalisé son TIG à l'EHPAD Le Soultzerland dans le Bas-Rhin, confie : « Tous les matins, je me sentais fière de partir travailler à la résidence. J'ai noué des relations fortes avec certaines personnes. »
Cas encore plus parlant, A.P., après avoir effectué 70 heures de TIG à l'Ehpad L'Archipel en Seine-Maritime, est désormais sollicité régulièrement pour des missions ponctuelles : « J'ai fait mes preuves et ce sont eux qui me font confiance à présent.»
Un enjeu de citoyenneté et de solidarité
Comme le souligne Valérie Pouchat, responsable territoriale du TIG en Gironde : « Ce dispositif incarne les principes de citoyenneté active et de responsabilité partagée. La réinsertion est un enjeu collectif, pas seulement individuel. »
Les résidents eux-mêmes adhèrent pleinement à la démarche. Jeanine, résidente à l'Ehpad Le Village, témoigne de l'esprit d'ouverture qui prévaut : « Tout le monde a droit à une deuxième chance. Et puis, il y a toujours des choses à faire dans une maison de retraite ! Ce type de partenariat est une réussite. »
Perspectives : vers un TIG pédagogique ?
Fort de ce premier bilan encourageant, le partenariat entre l'Atigip et la Fondation Partage et Vie ouvre de nouvelles perspectives. Au-delà de l'exécution d'une peine, la réflexion porte désormais sur un « TIG pédagogique » qui permettrait de former ces jeunes et de leur offrir des compétences transférables dans le secteur médico-social.
Une approche qui répond à un double enjeu : favoriser la réinsertion durable des personnes placées sous main de justice tout en contribuant à attirer de nouveaux profils vers des métiers en tension. Pour les directeurs d'Ehpad et de services à domicile, ce dispositif représente une opportunité de renforcer leurs équipes tout en s'inscrivant dans une démarche citoyenne porteuse de sens.
Pour aller plus loin :
- Lire notre article : Les Ehpad, nouveaux lieux d'accueil pour les TIGistes (mai 2025)
- Plus d'informations sur le dispositif TIG : www.atigip-justice.fr