© Patrick Sordoillet
Dans le n° 150-juin 2023  - Pratiques inspirantes  14832

Quand le privé contre attaque

Refondation, renouveau, le secteur commercial veut tourner la page et dessiner un Ehpad de demain responsable. Quatre initiatives témoignent de sa détermination.

Colisée valide le cap 2030 de réduction de son bilan carbone

Devenu entreprise à mission en mars 2021, Colisée publie son rapport 2022 sur la mise en oeuvre de ses engagements.

Concernant l'environnement, le groupe a réalisé son bilan carbone qui mesure pour l'ensemble de ses activités les émissions de gaz à effet de serre (GES) sur les 3 « scopes » (catégories), qu'elles soient directes, consommation de gaz, de carburant par les véhicules de la société (scope 1) ; indirectes liées à la consommation d'électricité (2) ; autres indirectes liées aux achats de biens et de services, déplacements des collaborateurs et des visiteurs, gestion des déchets générés (3).

Les mesures montrent que par rapport à 2021, l'intensité carbone a diminué de 10 % à 122 tonnes équivalent CO2 par millions d'euros de chiffre d'affaires. Il en est de même pour les émissions moyennes d'un résident/habitant européen passées de 6,7 tonnes équivalent CO2 en 2021 à 6,2 tonnes en 2022.

L'année 2022 a surtout été marquée par « une réelle réussite collective », souligne le rapport : la validation de la trajectoire carbone de Colisée et de ses objectifs pour 2030 selon le cadre méthodologique de la Science Based Targets Initiative (SBTi), organisme international de référence qui permet aux entreprises de définir leurs objectifs de réduction des GES et évalue leurs stratégies de décarbonation. Pleinement alignés avec ceux de l'accord de Paris, ces objectifs consistent à réduire entre 2020 et 2030 les émissions de GES des scopes 1 et 2 de 42 %, en absolu, et du scope 3 de 52 %, par million d'euros de chiffre d'affaires.

Cette validation ouvre « la voie à un travail important sur l'ensemble des activités du réseau, dans un contexte géopolitique et économique contraignant ».

Hébergement temporaire en sortie d'hospitalisation : « une réussite » pour Omeris

« C'est une réussite sur tous les plans : médical, social, sociétal et financier », résume Émilie Arabian, directrice médicale et vie sociale du Réseau Omeris, dont six Ehpad de la métropole lyonnaise ont participé au dispositif d'hébergement temporaire en sortie d'hospitalisation. Actionné par la Caisse nationale d'assurance maladie en cas de surchauffe de l'hôpital, comme cela a été le cas l'été puis l'hiver dernier, et/ou de manière plus durable (un an) par les agences régionales de santé (ARS) via des appels à projet, il permet l'hébergement des personnes âgées stabilisées à leur sortie de l'hôpital pour 30 jours maximum. L'Ehpad est un sas, quand le retour à la maison n'a pu être organisé à temps, quand l'aidant est souffrant... Financé à hauteur de 90 euros par jour avec un reste à charge de 20 euros (équivalents au forfait hospitalier), ce dispositif d'aval présente « des résultats modestes mais concluants » a estimé fin 2022 l'Inspection générale des affaires sociales. Il écourte les hospitalisations et évite les réhospitalisations.

« Il est encore peu connu, confirme Émilie Arabian, mais notre réseau s'est montré enthousiaste pour relever ce défi. Cet hiver nos six Ehpad ont accueilli plus de 80 personnes qui ont pu envisager plus sereinement leur retour à domicile. Et nos équipes ont su s'adapter à la réactivité demandée par le dispositif. »

Omeris a renforcé ses liens, entre autres avec les Hospices civils de Lyon et le Médipôle Lyon-Villeurbanne, démontrant l'intérêt du partenariat public-privé pour favoriser la continuité des soins de la personne âgée. Retenus dans le cadre d'un appel à projets 2022 de l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes, trois des six Ehpad ont mis en place le dispositif à l'année.

Des ARS déplafonnent le montant jour, celle du Grand-Est supprime même le reste à charge.

Orpea met en place un nouveau dispositif de médiation

Pour favoriser les meilleures conditions de dialogue et de relations entre les résidents, les patients, les familles et les équipes qui les aident au quotidien, le groupe Orpea a mis en place un nouveau dispositif de médiation en collaboration avec l'association spécialisée Médiation Part'Âge composée de médiateurs formés, accompagnant l'intergénérationnel et la vulnérabilité.

Ce dispositif sera animé au niveau du groupe par un référent médiation, l'avocat Claude Évin, ancien ministre sous les gouvernements Rocard, lui-même médiateur référencé par le Centre national de médiation des avocats. Sa mission sera de garantir l'effectivité du processus et le respect des principes de la médiation, son indépendance et son impartialité.

Médiation Part'Âge peut être directement sollicitée par les résidents, leurs familles, la direction de l'Ehpad ou un professionnel y travaillant, en cas de tensions ou difficultés de communication entre la personne âgée, sa famille et l'institution ; de différend relatif aux conditions de séjour ou aux droits et libertés des personnes accueillies.

Mais le choix du médiateur doit rester libre, il est donc également possible de proposer un médiateur extérieur.

Entièrement prise en charge, la médiation « s'inscrit dans la volonté du groupe de poursuivre un dialogue ouvert et transparent avec l'ensemble de ses parties prenantes, depuis la préparation d'une prise en soins jusqu'au terme d'un séjour et tout au long d'un hébergement ». Le dispositif fera l'objet d'un bilan annuel. Les familles ont été informées par mail et une affiche est apposée dans chaque Ehpad.

Emera teste la personnalisation des thérapies non médicamenteuses

Les thérapies non médicamenteuses sont multiples : stimulation cognitive, stimulation multisensorielle, méthode Montessori, médiation, réminiscence, réorientation... Ce qui fait l'originalité de l'expérimentation lancée par le groupe Emera dans ses Ehpad Pré du Lac à Chateauneuf-Grasse (06) et Eléonore à Aix-en-Provence (13) est la recherche d'une personnalisation la plus fine possible. Elle s'appuiera sur la méthode dite TNMp de prise en soins des troubles du comportement développée et éprouvée depuis 10 ans par le Dr Thierry Bautrant, gérontopsychiatre - TNMp pour thérapie non médicamenteuse personnalisée.

Elle repose sur une observation et une analyse fine du trouble du comportement, sur la recherche de la cause (angoisse de séparation, phobie...), pour étayer le choix d'une thérapie ou d'un mix de thérapies. La mise en oeuvre, qui répond à un cahier des charges précis, implique le résident, l'équipe et la famille. Nouvelle directrice médicale du groupe Emera, Géraldine Delalande insiste sur ce qu'implique cette méthode « de montée en compétences des soignantes et de reconnaissance de leur expertise ». Ce sont elles qui sont au plus près des résidents, qui les connaissent le mieux.

La première étape a été la présentation de TNMp dans chacun des deux Ehpad par Géraldine Delalande et Thierry Bautrant en présence de résidents, familles, équipes, prescripteurs médicaux et membres du personnel. Ensuite, jusqu'à la fin du mois de juin, les équipes soignantes de chaque résidence seront sensibilisées et formées à la méthode, un référent sera nommé, des réunions hebdomadaires organisées dans chaque résidence avec un déploiement régional voire national prévu au second semestre 2023.


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