Les métiers du grand âge connaissent une profonde remise en question. Un rapport de l'Ifop, réalisé pour le compte du Synerpa, souligne le décalage grandissant entre le dévouement des équipes sur le terrain et les conditions dans lesquelles elles évoluent.

EHPAD : face à la crise des vocations, le secteur en quête d'un nouveau souffle
Avec le vieillissement de la population, le besoin de professionnels formés augmente, tandis que l'attrait de la profession s'érode. Un choc démographique que le secteur s'emploie dès maintenant à anticiper en faisant de l'amélioration des conditions de travail et de la reconnaissance des équipes une priorité.
Un dévouement mis à l'épreuve par des conditions de travail de plus en plus dégradées
Les témoignages sont formels : le choix de ce métier répond d'abord à une volonté d'aider, de se rendre utile, de vivre des relations riches avec les aînés. Pourtant, ce dévouement se heurte de plus en plus à des obstacles. La dégradation des conditions de travail, le sous-dimensionnement des équipes face à des cas de grande dépendance, le surmenage émotionnel, sont devenus le lot de nombre de professionnels. Cette dégradation accroît le stress, le turnover, le découragement, tandis que le décalage se creuse entre l'engagement des équipes et la réalité de leur activité quotidienne.
Les équipes mettent en garde contre ce délitement, d'autant que le choc démographique se profile. Avec le vieillissement de la population, le nombre de résidents nécessitant des soins va s'amplifier, tandis que le vivier de professionnels formés, lui, se réduit. Un déséquilibre inquiétant, que le rapport souligne avec force.
Revalorisation, décentralisation, moyens renforcés : le secteur attend des actes
Au coeur des attentes figurent donc des politiques RH plus ambitieuses, tant sur le plan des conditions de travail que de la reconnaissance. Salaires, primes, perspectives d'évolution, décharge de certaines tâches, création de postes de médecin-coordinateur... toutes ces mesures sont perçues par le personnel de terrain comme des leviers pour assurer des prises en charge de qualité, tout en redonnant du sens au métier.
Les équipes espèrent par ailleurs que leur expérience sera reconnue, et que leur avis sera pris en considération dans l'amélioration de l'accueil des résidents. Cette décentralisation des initiatives renforcerait leur autonomie, leur capacité d'adaptation et leur implication.
Au-delà de l'enjeu purement professionnel, la crise des vocations souligne une expérience sociétale plus profonde : face au vieillissement de la population, le grand âge nécessite des moyens renforcés, des équipes formées, respectées, et suffisantes en nombre. La transformation de ce métier indispensable passera par des actes concrets, afin que le dévouement des équipes soit soutenu par des conditions de travail, de formation et de reconnaissance à la hauteur de leur mission.