Dans le n° 90-mars 2018  - Thérapies non médicamenteuses  9795

La médiation animale, pour favoriser la rencontre

L'association Coeur d'Artichien intervient régulièrement à l'EHPAD Saint-Joseph situé à Fay de Bretagne (Loire-Atlantique - 44). L'occasion pour des résidents en grande perte d'autonomie et qui ne participent plus aux activités de l'établissement de vivre un instant de réconfort. Explications.

La médiation animale n'est pas une technique véritablement nouvelle. Pourtant et même si ses résultats sont difficiles à évaluer, elle complète des thérapies plus classiques, notamment au service de personnes très fragiles. C'est en effet la seule médiation impliquant un être vivant auquel il est possible de s'attacher, phénomène permettant de démultiplier les effets.

L'animal, un médiateur

L'animal permet de créer un lien entre un bénéficiaire, souvent dans une situation de très grande fragilité, et un professionnel. L'animal devient le tiers apaisant, l'intermédiaire prétexte pour favoriser l'échange ou la simple mise en relation. Sa présence facilite la rencontre et permet de travailler des problématiques individuelles (cognitives, motrices, sociales, psychologiques...). Comme l'explique Claire Le Brizaut, Responsable de l'EHPAD Saint Joseph, « la médiation animale, en permettant de passer un bon moment, de valoriser le résident, participe sans doute à ralentir l'évolution de la maladie d'Alzheimer - et à prévenir ou limiter certains troubles du comportement. »

Un animal sélectionné et éduqué

C'est un élément clef de la réussite. « Tous les animaux n'ont pas les qualités requises » , précise Orlane Moratinos, psychologue et intervenante en médiation animale. « Dans les EHPAD, l'animal est confronté à un public singulier, qui peut crier de manière impromptue. L'animal ne doit pas non plus être incommodé par des gestes inappropriés ou des odeurs désagréables. Il ne faut pas qu'il se fatigue trop rapidement, qu'il puisse travailler à côté d'un déambulateur ou d'un fauteuil roulant. Les capacités initiales sont donc essentielles mais une éducation spécifique est nécessaire, différente de celle proposée pour les handichiens. En médiation animale, le chien doit pouvoir exprimer son désaccord. Cela permet de travailler l'affirmation de soi avec les personnes âgées, mais aus si la question de l'envie et de la non-envie. »

Les bénéfices de la médiation animale

La médiation peut s'exercer en groupe pour favoriser le lien social, la collaboration et la coopération entre pairs, mais aussi en individuel pour des personnes en retrait de toute vie collective. Dans la maladie d'Alzheimer, la mémoire la moins touchée est la mémoire émotionnelle. Il est ainsi possible en médiation animale d'utiliser cette mémoire pour raviver des souvenirs rattachés à une expérience vécue avec un animal mais aussi des souvenirs périphériques, non-accessibles sans ce biais. « La présence d'un soignant durant les séances permet d'évaluer les effets de la présence animale sur la personne âgée » , confirme Orlane Moratinos. « L'animal permet aussi de travailler la motricité, sous couvert de caresser le chien par exemple, ou la temporalité en décrivant une journée type du chien. Cette stimulation n'inverse pas la maladie mais peut révéler des capacités parfois masquées par un mal-être, une dépression. Une personne qui refuse de se lever ou de marcher accepte d'aller promener le chien. C'est vraiment étonnant. »

Une formation nécessaire

La pratique ne fonctionne qu'avec des professionnels form és. Car si l'animal est un médiateur, c'est bien l'intervenant en médiation animale par sa formation qui travaille l'ancrage et suggère des interprétations. Le récit de vie ou le travail sur l'estime de soi, permis par l'animal, ne sont possibles que par la mise en mots et le guidage du professionnel. Ce dernier joue aussi un rôle d'intermédiaire avec l'institution et les familles à qui un rapport est systématiqueme nt remis. Pour Claire Le Brizaut, « ces compte rendus changent parfois notre regard sur un résident. Positifs et valorisants, voire surprenants, ils évitent de réduire un résident à sa seule dépendance. »

Pour en savoir plus : www.coeurdartichien.fr

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