Dans le n° 51-décembre 2014  -  Chronique  4349

Inventer une politique de la santé pour une société de la longévité

Une société du care, c'est un monde du lien social, de la réciprocité et de la prévention. C'est le prendre soin de celles et ceux qui prennent soin.

Le système de santé devra faire sa révolution copernicienne en s'appuyant sur deux réalités majeures : la question de la santé repose majoritairement sur une problématique de prévention et de suivi des maladies chroniques, qu'elles soient dues au handicap, à l'âge ou aux effets délétères de la dégradation de l'environnement et de l'action des perturbateurs endocriniens. Par ailleurs, on oublie trop souvent que deux acteurs majeurs du soin ne sont pas des professionnels de la santé, mais des individus sans compétence reconnues à l'origine : le malade et l'aidant bénévole. La compétence ne se limite plus au savoir théorique et au geste technique, mais peut provenir de l'expertise de vie, d'avoir vécu une situation.

La conjonction de la prégnance des maladies chroniques et le rôle central des aidants devra nous obliger à penser le soin à partir du care et en s'appuyant sur l'expérience et l'action des aidants. Les hôpitaux, qui sont d'abord des centres de soins gériatriques, les maisons de retraite, médicalisées ou non, devront être de plus en plus des plates-formes d'accompagnement, de conseil, de suivi, d'éducation thérapeutique et de prévention, d'accueil et de soutien aux aidants... Cette démarche n'aura de sens et d'efficacité que si elle s'appuie très largement sur les personnes elle-même. A la fois dans une dynamique de prévention personnelle et donc de mode de vie, et dans une logique de responsabilisation adaptée à la situation qui sera une manière de redonner de l'estime de soi, mais aussi de gagner en efficacité.

Par ailleurs, les évolutions technologiques dans le secteur de la santé, réduisent, et réduiront de plus en plus, les pratiques invasives. Cette réalité, combinée au développement de la télé-médecine et plus largement de la e-santé, va conduire à restreindre de façon drastique, le besoin d'hospitalisation longue au profit de l'ambulatoire. Dit autrement, l'hospitalisation à domicile moins lourde à vivre pour les malades et l'entourage, conduira à réduire le nombre de lits dans les hôpitaux. D'ici à 10 ans, sans doute que la moitié des lits en hôpital auront disparu... Le Danemark réalise déjà 74% des actes en ambulatoire. Cette nouvelle approche aura pour effet de réduire les couts et de libérer du temps pour les professionnels du soin, en particulier les infirmières. C'est une occasion unique de valoriser l'apport réel des acteurs du soin et de redonner la priorité au care plutôt qu'à de l'administratif.

Un des enjeux consiste à développer les approches globalisées, à favoriser le travail en partenariat entre les acteurs du soin sur les territoires. Peut-être peut-on s'inspirer des initiatives canadiennes centrées sur la prévention et l'approche de la santé en réseau : les Groupes de médecine de famille au Québec et les Family health team en Ontario. Elles cherchent à améliorer le service aux personnes, à réduire les coûts de logistique de santé et à répondre aux nécessités d'une organisation plus mutualisée et plus personnalisée des interventions et des compétences.

Cette donnée loin de nuire à l'emploi et à la qualité des soins doit nous permettre d'inventer le soin du XXIème siècle, et d'en faire un pôle d'excellence dans la globalisation. La réduction des pratiques centrées sur le curatif devrait libérer du temps pour les praticiennes et praticiens du soin au profit d'une présence auprès du malade plus forte, d'un suivi et d'un accompagnement riche en termes de pratique professionnelle, de relation humaine et d'estime de soi.

Serge Guérin (@Guerin_Serge)

Professeur à l'ESG-Management School

Dernier ouvrage : " La solidarité ça existe... Et en plus ça rapporte ! "

11/09/2025  - Enquête

Votre avis compte pour faire évoluer Géroscopie !

A tous les professionnels du grand âge et du secteur gérontologique
09/09/2025  - Accompagnement renforcé

La Fédération française des CRT en ordre de marche

La fédération française des centres de ressources territoriaux (FédéCRT) a été constituée officiellement le 12 juin, à l'occasion des 9e Assises du Bien vieillir à Strasbourg.
05/09/2025  - Santé

Maladies neurodégénératives : une nouvelle stratégie nationale pour 2025-2030

Le Gouvernement présente une nouvelle stratégie nationale pour la période 2025-2030 dédiée aux maladies neurodégénératives.
05/09/2025  - Ehpad

Pharmaciens en colère : vers l'arrêt de la préparation des piluliers gratuite

Les syndicats appellent à « l'arrêt des services réalisés gratuitement en faveur des Ehpad, en attendant d'obtenir une grille tarifaire respectueuse du service officinal rendu ».
04/09/2025  - Décret

Accueil de jour : assouplissements pour les Ehpad de moins de 60 places

Un décret supprime l'obligation de 6 places minimum et de locaux spécifiques pour les petits Ehpad et PUV.
03/09/2025  - PLFSS 2026

La FHF plaide de nouveau pour une loi de programmation pluriannuelle

« Dans un contexte politique national profondément bousculé, la santé doit rester au coeur des priorités politiques » a insisté Arnaud Robinet, son président.
02/09/2025  - Recherche

Baxdrostat : un nouvel espoir pour l'hypertension artérielle

L'administration quotidienne de cet inhibiteur de la synthèse de l'aldostérone a prouvé son efficacité chez des patients avec hypertension non contrôlée ou résistante.
02/09/2025  - CNSA

IA : la feuille de route 2025-2026 de la branche Autonomie

Cette feuille de route veut faire de l'IA un nouvel outil pour améliorer le quotidien des professionnels et la qualité du service rendu aux personnes.
01/09/2025  - RH

Vers la généralisation des plateformes des métiers de l'autonomie

La CNSA a évalué 24 mois de fonctionnement à titre expérimental des plateformes des métiers de l'autonomie dont elle va accompagner la généralisation d'ici 2027.