Dans le n° 123-décembre 2020  - DOSSIER Bien manger  11433

Bien manger pour bien vivre

Bien manger en vieillissant serait-il un doux rêve ? Une utopie ? Certainement pas si l'on en juge par la diversité des initiatives gastronomiques développées par de grands chefs. Pourtant, il faut cesser d'être incrédule. Explications.

Près de 2 millions de Français souffrent aujourd'hui de dénutrition, dont 50 % des personnes âgées à l'hôpital, et 30% des résidents d'Ehpad. Et que dire des patients Covid ? Alors on fait quoi maintenant ?

On s'informe

La dénutrition est une maladie mortelle, qui survient lorsque les apports nutritionnels ne couvrent pas tous les besoins. Pour les personnes âgées, elle entraîne des troubles de la mobilité, des troubles cognitifs, une perte d'autonomie ou des troubles buccodentaires desquels découle souvent un isolement social.

Les conséquences de la dénutrition sont concrètes car elle majore le risque de complications médicales et chirurgicales, multiplie par trois les infections nosocomiales, augmente les durées de cicatrisation de plaies, ralentit la récupération fonctionnelle. Enfin, on constate une augmentation de la durée de séjour à l'hôpital, des réadmissions non programmées et surtout une mortalité plus importance. Dans nos pays « d'abondance alimentaire », la dénutrition n'est ni une sous-nutrition, ni une malnutrition. C'est une maladie, silencieuse, qui affaiblit l'immunité et aggrave les maladies chroniques déjà existantes.

On dépiste

C'est la clef. Comme l'indique le Pr Éric Fontaine, président du Collectif de lutte contre la dénutrition, « La dénutrition c'est comme le cancer. Dépistée tôt, elle se traite. Après, c'est souvent trop tard ».

Responsable de chutes et d'affaiblissement, la fonte musculaire représente un risque majeur, bien qu'elle soit difficilement mesurable en pratique clinique. La perte de poids reste donc l'indicateur le plus sensible, y compris pour les personnes obèses qui, dénutries, présentent à la fois un excès de masse grasse et un déficit de masse musculaire. Attention, l'indice de masse corporelle (IMC) ne contribue au diagnostic de dénutrition chez la personne âgée que lorsqu'il est < à 21. La perte de 5% de la masse corporelle en moins d'un mois et la détérioration de l'hygiène bucco-dentaire d'une personne sont des signes médicaux d'alerte, auxquels on peut ajouter la perte d'appétit ou d'envie de faire la cuisine, les difficultés à mâcher ou avaler, des vêtements qui flottent, un réfrigérateur vide ou des restes qui s'accumulent...

On agit

« Il y a urgence à informer et mobiliser, le grand public comme les professionnels », ajoute le Pr Fontaine. « Les familles perçoivent la fatigue et la perte de poids de leur proche mais n'ont pas conscience que la dénutrition est une maladie autonome, indépendante de toute maladie chronique. Elle ne va pas se résoudre spontanément. Il faut la traiter. Et on en a les moyens aujourd'hui. »

Il semble qu'il faille aussi changer de discours sur l'alimentation des plus âgés et « apprendre à s'alimenter même quand on n'a pas faim pour ne pas perdre de forces », ajoute le Pr Fontaine.

On milite

Depuis 2016, une centaine de professionnels, réunis en Collectif, sensibilise grand public et autorités de santé aux dangers de la dénutrition. Pour la première fois en octobre 2019, cette question a été intégrée au Programme national nutrition santé (PNNS) présenté par Agnès Buzyn. Le Collectif est alors chargé par la Direction générale de la santé d'organiser, animer et coordonner la Semaine nationale de lutte contre la dénutrition, qui s'est déroulée en novembre 2020.

La mobilisation des Ehpad, particulièrement forte alors que la crise sanitaire continue de paralyser les actions en présentiel, montre combien le sujet a pris de l'importance.

Mais le Collectif n'entend pas s'arrêter là et émet 14 propositions pour lutter contre la dénutrition

1- Améliorer l'état bucco-dentaire

2- Éviter les erreurs et combattre les idées reçues

3- Repenser l'offre nutritionnelle pour les malades et les personnes âgées

4- Repenser l'organisation des repas dans les établissements

5- Rediscuter l'utilité des régimes

6- Promouvoir l'activité physique

7- Organiser des dépistages précoces de la dénutrition

8- Comprendre les causes pour mieux anticiper

9- In frigo veritas : informer les aidants familiaux et professionnels à domicile pour les aider à vérifier l'état des denrées alimentaires

10- Prendre en charge la dénutrition en établissement

11- Prendre en charge de la dénutrition en ville

12- Redéfinir les missions des Comités de Liaison Alimentation Nutrition (CLAN)

13- Former l'ensemble des professionnels à la prévention, au dépistage et à la prise en charge de la dénutrition

14- Intégrer la lutte contre la dénutrition dans la composante des politiques nationales et locales de santé

Pour en savoir plus : luttecontreladenutrition.fr


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