Une étude de l'Irdes analyse le rôle propre de l'entrée en Ehpad sur les prescriptions potentiellement inappropriées de benzodiazépines.

Benzodiazépines : hausse des prescriptions potentiellement inappropriées à l'entrée en Ehpad
Les benzodiazépines sont les médicaments anxiolytiques et hypnotiques les plus consommés en France. Leur utilisation prolongée est associée à une diminution de leurs effets, à un risque de dépendance et à une augmentation des effets indésirables, tels que les troubles de la mémoire et les chutes. Les prescriptions potentiellement inappropriées (ou PIP) de benzodiazépines sont très fréquentes chez les plus de 65 ans, notamment parmi les résidents d'Ehpad. Si ce phénomène peut s'expliquer par de nombreux facteurs indépendants de l'établissement (état de santé dégradé des résidents, pratiques de prescription du médecin traitant), une étude de l'Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes) propose d'analyser le rôle propre de l'entrée en Ehpad sur ces prescriptions inappropriées. Elle est publiée dans le numéro 300 des Questions d'économie de la santé.
Les résultats montrent que la probabilité de recevoir des prescriptions potentiellement inappropriées de benzodiazépines augmente de 10 points après l'entrée en Ehpad. Un tableau présente des statistiques descriptives allant des trimestres T- 8 à T- 3 aux trimestres T+3 à T+8.
Ces prescriptions sont souvent initiées durant les deux premiers trimestres suivant l'entrée pour les résidents n'ayant jamais consommé de benzodiazépines auparavant, et sont rarement interrompues par la suite. De même, il y a peu de déprescription pour les personnes qui sont entrées en établissement avec une prescription potentiellement inappropriée. Par ailleurs, les établissements qui disposent d'une proportion plus élevée d'infirmières ou sont rattachés à un hôpital public présentent une hausse des prescriptions moins importante au moment de l'entrée en Ehpad.
Quelles pistes d'amélioration ?
Dans un 3 questions à, les auteurs, tous économistes de la santé, répondent : mise en place d'une évaluation et réévaluation systématique des traitements médicamenteux dans les deux premiers trimestres après l'admission ; renforcement de l'expertise médicale et développement d'alternatives non médicamenteuses pour réduire les troubles anxieux et du sommeil.
Mais sur ce dernier point, ils le soulignent : « ces alternatives non médicamenteuses, qui nécessitent la mobilisation de personnels, sont plus coûteuses pour les Ehpad que la prescription de benzodiazépines. Ils concluent et résument : « Notre étude renvoie donc à la question plus large du financement de la bonne prise en charge des personnes âgées dépendantes alors que la croissance des besoins de financement va s'accélérer à partir de 2030 ».