Dans le n° 133-novembre 2021  -  Malakoff Humanis  12326

« L'efficience de l'usage des fonds que nous dédions aux actions est fondamentale »

Catherine Roux est responsable de La Ressourcerie à Bordeaux et directrice de l'Action sociale retraite, responsable du territoire Sud-Ouest chez Malakoff Humanis. 

Quel est votre parcours ? 

Assistante de direction trilingue, j'ai débuté ma carrière dans un Ehpad. J'ai tout de suite eu un coup de foudre professionnel pour le champ de la gérontologie. En parallèle de mon métier, je me suis alors engagée dans une formation complémentaire, un DU en gérontologie sociale, qui a confirmé mon désir de contribuer à faire évoluer ce secteur. Après plusieurs CDD dans un service d'aide à domicile, nous avons créé avec une psychologue de l'Ehpad ? notre propre association. Je voulais agir concrètement et accompagner les familles dans la mise en place de dispositifs adaptés à leurs choix de vie et ceux de leurs proches aidés. Malgré l'intérêt incontestable de l'offre, nous peinions à en vivre. La rencontre avec les caisses de retraite a été déterminante. Après un CDD, j'ai gravi les échelons au sein de Malakoff Humanis où je manage aujourd'hui l'équipe Action sociale territoriale Sud-Ouest (Aquitaine/Occitanie).

Qu'est-ce qui vous motive ?

Continuer d'oser, et développer chez mes collaborateurs l'envie d'entreprendre, de sortir des sentiers battus. Nous devons développer de nouveaux modèles. Les retraités comme les institutions ont changé ces dernières années. Et c'est encore plus vrai depuis la Covid. Nous devons nous renouveler pour accompagner nos publics tout au long de leur vie, proposer des services, des modes de communication différents, identifier de nouveaux acteurs, participer à réinventer l'entrepreneuriat social. Nous n'avons pas de tabou, il n'y a pas de bons ou de mauvais acteurs, notamment dans la silver économie, mais des services à rendre aux usagers et ces acteurs doivent nous aider à innover et les diffuser. Il faut surtout sortir de la logique de silos et définir les objectifs à atteindre, afin de réaliser les bons choix. La notion d'impact social est essentielle pour nous. L'efficience de l'usage des fonds que nous dédions aux actions est fondamentale. C'est aujourd'hui notre moteur. Nous avons beaucoup travaillé pour définir des critères d'impact. C'est un élément très important de co-construction avec nos partenaires.

Le fait d'être une femme a t-il influencé votre carrière ?

Lorsque j'ai débuté, les postes de direction étaient surtout occupés par des hommes. Je note aujourd'hui davantage de parité. Mais cela ne m'a jamais gênée de travailler ainsi avec des hommes car j'ai toujours été en contact direct avec mes managers qui m'ont jugée sur ma capacité à argumenter, défendre mes idées, convaincre et donner du sens à mes actions vis-à-vis de mes équipes ou de la direction. Je ressens le fait de vieillir davantage comme une richesse qu'un handicap. L'expérience donne de la sérénité pour faire des choix, émettre des propositions. Je note toutefois que les jeunes femmes d'aujourd'hui, nombreuses dans notre équipe, sont différentes, plus sûres d'elles et de leurs compétences. 

Nous espérons que notre nouvelle manière d'appréhender les sujets (plus de partenariat, la silver économie, la co-construction) attirera davantage d'hommes.

Y a-t-il une femme qui vous inspire particulièrement ?

Sans hésiter Simone Veil. Je suis impressionnée par son humilité, son engagement. À son décès, au-delà de la figure politique, j'ai découvert qu'elle agissait aussi dans l'ombre, loin des projecteurs parfois face à l'adversité avec beaucoup de résilience et de conviction. C'est pour moi une femme puissante, forte, qui dégage et inspire beaucoup de respect. Elle dit, elle fait.

Quelle est l'urgence dans le secteur du grand âge ?

L'accompagnement des aidants qui peinent à accéder aux dispositifs de soutien par manque d'information, pourtant existants, découragés parfois face à la complexité des acteurs. Les services ne sont pas connus, donc pas consommés. C'est d'ailleurs dans cet esprit que nous avons créé La Ressourcerie à Bordeaux. Trop souvent dans mon parcours j'ai vu les familles arriver à l'Ehpad en situation d'urgence, de non-choix (en sortie d'hospitalisation par exemple), de manque d'information. Dans ces circonstances, l'entrée en Ehpad est une catastrophe pour certains et pour leur entourage. C'était insupportable pour moi. C'est pourquoi, pour améliorer la dernière partie de vie de nos retraités, et plus largement les parcours des aidants qui accompagnent un proche confronté à la maladie, la perte d'autonomie, le handicap, qu'il soit un parent, un enfant, un conjoint, une fratrie, j'ai proposé de créer un tiers-lieu, entièrement co-construit avec ses futurs usagers, qui accueille tout le monde, sans distinction d'âge, de statut ou d'appartenance. La Ressourcerie intègre une large offre de bien-être, d'accès à la culture, aux loisirs, au répit (même si ce terme n'est jamais utilisé? car trop professionnel). Vous n'entrez pas dans une institution, une caisse de retraite ou un service social, mais bien dans un lieu de vie, pour une offre spécifique constamment renouvelée. Deux animatrices sont présentes. Grâce à la relation de confiance qui s'établit dans ce lieu très zen, nous détectons les aidants, qui bien souvent s'ignorent ou rejettent l'aide traditionnelle. Nous pouvons alors leur proposer, quand la situation s'y prête, un accompagnement psychosocial, à 360°. Associer des non-aidants permet de soulager les aidants, de leur redonner leur singularité d'individu, de créer des liens sociaux. L'abonnement annuel est de 29 euros, une manière d'adhérer aux valeurs de La Ressourcerie. Les activités sont parfois soumises à contribution pour éviter les désistements. La participation financière est reconnue par les adhérents comme un élément d'engagement. Le fait de payer les autorise à donner leur avis.

Pensez-vous essaimer ce lieu ?

Nous y travaillons. D'un projet expérimental co-porté avec un studio d'innovation pendant deux ans, le projet s'est incarné au mois de juin en une association : Malakoff Humanis La Ressourcerie. Nous achevons le chantier de pérennisation et nous réfléchissons au déploiement. Nous allons certainement tester 2 ou 3 modèles sur 2022 car nous n'avons pas encore décidé de la forme. Mais nous sommes très sollicités par des acteurs territoriaux qui aimeraient se doter d'un tel dispositif.

Travaillez-vous sur d'autres projets ?

Nous finalisons la partie expérimentale d'un projet destiné à des jeunes retraités, « Bien vivre ma retraite ». Nous construisons un parcours de sensibilisation et d'accompagnement pour faciliter ce passage délicat qu'est celui de l'arrivée à la retraite. Le but est de le déployer nationalement.

Nous sommes aussi très intéressés dans le Sud-Ouest par les questions autour de l'alimentation, et notamment des difficultés liées à la déglutition. Quelles techniques proposer aux aidants pour que leur proche puisse manger avec plaisir, autre chose que des textures mixées ? Nous avons ainsi conçu avec I2ml un livret de recettes diffusé auprès d'aidants confrontés à ce type de prise en charge. Mais nous soutenons beaucoup d'autres projets, de nouvelles solutions d'habitat (colocations de seniors par exemple), l'accès au numérique, la lutte contre l'isolement aux communautés d'aidants dont « Les fabuleuses au foyer », encore des femmes, qui se mobilisent pour parler chaque jour à leurs abonnées. Avec le service innovation de Malakoff Humanis, elles ont créé une sous-communauté de fabuleuses aidantes et viennent de publier deux ebooks.


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