La toute première Agora du Grand âge vient de s'achever à Albi. On en retient des directeurs exsangues, mais heureux d'être réunis pour partager inspiration et réflexion.

Deux fédérations unies par une vision commune
Si les deux fédérations invitantes, l'Ad-Pa et la Fnaqpa, se connaissent depuis longtemps, elles n'avaient pas encore tenté l'aventure d'une Agora commune. Le RDV organisé à Albi du 18 au 20 juin, est un succès par la qualité des échanges et la confiance des participants.
« Nous partageons une vision commune depuis 25 ans », indiquent d'une seule voix Sarah Imaaingfen, présidente de la Fnaqpa, et Pierre Roux, président de l'Ad-Pa. « C'est parce que nos deux fédérations sont complémentaires que nous nous sommes lancées dans cette aventure. » L'une des associations représente des organismes gestionnaires, personnes morales, et l'autre des directeurs. « Nous menons beaucoup d'actions communes depuis longtemps (Congrès Age3 notamment dont Géroscopie est un partenaire privilégié, communiqués co-signés, auto-interpellations régulières) et nous partageons les mêmes valeurs, les mêmes combats, et la même façon d'envisager la coopération. » « Il se trouve que lorsqu'on échange, ajoute Pierre Roux, on se trouve souvent à la fin avec une idée plus haute que celle qu'on avait chacun individuellement. C'est rare d'avoir des collègues avec qui on peut obtenir ce résultat, dans le respect et l'écoute. On s'est dit qu'on allait réunir nos forces et parler d'une même voix ».
Un même but : accompagner les plus âgés
« Mais il ne faut pas confondre l'objectif et les moyens, précise Pierre Roux. L'objectif, c'est à la fin d'oeuvrer pour que tous nos concitoyens âgés, handicapés et malades puissent rester citoyens jusqu'au bout de la vie, qu'ils gardent le goût de vivre et d'être parmi les leurs, inclus dans la société, actifs et reconnus utiles. Le moyen, c'est de permettre aux associations de se prononcer sur un certain nombre de sujets et d'une voix cohérente. Pour cela, les fédérations doivent apprendre à travailler ensemble. »
« On constate hélas une déconnection abyssale entre les décideurs et les gens du terrain, ajoute Pierre Roux. Cela aboutit à un discours qui est coupé des attentes du secteur. La ministre nous dit des choses intéressantes mais si on n'agit pas aujourd'hui, les réponses coûteront deux fois plus cher demain. »
Une agora pour se retrouver
« Nos adhérents ont besoin de s'aérer, de se voir, de se rencontrer, d'échanger et de réfléchir autrement, d'être inspirés », indique Didier Sapy, Directeur général de la Fnaqpa. « Lorsque nous avons travaillé ensemble sur ce projet, nous avons voulu leur offrir un temps de respiration, de réflexion, d'échange, leur permettre d'être ensemble et de faire partie d'une communauté. Les directeurs sont très isolés sur le terrain. Il ont besoin de sentir cette appartenance à un mouvement. L'Agora entre dans cet objectif de créer du mouvement et leur offrir ce temps d'inspiration et de réflexion. De ce point de vue-là, l'objectif est atteint. » « De même, la présence de l'association Citoyennâge qui a permis aux adhérents de sentir l'unité, ajoute Pierre Roux. « On a réussi à relever le défi de l'unité dans la diversité.»
« J'ai toutefois un regret, ajoute Didier Sapy, l'absence des politiques. Il faut qu'ils sortent de leur tour d'ivoire, qu'ils viennent sur le terrain nous écouter. Les politiques quand ils viennent ne restent pas, ce qui est une grave erreur de leur part, ou ils disent qu'ils viennent et changent d'avis à la dernière minute. Pour preuve, le directeur du Conseil départemental du Tarn qui s'est « déballonné ». Les départements sont défaillants, il le sait. Ils nous font croire qu'ils sont les victimes de l'Etat. Or ce sont les personnes âgées et nos adhérents les vraies victimes. Il s'était engagé à venir participer à un débat mais a envoyé sa vice-présidente à la dernière minute. Du coup, on n'était pas dans un débat de politique nationale. On voit bien dès lors que sur cette Agora la dimension du débat politique est incomplète car les responsables ne viennent pas assumer leur inaction devant les parties prenantes, les personnes âgées, les associations, les présidents et les directeurs. C'est regrettable car ils gagneraient beaucoup à venir se nourrir, respirer et s'inspirer. »
« L'attitude des pouvoirs publics, qui sont sur la défensive, ne se déplacent pas... est en effet problématique, ajoute Pierre Roux. Ils se comportent comme si au prétexte qu'ils feraient tout ce qu'ils peuvent, ils feraient tout ce qu'il faut. C'est précisément faux et ça laisse à penser que le problème, s'il y en a un, est de notre fait. Il est temps maintenant, et c'est l'esprit de l'agora, d'arrêter de faire écran entre les pouvoirs publics et les usagers. Nous appelons à la responsabilisation. »