Dans le n° 128-mai 2021  - L'intervention auprès des plus fragiles  11823

« Il faut arrêter d'avoir peur »

Interrogé sur les actions de dépistage et d'équipement à destination des plus âgés, Matthieu Gerber, président de la société Les Opticiens Mobiles, n'y va pas par quatre chemins. « Il faut créer un lien de confiance et favoriser la délégation de tâches entre ophtalmologistes et opticiens ». Interview.

Comment collaborent aujourd'hui les ophtalmologistes et les opticiens ?

En 2020, on comptait 5 900 ophtalmologistes et ce chiffre risque de peu évoluer dans les 20 prochaines années. Pourtant les besoins, qui sont déjà énormes, vont aller croissants. Les ophtalmologistes n'ont ni le temps, ni le matériel pour se déplacer à domicile ou en Ehpad auprès des plus fragiles. Difficile dans ces conditions d'assurer le suivi des personnes en perte d'autonomie. Et c'est d'autant plus catastrophique qu'on connait l'impact de la perte visuelle ou auditive sur les interactions sociales des personnes âgées, les risques de chutes et leurs conséquences, la malnutrition... Autant d'effets qu'il est possible de limiter en intervenant au plus près des besoins. Une étude de l'Inserm révélait d'ailleurs que 40 % des personnes âgées de 78 ans et plus portaient des lunettes inadaptées à leur vue... Ça laisse plus que songeur.

Pourtant en 2019 une loi sur la réfraction autorisait les opticiens à réaliser des bilans...

Oui à titre expérimental, pour trois ans et dans quatre régions. Mais le décret n'a jamais été publié. Depuis, la Covid est passée par là, stoppant toutes initiatives. Dans le fond, je pense que c'est une bonne chose. Pourquoi publier un décret visant à mener une expérimentation en Ehpad alors que la filière en santé visuelle ne s'occupe pas de ces patients-là ? Maintenant il faut agir concrètement, et nous permettre de réaliser des bilans visuels complets, interprétés et validés par les médecins ophtalmologistes. Nos missions sont complémentaires et cette délégation de tâches nous permettrait de prendre en charge des patients délaissés pour éviter le non-recours aux soins. Avec Les Opticiens Mobiles, nous intervenons depuis maintenant 6 ans, dans les Ehpad et à domicile, à la demande des médecins coordonnateurs, des soignants, des familles ou des personnes elles-mêmes. 70 % de nos clients sont des personnes fragiles, preuve s'il en faut que la demande existe.

On a le sentiment que ça commence à bouger du côté des autorités de santé ?

Oui. Un rapport de l'Igas publié fin 2020, et plus récemment, le 18 février dernier un rapport de la Haute Autorité de santé sur les télésoins en optique, indiquait que des solutions techniques permettent aujourd'hui de réaliser des actes de réfraction à distance « avec la présence d'un professionnel de santé sur place (auxiliaire médical, assistant médical, etc.) et d'un opticien à distance. Ces solutions pourraient être déployées en Ehpad, en MSP, etc. pour répondre aux besoins croissants de la filière et améliorer l'accès aux soins. »

Le 100% santé représente-t-il une avancée ?

Ce dispositif a permis d'uniformiser les devis et de clarifier l'offre. Cela en facilite la compréhension par les usagers, qui peuvent désormais comparer les propositions. Le 100 % Santé permet de réduire le reste à charge sur l'équipement. Il figure aussi en première position sur le devis normalisé, ce qui ne le place pas pour autant en produit « bas de gamme », bien au contraire. 34 montures et des verres de qualité ont été sélectionnés pour cette offre. Après, si les usagers veulent des options plus techniques ou des montures de marque, cela relève d'un choix individuel. Ce panier de soins est surtout un moyen de lutter contre le non-recours, en favorisant l'accès à des équipements sans reste à charge. Les évolutions à venir doivent maintenant faciliter l'accès aux professionnels de santé sur les lieux de vie en intégrant le service et le déplacement dans l'offre 100 % Santé.

09/06/2025  - Loi Rist 2

Expérimentation de l'accès direct aux kinésithérapeutes en CPTS dans 20 départements

Les kinésithérapeutes exerçant dans une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) peuvent à titre expérimental prendre en charge des patients sans prescription médicale.
30/05/2025  - Ehpad

PUI : vers une expérimentation de pharmaciens sans DES

Les pharmaciens hospitaliers sont vent debout contre une mesure du pacte de lutte contre les déserts médicaux du gouvernement.
22/05/2025  - Recherche

Alzheimer : Sanofi mise sur un nouveau médicament expérimental

Sanofi va acquérir Vigil Neuroscience, Inc. et ajouter un nouveau médicament expérimental pour le traitement de la maladie d'Alzheimer à son portefeuille en neurologie.
20/05/2025  - SantExpo 2025

"La santé est là pour faire société"

Lors de son discours inaugural de l'édition 2025 de SantExpo, Arnaud Robinet, président de la Fédération hospitalière de France (FHF), a rappelé l'urgence à adopter une loi de programmation pour soigner mieux sans dépenser plus.
07/05/2025  - Assurance Maladie

500 000 diabétiques ou insuffisants cardiaques seront contactés par téléphone

L'Assurance Maladie cible les assurés ayant eu moins de 2 remboursements de consultation avec leur généraliste dans l'année.
05/05/2025  - Accès aux soins

La primo-prescription des IPA entre dans le concret

Un arrêté fixe les listes détaillées des produits et prestations de santé que les infirmiers en pratique avancée peuvent désormais prescrire.
28/04/2025  - Soins

Déserts médicaux : le plan Bayrou ne convainc pas les médecins

Plutôt que réguler l'installation des médecins, Matignon veut leur imposer deux jours par mois de consultations avancées dans les territoires les plus critiques.
21/04/2025  - Déserts médicaux

Les médecins vent debout contre la PPL Garot, des propositions de François Bayrou attendues

Les vacances parlementaires ont interrompu l'examen de la proposition de loi transpartisane contre les déserts médicaux. Les médecins se mobilisent et Matignon promet des propositions le 25 avril.
08/04/2025  - Fraudes

L'assurance-maladie déconventionne sept centres Ophtalmologie Express

Facturations d'actes non réalisés, actes réalisés sans la présence d'ophtalmologue ou d'orthoptiste, ou encore des facturations systématiques d'actes médicaux sans lien avec l'état médical du patient ont été repérés.