Dans le n° 121-octobre 2020  -  Salaire des Directeurs d'Ehpad  11304

Salaire des directeurs : le casse-tête

Ils relèvent du secteur public - de la fonction publique hospitalière ou de la fonction publique territoriale - ou du secteur privé, lucratif ou non lucratif. Dans chaque cas, les modes de calcul s'avèrent complexes rendant difficile un état des lieux exhaustif.

Quel est le salaire d'un Directeur d'Ehpad ? Le privé commercial est-il plus attractif de ce point de vue que l'associatif ou la fonction publique ? Nul ne le sait. Comme l'explique Eric Fregona, Directeur adjoint de l'Association des Directeurs au service des personnes âgées (AD-PA), « il est quasiment impossible de dire quel est le secteur qui paye le mieux. Il existe trois statuts et autant de conventions collectives : celle des privés commerciaux, la CCN 51 ou la CCN 66 pour l'associatif, sans parler des grilles de la fonction publique... Nous estimons que le salaire médian est aujourd'hui de 4.000 euros brut pour un établissement de 80 lits, mais cette moyenne ne prend en compte ni la taille de l'établissement, ni les disparités entre secteurs, ni l'ancienneté. Et un Directeur d'établissement en début de carrière perçoit un salaire faible au regard de la charge de travail et des responsabilités qui sont les siennes ».

« La rémunération des Directeurs d'Ehpad ? Mais laquelle ? », interroge pour sa part avec humour, Jean-Christian Sovrano, Directeur de l'autonomie et de la coordination des parcours de la vie à la FEHAP. De fait, au-delà des différences entre privé et public, des modulations fortes existent au coeur des deux secteurs. Ainsi dans la fonction publique territoriale (FPT), un directeur d'Ehpad sera le plus souvent attaché territorial. « Mais tout dépend de la taille de l'Ehpad. Selon le nombre de lits, les demandes de qualification et les grades ne sont pas les mêmes. Des rédacteurs peuvent par exemple être nommés à la tête de petites unités de vie », complète Frédéric Bodo, Responsable du pôle politiques sociales de l'Union nationale des centres communaux et intercommunaux (Unccas). La FPT cumule en outre à ces yeux deux handicaps ; une grille de rémunération plus basse que dans la FPH et dans le secteur privé et l'obligation de passer un concours. « Comme il s'agit de métiers en tension, les candidats auront tendance à choisir le poste offrant la rémunération la plus élevée... et le CDI. Ce ne sont pas non plus des métiers pour lesquelles l'attachement à la fonction publique est fort », complète-t-il. Un Directeur d'Ehpad relevant de la FPT perçoit en moyenne 3.000 euros brut. « Compte tenu de leur responsabilité, ce niveau de salaire est assez bas, poursuit Frédéric Bodo. Rappelons par ailleurs qu'un attaché territorial débute sa carrière à 1.500 euros net. Sans régime indemnitaire, c'est peu ».

Si le secteur privé non lucratif échappe aux grilles indiciaires, le mode de calcul s'avère tout aussi compliqué. « Dans la CCN 51, la rémunération est le résultat de la négociation entre le gestionnaire et le Directeur qui va être recruté selon un coefficient de référence qui peut varier du simple au double, en fonction d'une règle de calcul très complexe. Ce coefficient varie de 635 à 1330, ce qui conduit à une rémunération brute de 2.823 à 5.914 euros », explique Jean-Christian Sovrano. A ce coefficient de base, s'ajoutent l'ancienneté dans la fonction, le complément technicité, les points supplémentaires pour sujétions spéciales - une direction multi-sites par exemple - ou encore la prime décentralisée de 5% basée sur le présentéisme et modulable en fonction de l'atteinte d'objectifs préalablement fixés, comme la gestion d'une extension capacitaire. « En plus de ces différents étages, la rémunération est par ailleurs contrainte par le tarif hébergement de l'établissement. La négociation est donc finalement assez limitée », poursuit Jean-Christian Sovrano qui déplore un niveau de salaire « parfois bas au regard des responsabilités exercées. Le Directeur d'Ehpad doit être en capacité de manager une équipe soignante et logistique, de se repérer dans les éléments de tarification et la construction des budgets ou des EPRD, de discuter et de négocier les tarifs avec les autorités de contrôle et de tarification, de gérer une reconstruction ou une mise aux normes de bâtiment... On lui demande beaucoup et il est loin d'avoir le staff administratif d'un établissement de santé », constate le Directeur de l'autonomie de la FEHAP.

Politiques non monétaires

Dans la fonction publique territoriale, le régime indemnitaire s'ajoute à la grille indiciaire. A la discrétion de la collectivité, il peut être généreux et atteindre 30% de celle-ci, ce qui peut représenter un prime mensuelle de 300 euros. « Certaines collectivités possèdent aussi des comités des oeuvres sociales qui offrent quelques avantages : des prêt à taux zéro par exemple, poursuit Frédéric Bodo. La société évolue et la rémunération est loin d'être le seul critère à prendre en considération ». Des avantages en nature peuvent également être valorisés dans le secteur privé non lucratif, qu'il s'agisse d'un logement ou d'un véhicule de fonction, généralement attribués sous condition de réalisation d'astreintes.

Concurrence

Quant au secteur privé commercial (1), il est là aussi difficile d'établir un profil type de directeur d'Ehpad dans la mesure où tous n'ont pas les mêmes responsabilités. Nombre de groupes commerciaux ont en effet choisi de centraliser certaines fonctions comme la réalisation de l'EPRD ou encore la gestion des contrats de travail. Avec bien évidemment un impact en matière de rémunération. Enfin, comme l'exprime Eric Fregona, il importe également de considérer le tarif horaire, particulièrement en période de crise. « Nous avons pris l'habitude de dire que les Directeurs d'établissement aiment tellement les 35 heures, qu'ils les font deux fois par semaine...».

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