Rencontre avec Julien Berquin, Directeur des opérations chez Formaeva.
Repenser le modèle, appréhender la formation autrement
Comment est appréhendée la formation aujourd'hui en France ?
J. Berquin : Durant des années, nous avons vécu en France dans un système où les entreprises étaient obligées de dépenser dans la formation 0,9% de leur masse salariale. La formation n'était jugée que sous l'angle de la contrainte budgétaire. D'ailleurs une étude publiée dans Top formation (La parole aux acheteurs de la formation - Baromètre 2017 1 ), révélait que le 1er critère de choix d'une formation pour l'acheteur était le prix. On note cependant depuis le début d'année les premiers effets de la réforme (cf décret de 2015), qui oblige les organismes formateurs pour être référencés dans le data dock à répondre à une vingtaine de critères exigeants.
Qu'attendez-vous de la réforme à venir ?
J. Berquin : On ne peut pas tout attendre du législateur. Nous travaillons de notre côté pour que l'efficacité d'une formation soit reconnue comme un véritable indicateur. Mais cela doit passer par un changement de culture. Tous les acteurs de la formation (partenaires sociaux, DRH, Responsables formation...) devraient justifier de l'efficacité et de la légitimité des formations mises en oeuvre, plus que du nombre de personnes formées ou d'heures distribuées.
Quelle est la spécificité de votre modèle ?
J. Berquin : Nous proposons des formations, mais surtout des outils et un accompagnement pour mesurer leur pertinence. Grâce aux retours de questionnaires ou d'interviews, nous construisons une base de données, un outil analytique qui permet d'en mesurer concrètement les effets. Notre évaluation est basée sur quatre niveaux successifs d'interrogation qui nous permettent de juger de l'efficacité d'une formation :
1- Comment les participants ont-ils réagi à la formation délivrée ? Était-elle pertinente ?
2- Les participants ont-ils enrichi leurs connaissances ?
3- Les participants ont-ils mis en application leurs nouvelles connaissances ?
4- Les attentes de la direction ont-elles été satisfaites ? Ex : Vous avez formé vos commerciaux, le chiffre d'affaires a t-il augmenté ?
Nous sommes d'ailleurs l'unique certificateur de cette méthode appelée « KIRKPATRICK FOUR LEVELS® », dans le monde francophone.
Mais au-delà, il s'agit surtout d'une nouvelle manière d'appréhender la formation...
J. Berquin : Le travail commence bien avant la formation. Et c'est la clef. Il est essentiel de travailler sur l'identification des besoins et le retour sur les attentes (ROE) . Quitte à délivrer moins de jours en présentiel, mais de mieux cibler les sujets. A budget égal, voire parfois moindre, les salariés comme les managers sont souvent plus satisfaits. Nous avons observé que lorsqu'un manager prépare la formation par un entretien ciblé préalable avec son collaborateur, l'efficacité de la formation augmente de 12,3 points par rapport à une formation sans échange préalable. Cela prouve sans équivoque la nécessité d'anticiper et de définir correctement les besoins.