Anaëlle Valdois, directrice du pôle des usages du numérique et de l'IA à l'ANAP, a dressé lors des Assises du domicile le 18 novembre à paris un panorama des applications concrètes de l'IA tout en appelant à la prudence face aux défis organisationnels et humains.
Quelle intelligence artificielle à domicile ?
L'intelligence artificielle générative commence à transformer les pratiques dans le secteur médico-social. Anaëlle Valdois a présenté plusieurs cas d'usage prometteurs, à commencer par la génération automatique de plans personnalisés d'accompagnement. Un groupement de coopération sanitaire et médico-social a ainsi développé une IA capable de produire automatiquement une proposition de plan en s'appuyant sur les données du logiciel et les normes de la HAS, nécessitant ensuite validation humaine.
Des applications innovantes en développement
Les applications sont nombreuses. Parmi les expérimentations présentées, certaines visent à prévenir les troubles musculo-squelettiques en filmant les salariés pour analyser leurs postures. D'autres solutions permettent de faire remonter des alertes prédictives, identifiant par exemple les patients à risque d'hospitalisation aux urgences.
Trois défis majeurs à relever
La directrice de l'ANAP identifie trois défis structurants pour le déploiement de l'IA dans le secteur. Le premier reste fondamental : l'IA peut générer des alertes, mais elle nécessite toujours du personnel médical pour recevoir et prendre en charge les patients. Le deuxième concerne la formation massive du secteur de l'aide à domicile à ces nouvelles solutions.
Le troisième défi porte sur "l'effet tunnel", phénomène déjà observé avec les capteurs : le risque de se focaliser davantage sur les données et alertes que sur les patients eux-mêmes. Une vigilance particulière s'impose pour éviter que la multiplication des alertes n'éloigne les professionnels de leur coeur de métier.
Une adoption progressive et raisonnée
Anaëlle Valdois préconise une approche pragmatique : commencer petit avec des cas d'usage adaptés au secteur et des équipes motivées. Elle insiste sur la vigilance nécessaire concernant les données, rappelant les obligations RGPD et l'importance de tracer leur utilisation.
Pour le domicile du futur, la directrice de l'ANAP se veut réaliste : l'IA ne s'imposera pas "en un clic comme la sorcière bien-aimée", mais devrait commencer à se déployer significativement d'ici cinq à six ans. Sa conviction : le domicile du futur utilisera bien l'IA, mais continuera surtout de s'appuyer sur l'aide humaine.
