L'hôpital soigne hors les murs, l'Ehpad chemine vers le domicile, champ investi par le secteur du handicap depuis toujours. Si les secteurs convergent, si les politiques s'organisent à l'identique, chaque champ, enfance-famille, exclusion, handicap, grand âge... a travaillé des pistes différentes. Aucun secteur n'est en avance, chacun a fait des expérimentations et progressé dans des directions différentes. La variété des approches n'a pas à ce jour suffisamment profité aux politiques publiques du social et médico-social. Les choses pourraient changer : la période économique tendue prêche pour une approche transversale et territoriale plus que sectorielle.

Champ de la psychiatrie et du handicap : accompagnement multidimensionnel?Le champ de la psychiatrie et du handicap a réfléchi à des formes d'accompagnement et de soutien à domicile.

Appartements thérapeutiques : dans ces structures d'hébergement temporaire gérées par des équipes de psychiatrie, les résidents vivent de façon autonome avec un suivi médical et sur la gestion de la vie quotidienne.

Parce que le handicap peut survenir dès la naissance/ l'enfance, parce que les parents sont présents, parce que les personnes handicapées disposent, selon le cas, de capacités mentales complètes, on s'est posé la question de l'être social. On s'est interrogé sur les attentes des personnes, souvent vivre le plus normalement possible. D'ailleurs l'outil de mesure est une grille multidimensionnelle non limitée à la perte d'autonomie ou aux problèmes de santé. Autre preuve : la domotique est née du handicap (télécommande, plans de travail à hauteur variable...)

Services d'accompagnement médico-social pour adultes handicapés (SAMSAH) : ils contribuent à la réalisation du projet de vie des personnes handicapées. Les équipes pluridisciplinaires (éducateurs spécialisés, assistantes sociales, psychologues, médecins, infirmiers et ergothérapeutes) favorisent le maintien ou la restauration des liens familiaux, sociaux, universitaires ou professionnels et l'accès à l'ensemble des services offerts par la collectivité. Le tout à domicile...

Dans cette approche centrée sur les besoins et attentes, deux questions sont primordiales : le logement et l'encadrement médico-social. Il faut des logements adaptés, dans un environnement porteur sur le plan social, accessibles financièrement, et une démographie médicale équilibrée.

Commentaire

- On connaît peu Les attentes des personnes âgées.

- L'Ehpad hors-les murs peut s'inspirer de ces formules qui donnent, avec le recours aux technologies intelligentes et sécurisantes, le confort du domicile et l'accompagnement multidimensionnel de professionnels. Il n'y aura pas forcément à mobiliser de fonds supplémentaires, la solution peut même s'avérer moins coûteuse que l'Ehpad.?

Champ de l'exclusion : le soutien social

Les personnes exclues, SDF ou en grande précarité, vieillissent et perdent de l'autonomie plus tôt. Certains artisans ou conjoints d'artisans disposent de retraites si petites qu'ils ne peuvent se loger en ville. Il faut donc imaginer des solutions intégrant un accompagnement social. ?Pensions de famille : ces structures du logement social, conventionnées APL, accueillent des personnes en difficulté à faible revenu. Le financement de l'Etat est de moins de 20 euros/jour. Un binôme d'intervenants sociaux accompagne les personnes dans leurs démarches etc.

Commentaire

Le lien social contribue à maintenir un bon état de santé et un bon état psychologique. Elle évite une dégradation dont le suivi coûte ensuite très cher. Pourquoi ne pas y penser pour les personnes âgées, victimes d'une disqualification sociale redoutable, surtout si elles sont en perte d'autonomie... et pauvres ?

Champ du soutien à la parentalité : renarcissisation de la personne

Problèmes de santé, troubles psychologiques, histoires de vie complexes, certaines personnes ont du mal à élever leurs enfants.

Réseaux d'écoute, médiation familiale, lieux d'accueil enfants parents?Avec ces outils les parents en difficulté peuvent continuer à vivre avec leurs enfants et à rester dans la "normalité". Le renarcissisation de la personne (image positive de soi) évite ainsi une spirale négative.

Commentaire?En France on a recensé plus de 10 300 suicides en 2010. 28% sont le fait de personnes de plus de 65 ans*. L'approche médicale de la personne âgée _AGIR pour le corps dépendant, PATHOS pour le corps malade_ génère uniquement des moyens sanitaires : infirmières, aides-soignants... Repérer les attentes, les souffrances psychologiques et travailler sur la renarcissisation des personnes âgées est une priorité.?

Le mot de la fin

Avoir une approche globale de la personne génèrerait des métiers sociaux et redonnerait de l'attractivité au secteur du grand âge. Il y a d'ores et déjà des points d'ancrage.

- L'expérimentation sur les SPASAD (Services polyvalents d'aide et de soins à domicile), relancée par la loi d'adaptation de la société au vieillissement témoigne d'une prise de conscience sur la nécessité d'intégrer et de coordonner les interventions. Mixer SSIAD et SAD est effectivement un bon début. En ajoutant la démarche initiée par les MAIA, il ne manque pas grand-chose pour avoir une approche globale de la personne âgée. Les MAIA pour peu qu'on généralise les gestionnaires de cas sont un bel outil.

- Les secteurs du grand âge et du handicap travaillent de plus en plus ensemble.

- Les approches interministérielles se développent et se déclinent au niveau régional avec la création des ARS (agences régionales de santé) ou départementale avec la réflexion sur la collaboration ou la fusion des CLIC (Centre local d'information et de coordination gérontologique) et MDPH (Maison départementale du handicap). C'est également la démarche de la CNSA.

- la loi d'adaptation de la société au vieillissement a prévu 170 millions d'aides techniques. Le gouvernement semble avoir compris que redonner de l'autonomie est plus digne et moins coûteux que de mettre des moyens dans une approche correctrice et curative.