Dans le n° 15-décembre 2011  568

Médecin coordonnateur : un métier à temps partiel très complet

À l'occasion des 9e Assises Nationales du médecin coordonnateur qui se sont tenues les 8 et 9 novembre derniers, à la Maison de la Chimie à Paris, le métier de médecin coordonnateur s'est invité dans nos réflexions en la personne du Dr Claude Rabatel, qui intervient sur deux EHPAD et préside une association professionnelle dans les Hauts-de-Seine. Nous avons passé en revue les récentes propositions de Loi et avons sollicité son avis sur l'exercice de la profession.

Parcours d'un médecin généraliste devenu gériatre

Claude Rabatel intervenait au départ en tant que généraliste auprès de résidents en EHPAD, jusqu'au jour où il fut sollicité par un directeur pour devenir médecin coordonnateur.

Pour lui, " les généralistes ne sont pas réellement prêts à prendre en charge les personnes âgées ; on croit les connaître mais il manque une formation en gériatrie dans le cursus des études médicales ".

Il passe son diplôme de médecin coordonnateur à Paris Descartes, puis obtient la capacité en gériatrie, et vient de terminer un DU en soins palliatifs suivi à l'Hôpital Paul-Brousse.

Outre son temps de présence en EHPAD et son activité libérale, il vient d'être élu président de l'association des médecins coordonnateurs des Hauts-de-Seine, AMC92. Il est aussi vice-président de MedcoIDF, association qui n'existait pas jusqu'à présent, mais rendue nécessaire pour couvrir le territoire de l'ARS Ile-de-France.

Le Décret du 2 septembre 2011 sur le temps de présence obligatoire en EHPAD rend difficile une organisation du travail déjà très serrée

Le Dr Rabatel intervient à la résidence Isatis La Maison des Poètes à Malakoff à 0,50 etp (72 résidents) et également au Châtelet à Meudon à 0,35 etp (79 résidents) : selon le décret il devrait augmenter son temps de 0,15 pour arriver à 0,50, ce qui va sans doute être difficile. Son activité libérale est limitée et filtrée, concentrée le soir de 17 h 30 à 19 h 30 : aucun nouveau patient n'est accepté par exemple.

Comment vos confrères ont-ils réagi à ce décret ?

Plutôt bien, dans la mesure où ils travaillent déjà dans plusieurs établissements sur Paris. Il y a de plus en plus de femmes "Médec", cette augmentation du temps de travail les satisfait car elles souhaitent conserver une vie familiale. Il ne faut pas oublier non plus la cherté d'un cabinet libéral.

Mais en banlieue ou en Province, nous sommes confrontés à une pénurie de "Médec", et comme l'augmentation du temps de travail va se faire au détriment du libéral, cela ne va pas faciliter les vocations. Il faudra peut-être à l'avenir ouvrir la fonction aux cadres infirmiers pour la partie gestion.

Où en sont les signatures de contrats de coordination avec les libéraux en EHPAD ?

Le Conseil de l'Ordre, dont les consignes locales variaient d'un Ordre à un autre, a vu sa demande invalidée par le Conseil d'État sur cette question. Actuellement, les signatures sont proches de zéro un peu partout en France ; le CO du 92 avait préconisé de " signer avec réserves ".

Quid de l'obligation d'organiser une conférence gériatrique deux fois par an ?

Il est difficile d'en organiser une seule avec les libéraux, faute de temps et de disponibilité de ces derniers. Je connais la problématique, ayant les deux casquettes !

Cependant, la base de cette obligation est une question de relationnel avec les confrères, de relations publiques tout simplement ".

Quelles sont vos réflexions sur le métier de "Médec" ? Quelles perspectives ?

Pour favoriser l'exercice du métier, il doit régner une bonne harmonie dans le couple directeur d'établissement / "Médec".

De plus, le médecin coordonnateur devrait avoir un pouvoir hiérarchique mais limité : s'il est "chef des soins, en assurant l'encadrement médical de l'équipe soignante" comme préconisé dans le décret, il doit être présent à 100 % ! Sinon, sa présence à temps partiel ne lui permet ni de contrôler ni de maîtriser, alors que sa responsabilité est engagée.

Dont acte !

Adeline Durand

Temps d'exercice du médecin coordonnateur en EHPAD

Extrait du décret d'application 2011-1047, du 2 septembre 2011, promulgué par le ministère des solidarités et de la cohésion sociale :

Article 1. Tout établissement doit se doter d'un médecin coordonnateur (article D-312-156).

Pour les établissements dont le GIR moyen pondéré est inférieur à 800, les dispositions relatives au temps de présence du médecin coordonnateur n'entrent en vigueur que lors du renouvellement de la convention pluriannelle signée avec les tutelles.

Pour les établissements dont le GIR moyen pondéré est égal ou supérieur à 800, le temps de présence du médecin coordonnateur est fixé comme suit :

Capacité autorisée de l'établissement - Inf. à 44 lits : Temps de présence du médecin-co (etp) : 0,25

Capacité autorisée de l'établissement - De 45 à 59 lits : Temps de présence du médecin-co (etp) : 0,40

Capacité autorisée de l'établissement - De 60 à 99 lits : Temps de présence du médecin-co (etp) : 0,50

Capacité autorisée de l'établissement - De 100 à 199 lits : Temps de présence du médecin-co (etp) : 0,60

Capacité autorisée de l'établissement - Egal ou sup. à 200 lits : Temps de présence du médecin-co (etp) : 0,80

Article 2. Le médecin coordonnateur, qui assure l'encadrement médical de l'équipe soignante, préside la commission de coordination gériatrique. Cette dernière se réunit deux fois par an, au minimum.

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