Dans le n° 56-mai 2015  -  Interview de Christian Anastasy  4738

Les acteurs du parcours de santé doivent se poser les bonnes questions

Quel est le rôle de l'ANAP, ses publications et ses travaux en cours ? L'ANAP intervient sur tous les sujets cruciaux des champs sanitaire et médico-social, apportant son éclairage argumenté. Christian Anastasy, directeur-général de l'Agence depuis sa création, explicite pour nous ses derniers travaux.

Le rôle de l'ANAP est transversal. Pensez-vous que l'Agence est bien identifiée par les directeurs d'EHPAD ?

L'Agence Nationale d'Appui à la Performance des établissements de santé et médico-sociaux a été créée en 2009. En cinq ans, je pense que le secteur médico-social nous connait de mieux en mieux et les directeurs d'EHPAD également car nous menons de plus en plus de projets avec eux. L'ANAP travaille avec les EHPAD sur les sujets liés à l' immobilier, au système d'information ou encore à la valorisation des métiers du grand âge. Le tableau de bord du médico-social et les projets autour du parcours des personnes âgées, avec maintenant PAERPA, sont deux axes emblématiques de l'ANAP qui concernent directement les EHPAD et plus largement les acteurs du champ médico-social.

Vous avez publié récemment " initier un système d'information PAERPA sur son territoire ". Quel est la leçon à retenir de cette étude ?

La publication " Initier un système d'information PAERPA sur son territoire " doit permettre aux acteurs de se poser les bonnes questions. L'ANAP accompagne des ARS dans le cadre du programme PAERPA et propose des outils aux acteurs du parcours, outils qui jalonnent les différentes étapes du programme. Cette publication en fait partie. Elle présente dans un premier temps les grands principes qui orientent toute réflexion sur la notion de parcours de santé, et la façon dont ils structurent la réflexion sur les systèmes d'information à mettre en place dans le cadre d'un projet PAERPA. Dans un second temps, cette publication précise les enjeux d'articulation entre le pilotage, l'organisation métier, l'organisation des fonctions support, l'organisation de l'évaluation et l'organisation des systèmes d'information.

Vous avez donné des sueurs froides aux directeurs d'EHPAD en parlant de performance. Votre vision a-t-elle évolué depuis 2 ans sur ce sujet ?

Les EHPAD sont aussi concernés par les enjeux d'amélioration de la performance. Le secteur doit bouger pour continuer à offrir un service de qualité aux résidents et à leur famille. Notre vision n'a pas changé ! Nous envisageons la performance comme une exigence au service des populations accueillies. Nous constatons au contraire que les réticences initiales sont moins fortes aujourd'hui.

L'ANAP accompagne l'utilisation du tableau de bord médico-social. Quelles sont les enjeux pour les EHPAD et les difficultés rencontrées ? Un lien sera-t-il fait avec la tarification ?

Fruit d'une co-construction de l'ensemble des acteurs du secteur (gestionnaires, fédérations, administrations centrales, agences régionales de santé (ARS), conseils départementaux (CD)), le tableau de bord (TDB) de la performance dans le médico-social a fait l'objet de trois campagnes de recueil de données depuis sa création en 2010. Plus de 3 000 établissements et services médico-sociaux (ESMS) ont participé à la campagne 2014, dont environ 900 EHPAD. Un échantillon statistiquement représentatif de structures est désormais constitué.

Le TDB est aujourd'hui entré en phase de généralisation. D'ici 3 ans, l'ensemble des ARS et les 22 000 ESMS financés ou cofinancés par l'assurance maladie auront mis en place le TDB. Pour ce faire, l'ANAP assure un transfert de compétences auprès des ESMS et de leurs organismes gestionnaires, ainsi qu'un appui à la conduite d'une campagne TDB auprès des ARS et CD.

Il y a de forts enjeux pour les EHPAD. Le TDB vise à proposer aux ESMS un outil de pilotage en interne mais aussi de dialogue de gestion avec les agences régionales de santé (ARS) et les conseils départementaux (CD). Disposer d'indicateurs communs à ces deux autorités de tarification et de contrôle constitue une réelle simplification pour les EHPAD. Le TDB est construit dans une logique " gagnant-gagnant ". Les structures consacrent du temps à collecter leurs données dans le TDB. En échange, elles accèdent à des restitutions : leurs propres données mais aussi un parangonnage entre EHPAD. Le choix de la médiane a été retenu, reflétant davantage la dispersion des structures que la moyenne.

Concernant les difficultés rencontrées, je pense que la multiplicité de la saisie des données constitue le frein majeur à l'adhésion des structures au TDB. Il existe un réel enjeu d'urbanisation du système d'information dans le secteur médico-social, avec une saisie unique de la donnée. Les EHPAD rattachés à des établissements publics de santé (EPS) peuvent rencontrer des difficultés à renseigner les données financières au niveau de l'EHPAD. En effet, ces dernières sont généralement remplies au niveau de l'organisme gestionnaire, venant fausser les données du parangonnage. La première année, le temps nécessaire à la récupération des différentes informations pour renseigner le TDB peut être dissuasif, pouvant représenter jusqu'à semaine pour un EHPAD. Cependant, l'expérience met en avant que l'année suivante, ce dernier passe à une demi-journée.

Enfin au sujet de la tarification, le TDB n'a pas été conçu comme un outil tarifaire. Il s'inscrit en appui de la contractualisation, en proposant aux acteurs des indicateurs de suivi.

La télémédecine est-elle l'avenir du suivi médical des personnes âgées en établissement ? N'est-elle pas trop hospitalo-centrée ?

La télémédecine est une modalité permettant la prise en charge médicale à distance des patients. Elle se décline en 5 actes : la téléconsultation, la téléexpertise, la télésurveillance, la téléassistance et la régulation médicale (le centre 15).

Pour la personne âgée en structure d'hébergement ou à domicile, la téléconsultation présente l'avantage important d'offrir un accès au soin sans déplacement. Cette modalité offre ainsi une meilleure qualité de vie aux patients, notamment dans le cas du suivi d'une pathologie chronique. D'autre part, s'affranchissant de la distance, la télémédecine permet une nette amélioration des conditions de prise en charge de la personne âgée, évitant ainsi d'inutiles hospitalisations, source trop souvent de dégradation de l'état de santé général d'une personne déjà fragile.

Cependant, je ne pense pas qu'on puisse parler de la télémédecine comme de l'avenir à lui seul du suivi médical des personnes âgées. En effet, la télémédecine reste de la médecine, sous une modalité différente, c'est-à-dire où le médecin est à distance. Cette modalité doit tendre à se fondre dans l'exercice habituel de la médecine, comme une modalité complémentaire et non substitutive d'une prise en charge en présence physique du professionnel.

Il est vrai que les activités de télémédecine actuellement menées en l'absence de tarification dédiée portent plutôt sur un requérant en EHPAD vers un requis en établissement de santé. Cependant, l'actuelle expérimentation d'une tarification spécifique aux actes de télémédecine pour la prise en charge de la personne âgée en EHPAD (Article 36 LFSS 2014) permettra de développer la télémédecine en ville, particulièrement avec les maisons de santé pluridisciplinaires et les spécialistes libéraux.

L'ANAP a travaillé sur la question de SI dans les établissements de santé. Où en est ce chantier pour les EHPAD ?

L'ANAP a travaillé sur la question du système d'information dans le médico-social ; en réalisant un état des lieux des systèmes d'information dans le secteur afin de faciliter le parcours des personnes, avec notamment des retours d'expérience. L'ANAP a conclu son travail d'observation par une publication. Les EHPAD doivent continuer leur réflexion sur leurs besoins en SI et plus largement repenser et anticiper l'organisation de leur SI.

Université d'été de l'ANAP
L'ANAP organise comme chaque année sa 5e?université d'été à Tours le vendredi?28 et samedi 29?août 2015. Cette manifestation est organisée en partenariat avec le Collectif Inter associatif sur la Santé (CISS) la caisse nationale de Solidarité pour l'Autonomie (CNSA) et l'École des Hautes Études en Santé Publiques (EHESP). La thématique retenue portera sur la place des usagers dans le système de santé?: engagement, écoute, participation, influence des citoyens sur des structures qui disent être à leur service.
Renseignements et programme?: www.performance-en-sante.fr/levenement/tours-2015/programme/

18/04/2024  - Privé lucratif

Emeis (ex-Orpea) chiffre d'affaires en hausse mais taux d'occupation en baisse

Emeis (ex-Orpea) publie ses résultats annuels 2023, année de finalisation d'une restructuration financière d'ampleur inédite. Son chiffre d'affaires consolidé en 2023 s'élève à 5,2 milliards d'euros, soit une hausse de +11% par rapport à 2022, organique à hauteur de 9,5%.
18/04/2024  - Privé lucratif

Marilyne Mesiano, nommée directrice générale développement de DomusVi

Experte en matière de développement et de gestion immobilière, elle aura pour mission de superviser les opérations des nouveaux pays de DomusVi.
18/04/2024  - Enquête de la FHF

Ehpad publics: un déficit moyen de 3850 euros par place en 2023

Malgré un retour à la normale de l'activité avec un taux d'occupation moyen de 94,4%, le niveau de déficit des Ehpad publics a dépassé le seuil d'alerte, se situant à environ 800 millions d'euros en 2023, soit une hausse de 60% en un an.
05/04/2024  - Privé lucratif

Clariane veut céder son activité domicile en France

Le groupe confirme la cession ciblée de 8 structures HAD et 3 Ssiad employant au total un peu plus de 300 personnes.
04/04/2024  - Privé non lucratif

Brigitte Comte nouvelle présidente du groupe ACPPA

Après 30 ans de présidence du Dre Paul-Henri Chapuy, une nouvelle page s'ouvre pour le groupe associatif avec l'élection du Dr Brigitte Comte.
02/04/2024  - Nomination

Roger Stéphane, nouveau DG de Colisée France

Roger Stéphane remplace Nicolas Noesser à la tête de Colisée.
01/04/2024  - Top 20 des groupes privés à but non lucratif

Un secteur en quête de reconnaissance

Chaque année, Géroscopie élabore une photographie du secteur. Si elle reste forcément parcellaire, elle permet toutefois de dresser un état des lieux de la santé des groupes comme de leurs attentes et perspectives pour l'année à venir. Analyse.
01/04/2024  - Tableau

Le tableau du Top 20

Cliquez-ici pour découvrir les chiffres 2022 des groupes privés à but non lucratif. ...
21/03/2024  - Changement de nom

Orpea devient emeis

Pour ouvrir un nouveau chapitre, et en finir avec Les Fossoyeurs et son image délétère, Orpea change de nom et se renomme emeis.