750 000 personnes âgées sont en état de mort sociale, un million pourraient l'être d'ici 2030, selon le 3e Baromètre des Petits Frères des Pauvres pour qui les communes doivent être « le premier rempart contre l'invisibilité sociale ».

Les 10 chiffres-clés 2025 de la solitude et de l'isolement
Le 3? Baromètre Solitude et isolement rendu public le 29 septembre par les Petits Frères des Pauvres révèle en 10 chiffres clés une réalité alarmante : l'isolement extrême des personnes âgées a bondi de +150 % en moins de dix ans. Une situation qui pourrait concerner un million de personnes âgées d'ici 2030.
750 000 personnes âgées sont en « mort sociale », sans aucun contact avec qui que ce soit, soit l'équivalent d'une ville comme Marseille.
2 millions sont coupées de leur famille et de leurs amis
1,5 million ne voient jamais ou presque jamais leurs enfants ou petits-enfants
1,1 million n'ont aucun lien amical, même à distance
2,7 millions n'ont aucun contact avec leurs voisins au-delà d'un simple « bonjour »
2,5 millions se sentent seules tous les jours ou presque
4,2 millions ont ce sentiment de solitude qui dure depuis plusieurs années
5,7 millions n'ont personne à qui confier leurs émotions intimes
9 millions ne sortent pas de chez elles quotidiennement
5 millions au moins restent à l'écart du numérique, sans jamais utiliser Internet
« Derrière les chiffres, ce sont des vies marquées par le silence, l'absence de visites et le sentiment d'être oublié », écrit l'association.
Les communes, premier rempart contre l'invisibilité sociale
Le Baromètre révèle « une tendance inquiétante », soulignent Les Petits Frères des Pauvres dans un focus sur les communes : les habitants des petites communes, souvent rurales, sont plus touchés par la sédentarité et l'isolement que ceux des grandes villes : 9% des 60 ans et plus vivant dans des communes de moins de 2 000 habitants ne sortent jamais ou moins d'une fois par semaine et près de 6 sur 10 ne sortent pas tous les jours, contre seulement 3 sur 10 en agglomération parisienne. Un des facteurs majeurs : la disparition progressive des commerces de proximité. En 2021, 62% des communes rurales ne disposaient plus d'aucun commerce. Ce recul, au-delà de l'impact économique, prive les habitants, notamment les plus âgés, de lieux de vie et de lien social.
« Si l'isolement ne peut pas se régler uniquement par une loi, il peut donc se combattre localement » écrit l'association qui à l'approche des élections municipales de 2026 estime que les communes doivent être « le premier rempart contre l'invisibilité sociale ». Elles ne manquent pas de leviers pour:
- Repérer les fragilités : mieux utiliser les fichiers « Canicule », expérimenter des grilles d'évaluation de l'autonomie ou construire des programmes innovants pour prévenir les situations d'isolement ;
- Prévenir l'isolement : mettre en place des actions simples mais décisives : visites à domicile, recensement régulier des besoins, mobilisation des bénévoles
- Créer des espaces de convivialité : certaines communes ont ouvert un bistrot au sein d'un Ehpad ou imaginé des lieux de rencontre intergénérationnels.
Ces initiatives, souvent portées par Centres communaux d'action sociale (CCAS), montrent que « l'innovation sociale peut naître au coeur des territoires, même dans un contexte budgétaire contraint ».