Le secteur du domicile attire de plus en plus l'intérêt des groupes privés commerciaux d'EHPAD. Objectifs pour ces acteurs : trouver un nouveau relais de croissance sur le territoire national, se positionner sur l'ensemble du "parcours de soins" et réaliser ainsi des synergies entre leurs différentes activités (SSR, EHPAD, domicile). «La logique de filière et de soins doit en effet s'imposer aux côtés de la logique purement métier. Cela correspond à la convergence des secteurs sanitaire et médico-social mais aussi à l'émergence de logiques de parcours de santé ou de vie centrées sur la personne âgée, à l'image du programme PAERPA (Programme Personnes âgées en risque de perte d'autonomie) », analyse Jean-Christophe Briant, directeur d'étude des pôles santé et sénior pour le cabinet Xerfi-Percepta.*

Signe révélateur de cette ouverture et de cette volonté des opérateurs privés de diversifier l'offre d'accompagnement des personnes âgées : la naissance, mi-2015, de SYNERPA Domicile et SYNERPA Résidences Services Seniors (RSS), deux syndicats affiliés à la Confédération Synerpa. Sur le terrain, c'est DomusVi qui est le premier groupe à ouvrir le bal avec la création de sa filiale DomusVi Domicile en 1996 et le rachat en 2013 de Nurse Alliance. Rebelote, en janvier dernier, avec l'acquisition de 100% des titres de la société DOMIDOM Soins, structure de services de soins à domicile (SSIAD) en Ile-de-France et dans le Loiret. Pour Aymar Hénin, président du Groupe DomusVi, cette acquisition s'inscrit « dans la stratégie de consolidation de la prise en charge globale des personnes âgées en France, créant synergie et complémentarités entre les différentes activités du Groupe, du domicile à l'EHPAD. »

Steve Grobet, Responsable des relations investisseurs chez Orpea

« Assurer un continuum de la prise en charge »

En janvier 2014, le groupe Orpéa vient se positionner également sur l'activité de maintien à domicile, en acquérant le réseau de services à la personne Domidom. Orpéa réitère, d'ailleurs, l'exercice en janvier 2015, avec la reprise d'Adhap Services. « Il y a une demande forte des pouvoirs publics et de la population de vieillir à domicile aussi longtemps que possible. Le coeur de métier d'Orpea, c'est l'EHPAD, le SSR, la psychiatrie, et le positionnement du groupe sur le segment du domicile permet de compléter l'offre, d'assurer un continuum de la prise en charge, de proposer une offre globale aux résidents et patients, de mutualiser les savoir-faire sur une plateforme regroupant services à domicile et établissement», égrène Steve Grobet, Responsable des relations institutionnelles chez Orpea.

Christine Jeandel, président du groupe Colisée

« Le bon moment pour prendre ce virage stratégique »

Nouvel acteur à franchir le seuil du domicile en cette année 2016 : le groupe Colisée. Il s'implante à son tour sur ce secteur avec l'acquisition, en mai, de Nouvel Horizon Services. «L'aide à domicile représente une nouvelle plateforme de développement pour le groupe. C'est à la fois l'aval du SSR et l'amont de l'EHPAD. L'environnement marché et réglementaire de l'aide à domicile nous paraissent désormais favorables, c'est le moment pour Colisée de prendre ce virage dans sa stratégie. Le secteur de l'aide à domicile est très fragmenté et présente de nombreuses opportunités de consolidation », commente Christine Jeandel, président du groupe.

Philippe Braidy, directeur général de GDP Vendôme

« Avec la Villa Sully, GDP Vendôme s'inscrit dans cette nouvelle dynamique du marché »

Répondre aux attentes des personnes âgées désireuses de vieillir chez elles, c'est aussi l'objectif de GDP Vendome avec le développement de son concept d'appartements intelligents et évolutifs Villa Sully. Le groupe est convaincu que ce produit s'inscrit dans cette nouvelle dynamique du marché. « Le concept de la Villa Sully n'est pas une résidence service domotisée. On ne cherche pas avec ce produit à cibler le senior valide mais la personne âgée en perte d'autonomie qui cherche le même niveau de sécurité que dans un EHPAD mais dans un domicile "intelligent", explique Philippe Braidy, directeur général de GDP Vendôme.

Actuellement, deux sites ont vu le jour à Annecy-Seynod (74) et à Grenoble (38) et chacun devrait comptabiliser entre 80 et 90 logements, allant de 30 à 60m², du T1 au T3. En cours de construction, ce concept ouvrira également à Grenoble (38), Le Cannet (33) et Montreuil (93). L'objectif visé par le groupe est d'ouvrir à moyen terme 10 Villa Sully.

Marie-Laure Levêque, directrice du Pôle prospective stratégique et marketing du Noble Age Groupe

« La plateforme de services va être notre coeur de métier »

Du côté du groupe Le Noble Age, un grand chantier sur les "Ehpad à domicile" est engagé en partenariat avec l'opérateur des objets connectés, Bluelinea. La solution Linea Ressources a été déployée, en décembre 2015, autour de 8 établissements du groupe. Le principe ? Une solution qui mixe la mise à disposition d'une plateforme de coordination et de téléassistance, d'objets et de services connectés avec l'accès personnalisé à des ateliers de prévention et de bien-être, proposés par l' EHPAD "ressource".

« La plateforme de services va être notre coeur de métier. La taille des EHPAD du groupe Le Noble Age est de 105 lits contre 80 lits en moyenne dans le secteur. Nos établissements peuvent donc être des établissements ressources avec des plateaux techniques, de la kiné, de la balnéothérapie, de grands espaces communs pour organiser des ateliers de prévention et du lien social accueillir des personnes âgées en risque de perte d'autonomie. Faire bénéficier les personnes âgées en perte d'autonomie d'ateliers pour maintenir le lien social et prévenir la perte d'autonomie. Le Noble Age dispose de l'expertise en ressources humaines, de l'outil immobilier complètement dédié pour s'inscrire dans une prise en charge transversale du domicile à l'EHPAD. Nous développons déjà fortement les prises en charge en ambulatoire dans nos établissements sanitaires. Cette logique "hors les murs" sera également poursuivie pour le volet SSR puisque Le Noble Age vise 50 % en ambulatoire dans les cinq ans à venir. »