Ces dernières années, les Ehpad ont trop souvent fait la une de l'actualité, rarement pour de bonnes raisons. Des reportages-chocs, des témoignages douloureux et des scandales, bien qu'isolés, ont jeté l'opprobre sur tout un secteur. Dans ce concert de critiques, une figure a été particulièrement désignée à la vindicte populaire : le directeur d'établissement.

Halte à la stigmatisation : les directeurs ne sont pas des boucs émissaires
On l'a transformé en bouc émissaire, comme si la responsabilité des dysfonctionnements, souvent hérités d'un système fragilisé depuis des décennies, reposait uniquement sur ses épaules. Pire, la dérive récente consistant à utiliser les médias et les réseaux sociaux pour régler des problèmes individuels conduit à une exposition publique immédiate et à des attaques nominatives qui impactent lourdement leur vie professionnelle et personnelle.
Il est temps de rétablir une vérité simple : les directeurs d'Ehpad sont d'abord des femmes et des hommes engagés et courageux.
Le métier d'équilibriste : au coeur de tensions ingérables
Être directeur d'Ehpad est un métier d'équilibriste épuisant. Au quotidien, ils sont aux avant-postes d'un défi immense :
- Concilier humanité, sécurité, santé et bientraitance pour les résidents.
- Soutenir des équipes épuisées et faire face au manque chronique de moyens humains et financiers.
- Arbitrer entre les attentes légitimes des familles et des contraintes réglementaires et budgétaires de plus en plus lourdes.
Ce n'est pas un rôle de gestionnaire lointain, mais une présence quotidienne et une responsabilité totale. Le fardeau constant de la gestion des ressources humaines dans un secteur en crise, couplé à l'isolement inhérent à la prise de décision, a une conséquence dramatique : seule une minorité de directeurs se projette de façon pérenne dans l'exercice de leur profession. Cet exode affaiblit l'ensemble de la filière.
Défendre les directeurs, c'est défendre la dignité de nos aînés
Nous ne nions pas les dysfonctionnements existants. Mais pointer du doigt les directeurs, c'est s'attaquer aux mauvaises cibles. La vraie responsabilité est collective et politique.
Pendant que le système manque de souffle, les directeurs, eux, inventent des solutions, innovent dans l'organisation et maintiennent le cap pour garantir la qualité de l'accompagnement.
À l'heure où notre société vieillit et où les besoins d'accompagnement explosent, il est urgent de cesser de caricaturer cette fonction essentielle.
Défendre les directeurs d'Ehpad, c'est défendre concrètement la qualité de vie de nos aînés. Sans pilotes solides, reconnus et respectés, nos établissements perdront leur âme et leur efficacité.
Notre appel : Reconnaissance et Soutien
Nous avons besoin de directeurs reconnus, épaulés et écoutés. L'association AGADRES se positionne déjà comme un interlocuteur privilégié auprès des financeurs et offre un soutien essentiel entre pairs pour rompre l'isolement.
Mais cela ne suffit pas. Nous appelons les pouvoirs publics, les médias et la société civile à :
1- Reconnaître l'engagement exceptionnel de ces professionnels.
2- Leur accorder la confiance nécessaire pour innover.
3- Les doter des moyens (humains et financiers) pour exercer leur mission avec sérénité.
Défendons-les, parce qu'ils défendent déjà, chaque jour, la dignité et le bien-être de nos aînés.