Plus de 95% des directeurs des établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux (D3S) déclarent rencontrer régulièrement des situations stressantes au travail. 59% d'entre eux éprouvent "des marges de manoeuvre trop limitées" et seuls 54% se sentent soutenus par leurs évaluateurs ou personnes qui fixent des objectifs. Les directeurs d'EHPAD de la fonction publique hospitalière sont plus exposés aux risques psychosociaux que les directeurs d'hôpitaux. Telles étaient les conclusions alarmantes établies par une enquête - publiée en novembre dernier - du Syndicat des Manageurs Publics de Santé (SMPS) sur la qualité de vie au travail chez 1 028 directeurs de la fonction publique hospitalière.

Les syndicats de directeurs demandent la mise en place d'un soutien obligatoire du Centre National de Gestion des directeurs hospitaliers et de l'Agence Régionale de Santé aux directeurs en situation de management isolé ou difficile. " Oui, un rééquilibrage et une clarification des rôles est indispensable car la situation de surcharge et de stress des directeurs ne peut être décorrélée du manque de marges de manoeuvre. Les métiers de direction dans la fonction publique hospitalière sont passionnants et difficiles. Mais il y a une différence fondamentale face à la difficulté : soit on est seul à l'affronter, soit chacun, aux niveaux, national, régional, local, joue son rôle", considère le SMPS.

"Dans le secteur associatif, le directeur d'établissement peut avoir le soutien de l'association gestionnaire. Dans la fonction publique hospitalière, le D3S doit se débrouiller tout seul. Le métier n'est plus le même qu'il y a 10 ans. Les conditions se sont durcies en particulier depuis la mise en place des agences régionales de santé (ARS). L'exposition des directeurs aux risques psychosociaux est de plus en plus forte. Nous attendons une vraie protection, un droit d'alerte"", explique Gilles Calvet, délégué permanent du syndicat CH-FO.

Situation d'isolement

"Certains directeurs sont en situation d'isolement dans leurs établissements, ce qui les expose davantage encore aux risques psychosociaux. Il y a une détérioration du dialogue avec les autorités de tutelle. Les agences régionales de santé (ARS) ne font plus que faire descendre vers les établissements des exigences, des injonctions parfois contradictoires. Les directeurs subissent une pression importante des financeurs, des usagers et des familles. Les établissements sont devenus des lieux de tensions avec le personnel", met en garde Dominique Perriot, secrétaire D3S au Syncass-CFDT.
Le chantier sur les conditions de travail et les risques psychosociaux des directeurs - amorcé en mars - reprendra en mai entre la Direction générale de l'offre de soins (DGOS) et les syndicats de directeurs dans le cadre d'une commission transversale commune aux comités consultatifs nationaux (CCN) des trois corps de directeurs (D3S, Directeur d'hôpitaux (DH), Directeurs de soins (DS).