Dans le n° 34-juin 2013  - Une ville, une politique seniors  1549

Bordeaux

Comment les villes prennent-elles en charge le vieillissement démographique ? Quelles sont leurs ressources pour les seniors ? Quelle est leur capacité d'anticipation ? A Bordeaux, Véronique Fayet, adjointe au maire chargée des personnes âgées et Laurence Tuaillon, coordinatrice du CLIC, répondent avec deux mots-clés : coopération entre les acteurs et anticipation.

Contexte démographique

Bordeaux fait face à un vieillissement rapide de sa population. La population de 85 ans et plus devrait connaître une augmentation de 50?% entre?2010 et?2020. La population des plus de 60 ans, une augmentation de plus de 25?% (source INSEE). La ville compte 3 500 bénéficiaires de l'APA aujourd'hui, elle en comptera environ 4 800 en 2020.

On parle de politique Seniors plus que de politique grand âge. « Nous menons une réflexion de fond sur le vieillissement, explique Véronique Fayet. Il s'agit de "re-traiter sa vie", de construire ses relations pour les 30 ans qui viennent. Cela relève de la prévention de la perte d'autonomie. Les études le prouvent : être en relation avec l'autre, partager son expérience, retarde l'apparition de la dépendance et des maladies cognitives ». La réflexion se décline en de nombreux volets, par exemple la sensibilisation lors du passage à la retraite. « Les grandes entreprises ont pris le sujet en main mais il n'y a rien pour les TPE, PME, artisans, commerçants... Nous venons d'expérimenter une session "Passage à la retraite". Notre message peut se résumer ainsi : On a le droit de ne rien faire bien sûr, de penser à soi mais en restant ouvert aux autres et à la vie de la cité. Au printemps, la Ville a organisé, en partenariat avec l'Université du Temps Libre, cinq conférences avec des spécialistes de la gérontologie et des responsables associatifs. Le bilan est positif, et l'opération devrait se prolonger. »

Le CCAS comme point d'entrée

« Sur un territoire composé d'une seule commune, la mutualisation des ressources est plus simple, remarque Véronique Fayet. A Bordeaux, le CLIC est porté par le CCAS, la MAIA l'est également. Cette intégration était d'ailleurs spécifiée dans le cahier des charges de l'ARS. » Lorsque la perte d'autonomie s'installe, le CCAS est souvent le premier point d'entrée pour les personnes âgées ou leurs familles. Selon la demande, le CCAS apporte une solution (portage de repas par exemple) ou oriente vers le CLIC.
« Le CLIC accompagne les personnes âgées en perte d'autonomie (hors maladie d'Alzheimer) ou présentant des problèmes psycho-sociaux, résume Laurence Tuaillon, coordinatrice du CLIC. En cas de problème de dettes ou de risque d'expulsion, le CLIC collabore avec la Maison départementale de la solidarité et de l'insertion (MDSI). Il joue un rôle d'animateur, de constructeur d'un travail en réseau. Il anime dans des EHPAD ou d'autres structures des réunions de quartier qui rassemblent travailleurs sociaux, médecins-libéraux, SSIAD, EHPAD... L'idée est de constituer des réseaux, d'échanger sur les problématiques du quartier, sur des cas complexes et de voir comment améliorer les situations. »
Le CLIC dispose d'un budget de 360 000 euros, financé à part égale par le Conseil général, le CCAS et la CARSAT. Il compte 12 salariés.
De son côté la MAIA qui vient d'ouvrir ses portes se dédie aux professionnels qui accompagnent des malades atteints de la maladie d'Alzheimer et de maladies apparentées. Elle compte 4 salariés et dispose d'un budget de 280 000 euros.

En 2014 va ouvrir la nouvelle "Cité municipale". CLIC, CCAS et MAIA seront alors centralisés au même endroit. De quoi ajouter encore de la fluidité dans la prise en charge.

Interaction avec les autorités

Conseil général de Gironde
Au-delà de la collaboration autour des bénéficiaires de l'APA, le Conseil général s'est associé au CLIC dans l'opération « Bien vieillir au Grand Parc ». Le Grand Parc est un quartier de Bordeaux dont la population a vieilli. L'opération fédère plus de 30 partenaires : centre social, EHPAD, HLM, professions libérales... Il porte sur la sécurité des appartements et des parcs, l'accessibilité, les loisirs... Les résultats sont déjà là : adaptation d'une soixantaine de logements sociaux par le bailleur (barres d'appui, chemins lumineux...), forums avec la population, baluchonnage (voir encadré).
En projet : une grande opération de réhabilitation et la construction d'un accueil de jour non médicalisé. Le programme sera dupliqué sur d'autres quartiers.
ARS

Impliquée naturellement dans la MAIA, l'ARS est aussi dans le Contrat local de santé, actuellement en cours de rédaction, avec le Conseil général de Gironde, le CHU. Les EHPAD vont également être associés car ils peuvent répondre à la problématique d'isolement. A Bordeaux, 90 % des personnes de plus de 75 ans vivent à domicile, et la moitié d'entre elles vivent seules (la moyenne nationale s'élève à 42 %). Cet isolement génère des situations de ruptures de soins et de logement insalubre.

Zoom sur les actions innovantes

Personnes vieillissantes précaires

Véronique Fayet, Adjointe au maire chargée des politiques de solidarité, de santé et des seniors. « Depuis plusieurs années, nous sommes préoccupés par les personnes vieillissantes précaires, attirées par les grandes villes. Avant les personnes précaires mouraient jeunes. Cette population arrive désormais à l'âge de la retraite et vit toujours dans les centres d'urgence. Le CCAS a monté un projet avec le Conseil général : 40 places en Résidences Personnes Âgées (EHPA) sont dédiées aux personnes vieillissantes précaires, avec un accompagnement spécifique grâce à un travailleur social. Ces résidents n'ont que 60 ans mais ils sont fatigués et usés. Le CCAS va dupliquer l'action dans une maison-relais spécialisée (petite unité de vie). »

Baluchonnage

Laurence Tuaillon, coordinatrice du CLIC.

« Porté par l'ASAD (Association de services à domicile), le dispositif s'inscrit dans les formules de répit pour les aidants de personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer ou d'une maladie apparentée. Une équipe spécialisée vient au domicile de la personne malade pendant deux à cinq jours. Le dispositif est financé conjointement par la Ville de Bordeaux, le Conseil général, la CARSAT et deux caisses de retraite complémentaires : Réunica et AG2R. »

Côté établissements

Le CCAS gère :
- 16 résidences-seniors (EHPA)
- 2 EHPAD
Il existe 21 EHPAD à Bordeaux

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