18/09/2025  - Congrès  18289

Assises des Ehpad : anticiper 2030 et renouer la confiance

Les Assises des Ehpad, organisées les 16 et 17 septembre à la Mutualité à Paris, ont réuni acteurs publics, privés et associatifs autour d'un enjeu majeur : comment préparer la France au « mur démographique » de 2030 et repenser l'accompagnement du grand âge.

Deux jours durant, des débats riches ont fait émerger des propositions concrètes et des visions nouvelles pour l'avenir des établissements.

« Le mur de 2030 est devant nous »

Dès l'ouverture, le ton est donné. « Le mur de 2030 est devant nous, et nous regardons ailleurs », martèlent les signataires d'une tribune publiée dans Le Figaro. Derrière cette formule, une alerte : la France comptera près de 5 millions de personnes de plus de 85 ans en 2050, contre un peu plus de 2 millions aujourd'hui.

Jean-Marc Borello (Groupe SOS), Luc Carvounas (UNCCAS), Stéphane Junique (VYV), Sylvain Rabuel (DomusVi), Laurent Guillot (emeis) et Marc Bourquin (FHF) s'unissent autour d'un Pacte de confiance. Leur message est clair : sans loi ambitieuse ni moyens nouveaux, le vieillissement se transformera en crise sociale et sanitaire majeure.

Réformes et simplification : un chantier en cours

Jean-Benoît Dujol, directeur général de la cohésion sociale, et grand témoin, a re-présenté la réforme de fusion des sections soins et dépendance, expérimentée dans 23 départements. « L'objectif n'est pas de réinventer le modèle économique, mais de simplifier la vie des gestionnaires et de mieux soutenir les établissements », a-t-il indiqué.

Les retours de terrain oscillent entre prudence et optimisme. « En Bretagne, nous avons été accompagnés avec une clarté remarquable », souligne Nicolas Utzschneider (Univi). Mais d'autres alertent sur les risques d'inégalités territoriales ou d'éviction des personnes les plus fragiles.

Même débat autour du dispositif Perf'Ehpad proposé par l'ANAP, qui impose aux établissements un autodiagnostic et des outils de pilotage. « Pas toujours agréable, mais utile pour se remettre en question », reconnaît un directeur.

L'Ehpad de demain : lieux de vie et intelligence artificielle

« Comment rendre l'Ehpad désirable ? » interroge Florence Mathieu, fondatrice de l'agence Aïna. Sa conviction : tout se joue dans les détails. Changer un sol, varier les luminaires, créer de petits salons conviviaux, mettre une cafetière à disposition... Autant de gestes simples qui transforment le quotidien, à condition de toujours réinterroger l'usage qui est fait du lieu.

Le numérique n'est pas en reste. Pour Anaëlle Valdois (ANAP), l'intelligence artificielle peut déjà aider à prévenir les chutes ou détecter les fragilités. Mais elle prévient : « L'IA ne doit pas être une solution plaquée. Elle doit répondre aux besoins réels des établissements et être interopérable. »

Côté qualité et référentiel, Jean Lessi (HAS) a défendu un outil pensé autour de la personne et de son autodétermination. Mais Didier Sapy (Fnaqpa) alerte sur le risque que l'évaluation devienne un simple contrôle sanctionnant, cassant la dynamique d'amélioration.

Redorer l'image des Ehpad : la force de la communication

Longtemps critiqués, parfois caricaturés, les Ehpad cherchent aujourd'hui à changer de regard. Certains directeurs ont pris le pari de la transparence et de la communication positive.

Aux Jardins d'Haïti, on ne parle plus d'Ehpad mais de « Maison à vivre ». Une crèche, un espace de co-working et même un restaurant ouvert aux habitants du quartier ont été installés. « L'établissement est devenu une place de village, ouvert sur l'extérieur; nous envisageons même d'y créer une piscine pour les jeunes du quartier », explique son directeur Laurent Boucraut. Résultat : zéro turnover et un taux de remplissage de 100 %.

Pascal Segault (association Adages - 34) mise sur les réseaux sociaux dont linkedIn. Ses séquences n'enregistrent pas moins d'1,5 million de vues en moyenne, et favorisent grandement l'attractivité de l'établissement.

« Cela crée une curiosité bienveillante autour de l'Ehpad". Photos des animations, vidéos virales, échanges quotidiens avec les familles créent du lien et rassurent les familles. « A noter, une photo/annonce postée sur les réseaux a généré 52 candidatures spontanées », raconte Pascal Segault.

Donner sens à la fin de vie

Au-delà des chiffres et des réformes, la philosophe Delphine Horvilleur a rappelé un enjeu plus intime : comment accompagner la mort et le deuil ? « La mort n'est pas le contraire de la vie, mais le contraire du langage. L'essentiel est de continuer à parler de ce qui rayonne encore », a-t-elle confié, invitant à briser le tabou qui entoure la fin de vie en Ehpad.

Et maintenant ?

L'Assurance maladie, par la voix de Marguerite Cazeneuve, Directrice déléguée de l'assurance maladie, appelle à un virage majeur : investir dans la prévention, diagnostiquer plus tôt les maladies chroniques, soutenir les soins à domicile. Car d'ici 2030, le vieillissement sera la première dépense de santé du pays.

En filigrane de ces Assises, une conviction partagée : l'Ehpad de demain ne sera pas seulement un lieu de soins, mais un lieu de vie, ouvert, connecté et repensé autour des personnes âgées elles-mêmes.

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