Dans le n° 14-novembre 2011  458

" Les mains de Caroline "

Caroline Hampton finit ses études d'infirmière à New-York en 1888 et l'année suivante, à l'occasion de l'ouverture du célèbre John Hopkins Hospital, elle est recrutée comme infirmière chef du bloc opératoire par le non moins fameux chirurgien William S. Halsted. La désinfection des mains, réalisée avec des produits mercuriels et phénoliques, n'eu pas l'heur d'être tolérée par la jeune femme qui développa dès l'hiver 1989 une dermatite invalidante des mains.

Dans une lettre passée à la postérité Halsted écrit que " comme il s'agissait d'une femme d'une efficacité inhabituelle ", il décida d'écrire à la société dirigée par Charles Goodyear, qui venait de mette au point la vulcanisation du caoutchouc, pour faire élaborer deux paires de gants à l'usage protecteur des mains de son infirmière. Si la photo qui reste de ce prototype évoque plus une paire de gants de ski, il eu rapidement un grand succès au bloc opératoire tout d'abord chez l'assistant chirurgien du maitre dont l'histoire retint le fameux " Et Vénus vint en aide à Esculape " qu'il prononçât peu avant d'être le témoin de mariage de William et Caroline en juin 1890. Efficacité et sentiments ne donc pas incompatibles au bloc opératoire.

Même si toute l'histoire des gants en médecine n'est pas aussi romantique, la protection des soignants et leur tolérance cutanée ont continué à en être les moteurs. Les gants se sont répandus dans l'activité médicale pour améliorer l'asepsie des soins et pour protéger les professionnels des risques d'exposition aux produits biologiques. Les gants en vinyle puis en nitrile sont apparus. Les gants poudrés, qui contenant un allergisant amidon de maïs au départ, se sont fait sans poudre et ce aussi pour répondre à la généralisation de l'hygiène des mains par friction, les solutions hydroalcooliques se mariant mal avec les résidus de poudre.

Comme tout progrès l'usage large des gants s'est accompagné de quelques dérives d'utilisation porteuses de risques. La sensation de sécurité amenée par des gants de plus en plus confortables et anatomiques a parfois fait oublier que les gants comme les mains se contaminent au rythme des soins et activités réalisés. Un travail récent mené par l'équipe d'hygiène du CHU d'Angers, tant en établissements de santé qu'en EHPAD, a montré qu'une action pédagogique associée à l'observance des pratiques a permis de faire baisser de 33 à 23% le port inadapté, par excès ou par défaut, des gants. Au cours du projet les auteurs ont du, par des actions pédagogiques innovantes, comme l'usage de scenario, faire évoluer les représentations des professionnels comme celle selon laquelle l'environnement ne pouvait pas être associé à la transmission de microorganismes. Il en va en EHPAD comme dans tous les lieux de soins et les recommandations nationales sont claires à savoir : " Il est fortement recommandé de réaliser une hygiène des mains avant de porter des gants et après avoir retiré les gants ".

Et-vous, quelle vision avez-vous du port des gants ?

Docteur Pierre Parneix,

Médecin de santé publique et responsable du CCLIN Sud-ouest

En savoir plus :

http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2943454/pdf/bumc0023-0389.pdf

http://www.sf2h.net/publications-SF2H/SF2H-ORIG_prevention-des-infections-dans-les-ehpad-2009.pdf

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