Dans le n° 130-juillet 2021  - Interventions non médicamenteuses  11995

« La formation continue est essentielle »

Grégory Ninot, professeur à l'université de Montpellier, directeur adjoint de l'Institut Desbrest d'épidémiologie et de santé publique (UA11 INSERM) consacre ses recherches à l'évaluation des interventions non médicamenteuses. Auteur de 153 articles dans des revues scientifiques internationales et de 11 ouvrages, il a fondé et dirige depuis 2011 la plateforme collaborative universitaire CEPS (FRE 2035 CNRS).

Quels sont les arguments qui plaident en faveur du développement des interventions non médicamenteuses en Ehpad ?

La science différencie aujourd'hui les pratiques d'animation des interventions non médicamenteuses (INM) qui ont un impact significatif sur la santé des résidents. Depuis dix ans, le rapport de la Haute Autorité de santé sur le développement de la prescription de thérapeutiques non médicamenteuses validées (1), la stratégie nationale de santé 2018-2022 et le plan maladies neurodégénératives 2014-2019 imposent de mettre en oeuvre des actions efficaces améliorant la qualité de vie, l'autonomie et la santé des personnes accueillies en Ehpad. J'ajouterais que les différents confinements à cause de la Covid-19 ont cruellement révélé les manques en la matière.

Comment décririez-vous les effets des INM sur la santé ?

En dix ans, le nombre de publications scientifiques sur le sujet a été multiplié par trois. De plus en plus d'études comparatives et d'essais cliniques mettent en évidence de manière rigoureuse des bénéfices sur la santé à la condition que les programmes soient maîtrisés par des professionnels formés (2). A titre d'exemple, des revues systématiques d'études démontrent que des programmes de stimulation cognitive, de réhabilitation cognitive et de réminiscence améliorent la gestion spatio-temporelle, la mémorisation et les capacités d'attention des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. Des programmes de musicothérapie améliorent la gestion du stress et la régulation des émotions. Des thérapies assistées par l'animal diminuent l'agitation et les comportements agressifs. Je citerais également des programmes d'activités physiques adaptées (APA) dont certains préviennent les atrophies musculaires, le déconditionnement et la peur des chutes. Citons par exemple les méthodes Otago et PEM-ES qui, après trois mois de pratique, divisent par deux les chutes accidentelles nécessitant une hospitalisation après un an, hospitalisation dont on connaît les conséquences sociales et économiques.

Les professionnels intervenant en Ehpad maîtrisent-ils suffisamment ces méthodes ?

La formation continue sur les INM est effectivement essentielle car aujourd'hui, les différents professionnels des Ehpad sont de mieux en mieux formés en formation initiale à la qualité de la relation avec le résident, à l'aménagement sécuritaire de l'environnement et aux théories sur le vieillissement. Par contre, les contenus des activités proposées sont souvent guidés par la croyance que toutes les pratiques se valent. Par exemple, toutes les pratiques corporelles proposées aux résidents se valent. Toutes les activités cognitives seront bénéfiques. Or, c'est là où la recherche montre que des méthodes sont meilleures que d'autres en termes de bénéfices sur la santé, la qualité de vie, l'autonomie, et parfois, la longévité, comme en termes de limitation des risques et d'acceptabilité (3). Ces programmes, connus aujourd'hui sous l'appellation INM, disposent de cahiers des charges précisant l'objectif principal de santé visé, le contenu (procédure, nombre de séances, techniques, matériels, précautions d'usage), la population cible, le moment du parcours et le métier du professionnel. Les INM ne doivent pas être perçues comme de simples animations mais comme des méthodes de santé (prévention ou soin) validées scientifiquement. Le Dr John Campbell, gériatre et gérontologue néo-zélandais, a par exemple mis en évidence l'échec de l'incitation de santé publique à marcher chez les plus 75 ans pour limiter les chutes. Il a ainsi inventé et éprouvé scientifiquement et cliniquement la méthode Otago. Le programme est composé d'exercices progressifs et ciblés de renforcement musculaire, d'endurance, de coordination motrice et d'équilibration. Un manuel est disponible en ligne. Des formations continues sur cette INM comme sur d'autres existent désormais en France.

Où trouver de l'information fiable sur ces sujets ?

En 2011, la HAS publiait un rapport demandant une organisation et une information des professionnels sur les pratiques de santé fondées sur la science ne relevant pas des médicaments, des chirurgies ou des dispositifs médicaux, les INM (1). Malheureusement, dix ans plus tard, nous n'avons pas progressé. Pire, des responsables d'Ehpad et des familles sont de plus en plus sollicités par des charlatans louant diverses médecines alternatives. C'est la raison pour laquelle nous avons lancé un appel collectif aux autorités pour encourager les pouvoirs publics à agir (4). Il est urgent de fournir des données fiables sur les INM et de les distinguer clairement des animations socioculturelles, des recommandations générales de santé publique et des médecines alternatives. Avec un peu optimisme, signalons quelques signes positifs. Tous les étudiants en médecine reçoivent depuis 2020 un enseignement obligatoire sur les INM. Un colloque professionnel annuel sur les bonnes pratiques des INM pour mieux vieillir a été organisé le 3 juin 2021 (5). Les vidéos sont disponibles en replay.

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