Dans le n° 101-février 2019  -  Interview  10318

La démarche écoresponsable est applicable à toutes les familles d'achats

Trois questions à Nathalie Paillon, Directrice des opérations et des études à l'Observatoire des achats responsables (ObsAR)

Quelle est la définition d'un achat responsable ?

Un achat responsable est un achat dont les impacts environnementaux, sociaux et économiques sont les plus positifs possibles sur toute la durée du cycle de vie et qui aspire à réduire au maximum les impacts négatifs. C'est la définition précisée par la norme ISO 20400. Il s'agit donc d'achats pour lesquels on va regarder de manière plus élargie le contexte dans lequel ils sont effectués et on va s'intéresser aux risques liés aux produits mais également à ceux liés aux fournisseurs.

L'Observatoire des achats responsables a fait apparaître qu'il n'y avait pas d'incompatibilités entre achats responsables et maîtrise des coûts. Comment convaincre davantage de directeurs d'EHPAD de s'engager dans cette voie, notamment dans un contexte de contraintes budgétaires ?

La vraie porte d'entrée est d'intégrer dans son processus achats une logique de cycle de vie des produits et de coût global. Cela répond à deux éléments essentiels de la démarche achats responsables : en premier lieu, acheter le moins possible, ce que l'on appelle le juste besoin et par ce biais-là éviter ainsi l'achat gaspillage, des produits non utilisés. Il y a donc un aspect coût évident et économie de ressources. Et ensuite s'interroger sur la gestion des déchets et la manière de les réutiliser. Avant d'acheter, un directeur d'établissement doit prendre en compte le cycle de vie du produit du début jusqu'à la fin, jusqu'à ce qu'il « sorte » de son établissement. C'est ce coût global du circuit de ce produit qui doit être optimisé. Un directeur d'EHPAD a naturellement cette vision car il est responsable des dépenses globales de son établissement. Sur le "poste alimentation", par exemple, si l'EHPAD achète le moins cher possible, cela aura une conséquence sur le "poste déchets". De mauvais produits alimentaires vont générer beaucoup de déchets puisque les pensionnaires ne vont pas bien manger. La maison de retraite va donc beaucoup jeter. En revanche, si l'établissement regarde les deux postes de dépenses "alimentation" et "déchets" en parallèle, il va se rendre compte qu'une action pour améliorer la partie alimentation va avoir un impact positif sur les déchets, et réaliser ainsi des économies.

La démarche achats responsables est souvent engagée sur le volet des achats alimentaires dans les EHPAD. Pour les produits d'incontinence, par exemple, qui représente un achat conséquent pour certains établissements et producteurs de déchets, il n'y a pas encore de vraie offre d'achats responsables. Comment faire ?

La démarche achats responsables n'est pas uniquement liée aux « produits verts ». Elle est applicable à toutes les familles d'achat, à tout ce qu'un établissement va acheter. Il n'y a pas forcément de produits « verts » pour tout. En revanche, dans la démarche achats responsables, l'établissement va rechercher le ou les produits les moins impactants écologiquement. En effet, certains produits n'existent pas sur le marché. Il faut donc faire le meilleur choix, un choix éclairé par rapport à l'offre disponible.

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