La piscine délasse, apaise, redonne confiance et mobilité. Pour les personnes âgées, elle devient un espace de bien-être et de réappropriation du corps ; pour les professionnels, une parenthèse joyeuse et complice. Organiser une sortie à la piscine n'a rien d'insurmontable -pour peu qu'on sache susciter l'envie, et embarquer chacun dans ce bain de vitalité.
Plonger, nager, pour retrouver la liberté
Emmener des résidents d'Ehpad à la piscine peut, de prime abord, inquiéter ou sembler saugrenu. Mais les réticences tombent vite, une fois les bienfaits constatés. « Certains collègues étaient catégoriques : jamais ils n'iraient à la piscine. Et puis, en voyant les sourires sur les visages à la fin de la séance, ils ont changé d'avis », raconte Sandra Gabard, référente animation à l'Ehpad public Au Bon Accueil, dans les Deux-Sèvres. « La piscine crée des moments magiques », assure de son côté Pauline Tardy, enseignante en activité physique adaptée et santé au sein de l'Ehpad public de Salbris dans le Loir-et-Cher. Dans l'eau, la loi de la pesanteur s'estompe. Les résidents en fauteuil retrouvent une forme de liberté. Le contact avec l'eau procure détente et relaxation. C'est l'occasion de se réapproprier son corps. Et pour les professionnels, de voir les personnes âgées reprendre confiance en elles. « Une personne hémiplégique a pu évoluer dans la piscine en autonomie, se promener sur le dos avec un engin flottant », témoigne Pauline Tardy. Pour Sandra Gabard, les plongeons hebdomadaires d'un résident de 99 ans demeurent un souvenir mémorable. « Il avait créé son rituel. Le personnel de la piscine l'attendait. Il arrivait. Il plongeait et on l'applaudissait tous ». La piscine donne le sentiment que tout est encore possible.
Comme le vélo, la natation ne s'oublie pas
L'activité n'est pas réservée à ceux qui savent nager. Le simple fait de marcher dans l'eau est relaxant et bienfaisant. « La piscine permet de retrouver de l'autonomie et de travailler l'équilibre, la coordination, et même le souffle, à condition d'installer une régularité dans les séances », ajoute Pauline Tardy. Pour ceux qui savent nager, la natation fait appel à la mémoire procédurale. C'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas. « Nous sommes souvent surpris de constater les capacités de nage des habitants », témoigne Dosseh Edjinawo, aide-soignant au sein de l'Ehpad de la Croix rouge russe à Nice qui organise des sorties à la plage. « On aurait donc vraiment tort de se priver ».
Tisser des liens
Pour organiser un cycle à la piscine, on peut commencer par sonder les résidents. Il faudra les rassurer. « Mais face à l'inconnu, les résidents souffrant de troubles cognitifs ont parfois moins de barrières », constate Sandra Gabard. Il faudra ensuite contacter la piscine municipale pour privatiser un créneau et s'assurer de disposer de fauteuils et d'une nacelle de mise à l'eau. Un ratio d'un accompagnant pour un résident est a priori nécessaire pour le change dans les vestiaires et le suivi dans le bassin. Mobiliser une équipe suffisante (animateur, soignant, bénévoles...) sera peut-être la partie la plus difficile. Il faut enclencher la dynamique. Un pari gagnant pour Pauline Tardy et Sandra Gabard. Au-delà des bienfaits physiques, ces sorties aquatiques permettent de tisser des liens entre les professionnels et les personnes âgées. « C'est une bouffée d'air frais pour tout le monde », assure Sandra Gabard.
Armelle Gegaden
