Une maison partagée a ouvert ses portes mi-mai à Donnezac (Gironde). Cet habitat inclusif géré par le Centre intercommunal d'action sociale (CIAS) cible les personnes isolées, et fonctionne sur le modèle de la colocation.

Donnezac : une maison partagée pour lutter contre l'isolement
La maison de 230 m2, située en face de l'école communale, est organisée en H proposant de chaque côté de la bâtisse, trois chambres de 21 m2 (soit six chambres au total) dotées d'un sanitaire privé et d'une douche. Au centre de la maison, les espaces communs : salon, cuisine, salle à manger, un sanitaire pour les visiteurs, une salle technique (chaufferie, buanderie) et un jardin. « Dès que la maison a été livrée, nous nous sommes occupés de l'équipement et de l'ameublement des parties communes, car les colocataires meublent leur propre chambre », rapporte Samuel Sauvourel, directeur du CIAS, gestionnaire de la maison partagée.
D'une Marpa à une maison partagée
Cette maison partagée est la concrétisation d'un projet initié dès 2017. A l'origine, la communauté de communes (CDC) envisageait de créer une Maison d'accueil et de résidence pour l'autonomie (Marpa) afin de disposer d'une solution d'hébergement pour les administrés isolés. Mais le niveau de services proposés impliquait des loyers trop élevés au regard du montant des retraites perçues par la majorité des habitants du territoire. Avec l'adoption de la loi Elan en novembre 2018, « les élus se sont orientés vers l'habitat inclusif avec une maison partagée, sans prévoir de services à la personne pour maintenir un niveau de loyer accessible », précise le directeur. Ce choix a un impact direct sur le profil des colocataires : la maison s'adresse à des personnes en grande partie autonomes, mais qui ne peuvent plus ou ne souhaitent plus rester chez elles car elles souffrent d'isolement ou leur logement est inadapté. En 2019, la CDC répond à un appel à projet sur l'habitat inclusif émis par la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) et du Conseil départemental. Il lui permet d'élaborer un premier projet architectural, pourtant « retoqué » par les Bâtiments de France. C'est seulement en 2024, avec un nouveau plan pour une maison bioclimatique, que les travaux commencent. La maison est finalement livrée en mars 2025.
L'animation du projet de vie sociale et partagée
La CDC a choisi d'attribuer la gestion de la structure au CIAS, qui accompagne également les colocataires dans la rédaction de leur projet de vie sociale et partagée (PVSP). Fin mars, le CIAS organise deux journées portes ouvertes, à l'issue desquelles 15 dossiers de candidatures sont déposés. Début avril, Samuel Sauvourel convie l'ensemble des candidats pour un premier échange autour du PVSP, rendez-vous auquel dix personnes se présentent. Courant avril, trois nouvelles réunions sont planifiées pour approfondir la réflexion sur le fonctionnement de la colocation. « Ensemble, les candidats s'interrogent sur l'organisation de la vie commune dans la maison et les modalités de mise en oeuvre des activités de loisirs », explique le directeur avant de poursuivre : « Chacun doit être conscient qu'il s'agit bien d'une colocation, ce qui implique une certaine autonomie. » Bien entendu, si un habitant souhaite bénéficier d'un service spécifique, comme du portage de repas, c'est tout à fait envisageable dès lors qu'il peut le financer. Chacun est également responsable de l'entretien de son logement. Les aides techniques dont les personnes disposent, sont reconductibles au sein de la maison partagée. « Nous pourrions aussi envisager une mutualisation des plans d'aide, notamment l'Allocation personnalisée d'autonomie (APA), pour profiter d'une aide à domicile quotidienne pour l'ensemble de la structure plutôt que d'une heure par personne », confie le directeur, en précisant que cette option doit être approuvée par le Conseil départemental. La réflexion commune permet en outre de définir l'accompagnement à mettre en place pour faire vivre le PVSP : un animateur, un gestionnaire de stock ou une maîtresse de maison. « Il revient aux colocataires de décider, insiste Samuel Sauvourel. Nous pouvons les orienter mais pas les influencer. Sinon le projet, qui doit être révisé une fois par an et à chaque nouvelle entrée, ne tiendra pas. »
Son élaboration a également influencé les candidatures finales en sachant que les membres du conseil d'administration du CIAS ont aussi défini huit critères pondérateurs pour départager les futurs colocataires : âge, implantation territoriale, motivation, autonomie, habitat actuel, présence d'animaux, addictions éventuelles et ressources. « Nous devons aussi percevoir chez chaque postulant une volonté d'entraide », insiste le directeur. Cinq personnes ont finalement maintenu leur candidature, la structure a ouvert ses portes mi-mai.