Dans le n° 110-novembre 2019  - Gestion des risques  10718

« Korian a systématisé les campagnes de prévention autour du bon usage du médicament »

Membre de l'association Bon usage du médicament, le groupe Korian mène depuis plusieurs années des actions pour prévenir et diminuer le risque de iatrogénie notamment en EHPAD. Interview de Paul-Émile Haÿ, directeur médical et soins du pôle France Seniors de Korian.

Quelle est la politique du groupe Korian pour lutter contre le risque iatrogénique en EHPAD ?

Korian a rédigé une politique médicale en France qui est mise en musique ensuite dans chacun des 4 pays (Allemagne, Belgique, Italie, Espagne). Elle comporte 10 engagements dont le numéro 8 est de "favoriser le bon usage du médicament pour que le médicament soit toujours une chance". Pour le réseau France, il y a la dynamique de s'investir dans la définition et la promotion du bon usage médicament à travers l'association Bon usage du médicament dont Korian est membre. Le livret du "Bon Usage des Médicaments en gériatrie" en est un très bon exemple. Il est diffusé aux médecins traitants et aux médecins coordonnateurs dans les établissements.

Quelles actions sont menées pour oeuvrer à la sécurisation du circuit du médicament ?

Les professionnels dans chaque EHPAD ont obligation, chaque année, de faire une autoévaluation du circuit du médicament sur le principe de l'outil InterDiag mis en place par l'ANAP. Elle est supervisée par des responsables de soins régionaux qui mettent en place les actions correctives nécessaires. Par ailleurs, tous les dix-huit mois une démarche qualité par audit interne évalue les axes essentiels du circuit du médicament. Nous avons aussi une démarche de prévention et de déclaration des événements indésirables simples ou graves avec une remontée systématique vers notre système qualité interne. Cela donne lieu à des analyses de causes et à des retours d'expériences pour voir comment améliorer le circuit du médicament sur le site concerné et ensuite donner des enseignements aux autres établissements. Enfin, plus de 90% de nos EHPAD ont mis en place avec leur pharmacien d'officine un partenariat permettant d'assurer la préparation des doses à administrer (PDA). Nous avons également systématisé les campagnes de prévention internes autour du bon usage du médicament et de la prévention des risques. A la règle des 5 B "administrer au Bon patient, le Bon médicament, à la Bonne dose, sur la Bonne voie, au Bon moment", nous avons préféré la règle des 7 B en ajoutant la Bonne information et la Bonne traçabilité.

L'informatisation du circuit du médicament permettra-t-elle de mieux lutter contre le risque iatrogénique ?

Oui, d'ailleurs nous sommes en train de déployer sur le réseau Seniors plus de 3000 tablettes numériques, 10 tablettes par EHPAD, pour que chaque soignant, notamment les infirmières qui sont les premières concernées, dispose d'un outil de traçabilité de l'administration des médicaments au lit du malade, de façon instantanée.

Afin de sécuriser l'étape d'administration des médicaments, on promeut aussi auprès des médecins prescripteurs, autant que possible et quand il n'y a pas de contre-indication, les prises médicamenteuses sur le matin car c'est le moment de la journée où les professionnels sont le moins dérangés pour l'administration des médicaments.

La consommation des psychotropes chez les personnes âgées reste préoccupante en EHPAD. Quelle est la position du groupe Korian en la matière?

Nous sommes convaincus qu'il y a des façons non-médicamenteuses de prendre en charge les troubles du comportement. Korian a commencé à déployer dès 2015 tout un socle de thérapies : le chariot Flash, l'activité physique adaptée notamment avec Siel Bleu, la prévention par le Ludospace, HappyNeuron, la méthode d'entraînement cérébral. Ce sont des solutions alternatives à promouvoir auprès des médecins prescripteurs. Dans ce cadre de la déprescription, Korian avait pris également position contre les médicaments anti-Alzheimer avant même leur déremboursement en estimant qu'ils n'apportaient pas un plus notamment aux personnes âgées en EHPAD. Leur déremboursement s'est accompagné d'une franche réduction voire d'un arrêt de prescription en EHPAD.

Le décret du 5 juillet 2019 étend le droit de prescription du médecin coordonnateur (Medec). Cela va-t-il changer la donne ?

A mon sens, ce qui est plus important que l'extension du droit de prescription du médecin coordonnateur est le fait que le décret a légitimé la valence gériatrique du médecin coordonnateur. L'alinéa 6 du texte précise que le Medec « coordonne la réalisation d'une évaluation gériatrique et, dans ce cadre, peut effectuer des propositions diagnostiques et thérapeutiques, médicamenteuses et non médicamenteuses. Il transmet ses conclusions au médecin traitant ou désigné par le patient. » En clair, si le médecin coordonnateur juge un médicament inapproprié, il a le plein droit de l'indiquer au médecin traitant du résident sans que l'on puisse lui faire le reproche d'une anti-confraternité, d'une ingérence. Le texte reconnaît, de façon claire, au médecin coordonnateur un rôle de superviseur gériatrique. Il est donc fondé à donner un avis gériatrique y compris sur les prescriptions.

L'alinéa 13 est un appendice de l'alinéa 6. Il précise que le médecin coordonnateur peut intervenir pour tout acte, incluant l'acte de prescription médicamenteuse, lorsque le médecin traitant ou désigné par le patient ou son remplaçant n'est pas en mesure d'assurer une consultation. En somme, le médecin coordonnateur est garant de la gériatrie et au passage il a le droit de prescrire, cela ne fait pas de lui un médecin traitant mais un superviseur gériatrique. Il est nécessaire que tous les médecins coordonnateurs soient compétents en gériatrie de façon très claire. Ce décret insiste sur cette valence gériatrique du médecin coordonnateur, or le DU [diplôme universitaire] de Medec ne qualifie pas en gériatrie. On est coordonnateur quand on est bon gériatre !

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