Dans le n° 86-novembre 2017  7614

La question des aidants, l'inquiétude qui monte

La société française, touchée par la longévité et l'explosion des maladies chroniques, prend de plus en plus conscience de l'importance du rôle des aidants d'un proche et de la nécessité de les soutenir.

Pourtant, après la création de la journée nationale des aidants en 2010 et l'inscription d'une reconnaissance de droits concrets dans la Loi d'adaptation de la société au vieillissement de décembre?2015, c'est le calme plat. Or, selon un sondage Ifop de septembre?2017, commandité par Adhap Services, les Français sont 82?% à exprimer une très forte inquiétude (y compris 67?% des 18-24 ans) et 91?% à se dire concernés. Voilà qui montre que la société française sait combien la problématique des aidants participe très directement du quotidien de chacun. Face au silence des autorités - mais à l'action du tissu associatif, économique et local - 58?% des Français estiment que le sujet n'est pas une préoccupation des pouvoirs publics. Pour accompagner les personnes fragiles, nos compatriotes sont 68?% à privilégier les professionnels et pratiquement autant, 67?%, à penser que les proches sont les plus légitimes. Cette société du care implique de trouver un équilibre entre mobilisation familiale et amicale et soutien des professionnels. Les uns comme les autres doivent être mieux valorisés, accompagnés et, pour les professionnels, rétribués. Ce sont, au sens large, plus de 3?millions de professionnels dont il s'agit. Et plus 8,5?millions d'aidants d'un proche. Sans compter quelques 4?000?à 500?000?enfants qui se retrouvent à soutenir seul un parent malade. Soit 14?millions de personnes impliquées directement?!

Soutien humain

Lorsque l'Ifop a demandé les aides souhaitées pour assumer plus facilement son rôle d'aidant, le soutien humain s'est situé juste devant l'aspect financier (34?% contre 32?%) et loin devant les aides technologiques (11?%), psychologies (9?%) ou de formation (8?%). En regardant de plus près, on peut remarquer qu'en fonction des revenus (et aussi des couleurs politiques?!) la priorité humain/financier s'inverse. Ainsi l'aide humaine est demandée en priorité par 40?% des personnes dont le foyer dispose de revenus de plus de 4?000?euros par mois, et ils sont seulement 30?% à la demander chez celles disposant de moins de 1?500?euros. À l'inverse, ce sont les plus modestes qui, à 36?% évoquent l'aide financière, contre seulement 21?% pour les foyers les plus privilégiés.
La question de l'humain, de la valorisation des personnels est centrale. Le gouvernement ne devrait-il pas faire de l'emploi dans le secteur de l'accompagnement et du soin, un axe majeur de sa politique?? Il y a à faire tant sur le plan de la valorisation financière et symbolique, des professionnels de l'accompagnement, mais aussi via un effort de recrutement et de formation des personnels de santé et de soin. Il s'agit de plus de trois millions de personnes qui participent, à des niveaux hiérarchiques, symboliques et matériels très divers, à la qualité de vie d'une part croissante de la population. Cela repose aussi sur une volonté de professionnaliser et renforcer, aussi bien les structures d'aide et d'accueil à la personne fragile, que les personnels dont l'implication implique un meilleur suivi. Des professionnels du care qui sont souvent aussi fragilisés par des conditions de vie difficiles. La société française a tendance à oublier ces hussards blancs du soin, en particulier les plus invisibles et fragiles. Pourtant, selon le même sondage Ifop de septembre?2017, 68?% des Français estiment que les professionnels de l'aide à domicile sont les plus légitimes pour intervenir auprès d'un proche en grande fragilité.

16/04/2024  - Associations

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Le texte améliore pour les bénévoles le droit à formation et le recours au contrat d'engagement, élargit le mécénat de compétences à toutes les entreprises et il simplifie les conditions de prêt entre associations et permet des conventions de trésorerie entre associations membres d'un même groupe.
01/04/2024  - Partie III

Pas de société de la longévité sans volonté de valoriser les métiers du care

Dans les deux précédentes contributions autour de la valorisation des métiers de l'accompagnement des aînés les plus fragiles, nous évoquions les questions de management et d'évolution sociologique des manières d'aborder la vie professionnelle. Mais l'enjeu est aussi de repenser le fonctionnement administratif.
01/04/2024  - Chronique

Un café dans mon Ehpad!

Madeleine de Proust d'une France de carte postale, le café de village constitue souvent le seul lieu de rencontre et d'échange alors même que selon l'INSEE, 62 % des communes ne disposent plus d'aucun commerce.
01/04/2024  - Billet

Salut Richard

C'était d'abord une voix forte. Qui ouvrait des voies. Celles qu'il a défendues tout au long de sa carrière. Brillant et apprécié pour ses redoutables compétences lors des débats car travaillées constamment, méthodiquement, désintéressées et reconnues.  ...
01/03/2024  - Billet

Réjouissant de bon sens

Si j'étais taquin, j'aurais pu dire « décoiffant de bon sens ». Et Serge Guérin aurait su apprécier.  ...
01/03/2024  - Partie II

Pas de société de la longévité sans volonté de valoriser les métiers du care

Le vieillissement de la population implique de valoriser, d'accompagner et mieux rétribuer les professionnels de l'accompagnement des personnes fragiles. Une grande partie des métiers que l'on disait de vocation et qui relèvent aujourd'hui plutôt de l'engagement, pour éviter la notion religieuse et de sacrifice, ne trouvent plus preneurs.
10/02/2024  - Entreprise à mission

Clariane: le Médiateur publie son rapport d'activité 2023

2023 est une année marquée par le déploiement de la médiation interne grâce à un réseau de 11 facilitateurs formés et reconnus qui se déplacent au sein du groupe.
01/02/2024  - Billet

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Bon, c'est désormais compris. Mais il en aura fallu du temps. Une grande majorité d'âgés veulent rester chez eux. Bien évidemment, la prise en compte de cette volonté n'était pas simple à structurer. Surtout lorsqu'on a fait le choix depuis des dizaines d'années d'un autre modèle reposant quasi exclusivement sur « l'établissement », par dogme ou conviction sincère, en particulier depuis 2003 et la grande canicule qui a traumatisé familles et politiques. ...
01/02/2024  - Partie I

Pas de société de la longévité sans valoriser les métiers du care

Répondre aux enjeux du vieillissement passera par la mise en oeuvre d'une société du care où l'accompagnement bienveillant et mutuel peut contribuer à sortir de la fragilité et aider chacun à devenir auteur de sa vie.