Dans le n° 50-novembre 2014  -  Sport  4297

Escrime et Alzheimer, une activité qui fait mouche

Une personne atteinte d'Alzheimer faisant de l'escrime : l'idée est surprenante. Pourtant c'est l'activité qu'a mis en place le CH Beauvais avec un atelier thérapeutique à destination des résidents d'EHPAD.

L'idée nait en 2013 : la Fédération française d'Escrime souhaite intervenir en EHPAD et lance un appel à projets auquel répond le Docteur Lambertyn, Président de l'Académie beauvaisienne d'escrime. Il conçoit une activité physique adaptée pour tous les malades Alzheimer ou apparentés, à partir de l'escrime. Médecins, soignants et Maître d'arme se sont investis dans ce projet dans le but de retarder l'évolution de cette pathologie.

Le Docteur Xavier Cnockaert, chef du Pôle de Gérontologie du CH Beauvais précise les buts de cette activité originale.

Que font exactement les personnes âgées atteintes d'Alzheimer en terme d'activité physique ?

 Les personnes âgées atteintes de maladie d'Alzheimer qui participent à cette activité originale sont atteintes d'un stade modéré à modérément sévère de la maladie. Leur autonomie leur permet donc de participer sans risque de chute à des activités faisant appel à la coordination et à l'équilibre du corps. En outre elles ne présentent pas de trouble comportemental qui pourrait perturber le groupe et le déroulement de l'activité qui s'effectue sous la direction d'un maître d'armes de la Fédération Française d'Escrime en compagnie d'une psychomotricienne et d'un animateur du service d'accueil de jour de notre établissement.

Par ailleurs les autres activités physiques proposées en Accueil de Jour consistent en promenades, gymnastique douce et jeux de coordination (ballons, cerceaux...).

L'escrime est-il plus qu'un autre sport efficace dans la mobilisation de certaines facultés motrices ?

L'escrime est une activité physique originale qui fait appel à l'équilibre du corps en statique et en mouvement, qui oblige le patient à se propulser en avant pour atteindre un but et qui demande une coordination fine des gestes avec l'épée ou le fleuret. Elle contribue donc à stimuler et stabiliser des fonctions qui tendent à décliner avec l'évolution de la maladie: équilibre, posture, marche en avant, praxies, reconnaissance d'objets colorés à atteindre.

Quels résultats attendez-vous de l'expérience ?

Nous souhaitons à l'issue de ces séances confirmer l'opérationnalité de cette activité auprès de malades cérébrolésés et prouver qu'elle contribue à ralentir certaines fonctions qui déclinent avec l'avancée de la maladie: posture, marche, appuis uni et bipodal, équilibre, propulsion vers l'avant, praxies, gnosies, mémoire. En outre l'activité de groupe renforce les liens sociaux, donne confiance au malade, diminue son anxiété et accroît sa confiance en lui. Cette activité devrait donc diminuer l'anxiété et la dépression, améliorer les activités de la vie quotidienne et diminuer le fardeau de l'aidant.

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