Dans le n° 83-juillet 2017  7454

La voiture autonome, mais encore ?

Dans ce monde de la vitesse - et parfois de la précipitation -, les innovations technologiques vont souvent plus vite que nous ! Ce qui hier apparaissait comme de la science-fiction fait figure aujourd'hui de réalité presque banale. Ainsi depuis quelques années, l'idée émerge de la voiture autonome.

Ce sont les GAFA (Google (aujourd'hui Alphabet), Amazon, Facebook et autre Apple, sans compter Uber) qui sont les plus allant sur le sujet. Les constructeurs automobiles cherchent évidemment à rester dans la course. Cette idée, encore farfelue, il n'y a même pas cinq ans, fait saliver les technophiles, les amateurs de disruption et les assureurs...

À l'heure où les plus âgés sont parfois accusés d'être des dangers au volant, le sujet est d'importance. Les médias sont toujours à l'affût d'un fait divers mettant en avant la conduite dangereuse d'un automobiliste âgé. Si en plus c'est une femme, alors... Or, rappelons d'abord que les accidents mortels mettant en cause un senior concernent neuf fois sur dix, un piéton âgé renversé par un automobiliste pas particulièrement concerné par l'avancée en âge...

Reste que la voiture autonome pourrait permettre à des personnes fragilisées de gagner en autonomie. Du moins sur le papier. Cela nécessitera des investissements en infrastructures et en réseaux qui pourraient privilégier les espaces les plus denses. Au détriment des zones plus rurales où vivent une majorité de personnes âgées. Qui va investir ? Qui sera propriétaire des données de déplacement ? Qui pourra intervenir en cas de panne ou d'accident ? Les questions ne sont pas d'abord techniques, elles relèvent de choix de société, de respect de l'intimité, de liberté individuelle... L'individualisation n'est pas nécessairement synonyme d'autonomie et de liberté...

Bien sûr, la question des assurances viendra aussi sur la table. De la même manière qu'il faut penser l'assurance et la responsabilité des objets connectés et des robots, il importe de réfléchir aux conditions d'assurance de la voiture autonome. Et qui dit assurance, dit responsabilité. La question majeure reste celle de l'incident : le monde informatique connaît régulièrement des bugs. Qui n'a pas perdu un texte ou un tableau budgétaire représentant des heures de travail parce qu'au dernier moment l'ordinateur a supporté une erreur système ? Car l'informatique est très loin du zéro défaut ! Or, perdre un texte c'est très énervant, mais perdre le contrôle de son véhicule c'est bien plus risqué. Pourquoi croyez-vous que le pilotage automatique n'a pas remplacé les pilotes dans les avions ? Le vol de croisière est automatisé. Le décollage et l'atterrissage restent gérés par un humain qui est bien moins souvent défaillant qu'un logiciel.

Il ne faut pas minorer la fonction sociale du transport, ni oublier que le conducteur d'un transport en commun contribue aussi au lien humain. En fait, les questions autour de la voiture autonome nous renvoient aux interrogations qui naissent de tous processus tendant à supprimer l'intervention humaine. La théorie économique s'inspirant de Schumpeter qui avait théorisé la " destruction créatrice " selon laquelle une innovation accélérait la disparition d'une activité - et des emplois qui allaient avec - au profit de la naissance d'une autre activité plus adaptée aux besoins des hommes et censée produire encore plus d'emplois. Le système s'est un peu grippé depuis la révolution numérique...

Il importera aussi de réfléchir aux conséquences sociales (plus de 30 millions d'emplois directs sont concernés dans le monde) et aux problématiques d'assurances et de responsabilité... En cas d'accident qui est le fautif ? Le robot, le programmateur, le créateur de l'algorithme ? Sert-on encore autonome lorsque le pilotage sera confié à la machine ? Les technologies ne sont jamais neutres.

En attendant bonne route !

Serge Guérin, sociologue.

Professeur à l'INSEEC où il dirige le Diplôme " Directeur des établissements de santé "

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