Dans le n° 146-février 2023  - Partie I  14431

Métiers de la prise en soin des seniors, crise de sens et mutations sociétales...

La crise de la Covid a marqué le retour du tragique et des maladies virales dans notre quotidien et nos imaginaires. Or, les professionnels du cure, du care et de l'accompagnement des personnes fragilisées, et des seniors en particulier, manquent de plus en plus.

loin d'être une parenthèse qui sera rapidement refermée, a mis aussi en exergue les difficultés endémiques de l'hôpital, en particulier public, et le développement des déserts médicaux comme des services à domicile. Sans oublier ni les fragilités organisationnelles et technologiques dans le domaine de la santé et de l'accompagnement des plus fragiles, en Ehpad comme à domicile, ni la perte de souveraineté envers des fournisseurs de médicaments et de matériels nécessaires pour les soins établis à des milliers de kilomètres. L'impossibilité d'obtenir de simples masques de protection au moment du pic de la crise Covid et l'impossibilité de développer un vaccin en France resteront comme deux symboles douloureux de notre dépendance et de notre perte de savoir-faire technologiques mais aussi simplement techniques. La santé est aussi une affaire de souveraineté, d'imaginaire et de fierté.

Manque de professionnels et absentéisme

En plus, la France (nos voisins sont pour la plupart dans le même cas) doit faire face à un déficit croissant de professionnels des métiers du soin et de l'accompagnement des personnes fragilisées. Un constat qui n'est pas nouveau mais qui connaît une ampleur sans précédent. Alors que le vieillissement de la population va aller croissant - pensons qu'à partir de 2026, les plus âgés des enfants du baby-boom deviendront des octogénaires, et que les maladies chroniques et les fragilités mentales vont continuer d'augmenter -, il devient toujours plus difficile de recruter et fidéliser les soignants. On manque de tout : médecins, infirmiers, aides-soignants, auxiliaires de vie, personnels de l'accueil et de la restauration... Pour corser le tableau, notons qu'environ 50 % des personnes qui travaillent dans le soin au sens large ont plus de 55 ans... Par exemple, selon la Drees, 47 % des médecins ont 55 ans ou plus et 30  % dépassent les 60 ans... Le vieillissement est sur la même tendance pour l'ensemble des métiers du domicile comme en établissement. Sans compter que le secteur se démarque par un taux d'absentéisme élevé et par un record d'accidents professionnels. En outre, il n'est pas évident que les débats sur la réforme des retraites, fondée sur l'allongement de la durée d'activité, facilitent la mobilisation des salariés du care.

Sens et reconnaissance

Comment renverser la vapeur, alors que les entreprises se font de plus en plus concurrence pour recruter des richesses humaines compétentes et impliquées ? Augmenter les salaires bien sûr. Mais le Ségur de la santé a montré que ces hausses, jugées insuffisantes par les bénéficiaires, n'ont en rien enrayé la « fuite des coeurs ». Une partie des lits d'hôpitaux sont ou restent fermés et de nombreuses personnes ne peuvent être accompagnées à domicile faute de personnels. Le mal est profond qui marque l'écart entre les applaudissements de mars 2020 et le retour au réel des mois suivants, entre la symbolique de ces métiers de la relation et la perte de liens denses et valorisés.


01/07/2024  - Billet

La victoire appartient au plus opiniâtre

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01/06/2024  - Toucher

Découvrir le corps

Toucher des corps qui ne sont ni les nôtres ni ceux des proches aimés. Les couvrir et les découvrir, au gré des soins et des besoins de chacun. Les toucher avec pudeur et respect, dans l'intimité d'une chambre. C'est notre quotidien de soignants, qui prenons soin de ceux qui ont besoin d'assistance pour les actes simples de la vie.
01/06/2024  - Partie I

Virage domiciliaire: Les risques du tête à queue...

Le « virage domiciliaire » est une formule qui sent bon la novlangue administrative et le poncif bureaucratique. Voici des années que ce virage est annoncé, que de nombreuses caravanes publicitaires stationnent sur les aires d'autoroute de la seniorisation... Pour autant, le bilan est maigre.
16/05/2024  - Billet

Éloge du temps

Le débat sur la fin de vie est en cours. Tel un marqueur politique nécessaire, il a été décidé d'en accélérer la réflexion. Il est vrai que le sujet est plus que sensible car on le constate déjà, la sémantique le dispute au fond. On évoque un « modèle français », qui de mon point de vue sera difficile non seulement à construire mais aussi à mettre en oeuvre. Il a été dit qu'il fallait donner du temps au temps. Et cette formule est reprise bien souvent et complaisamment. Sans vouloir procrastiner, car il est légitime qu'une société évolue, j'ai pour autant l'humilité de penser que notre pays est assez enclin à légiférer et « sur-légiférer » sans s'assurer de la réelle application des lois déjà votées. Un consensus se dégage ainsi pour affirmer qu'en matière de fin de vie, la douleur est le facteur essentiel. Et que le nombre de places en soins palliatifs est non seulement insuffisant mais géographiquement injuste. Le sujet presque tabou est difficilement évoqué. Triste constat. La loi Claeys-Leonetti est incomprise, souvent non mise en oeuvre. Elle correspond pourtant à un encadrement important et nécessaire de ces moments si difficiles. ...
01/05/2024  - Billet

Marqueurs de bienveillance

Les débats sur la loi « Bien vieillir » agitent les acteurs du secteur médico-social. Le grand public est plus préoccupé par d'autres sujets sociétaux, anxiogènes et médiatiquement plus à la « une ». Encore une fois, le grand âge est victime du syndrome de l'indifférence et d'un manque de volonté politique face au mur qui se rapproche de plus en plus. C'est un combat permanent, lassant, décourageant souvent, mais essentiel cependant selon le terme si employé lors de la récente pandémie. ...
01/05/2024  - Partie IV

Pas de société de la longévité sans volonté de valoriser les métiers du care

Pour poursuivre notre série sur la valorisation des métiers du care, évoquons les initiatives visant à améliorer très concrètement le quotidien des femmes et des hommes (surtout des femmes) qui travaillent auprès des plus fragiles.
01/05/2024  - Chronique

Et si on arrêtait de cacher les vieux?

La France des vieux, c'est la France du passé, la France d'hier. Place aux jeunes, à la modernité et à l'innovation digitale ! Bien entendu, je ne suis pas sérieux... Je vous imagine déjà sursauter...
01/04/2024  - Partie III

Pas de société de la longévité sans volonté de valoriser les métiers du care

Dans les deux précédentes contributions autour de la valorisation des métiers de l'accompagnement des aînés les plus fragiles, nous évoquions les questions de management et d'évolution sociologique des manières d'aborder la vie professionnelle. Mais l'enjeu est aussi de repenser le fonctionnement administratif.
01/04/2024  - Chronique

Un café dans mon Ehpad!

Madeleine de Proust d'une France de carte postale, le café de village constitue souvent le seul lieu de rencontre et d'échange alors même que selon l'INSEE, 62 % des communes ne disposent plus d'aucun commerce.