Dans le n° 149-mai 2023  - Partie II  14688

Les seniors sont une chance pour les entreprises !

Comme évoqué dans la chronique du mois d'avril sur l'emploi des seniors, des pistes existent pour valoriser l'expérience de ceux qui prennent de l'âge.

D'abord, réfléchissons à des parcours professionnels plus longs et plus souples pouvant intégrer des périodes de respiration où, tous les dix ans, le salarié prend un temps pour lui, pour se former, s'impliquer dans la vie collective... Ces « pauses actives » sont autant de leviers de remobilisation des personnes.

Privilégions aussi une approche plus « à la carte » du départ à la retraite où le salarié senior pourrait progressivement réduire son temps de travail. Ce serait singulièrement bénéfique en termes de santé publique, car le passage brutal à la retraite, quel que soit l'âge, produit un choc difficile à vivre.

Redonner de la souplesse

Dans cette optique, le travail temporaire est aussi une piste à prendre en compte. Elle permet à des salariés de plus de 55 ans de trouver leur équilibre entre travail et temps pour soi en bénéficiant des accords de la branche sur la portabilité des droits, l'accès à la formation comme aux régimes de prévoyance et de mutualisation santé. Cette piste permet aux entreprises de répondre à des besoins spécifiques, ponctuels ou liés à des métiers exigeant une grande expérience. Ce serait sans doute plus efficient et moins stigmatisant que de tenter à nouveau un CDD ou un CDI Senior : les acteurs trouvent toujours moyen de contourner ce type de cadre rigide.

Partager et transmettre

La fin de la vie professionnelle pourrait aussi être un temps consacré à la transmission de savoir-faire entre l'expérimenté et un salarié découvrant le métier. Relançons le contrat de génération en le rendant motivant pour les entreprises comme pour les salariés. L'enjeu est ici de valoriser la transmission (formation, sélection, organisation du temps de travail...).

Motiver les professionnels

Mener des politiques actives et adaptées de la prévention tout au long de la vie de travail, centrées sur la santé, la qualité de vie et le maintien de compétences techniques et sociales, contribuerait aussi à réduire les arrêts maladies et renforcerait l'implication et l'efficience des seniors.

Faciliter le regroupement de PME pour employer à plusieurs un expert, un salarié expérimenté et lui offrir des conditions satisfaisantes d'activité pourrait contribuer à améliorer l'emploi des plus de 55 ans et compenser la pénurie de talents subie.

Le sens au coeur de l'action

Orienter et soutenir fiscalement l'emploi des seniors vers les métiers du care (accompagnement des jeunes et des plus fragiles, métiers de la prévention...) en manque structurel répondrait à la fois aux besoins de la société et à la nécessité de favoriser l'emploi des seniors. Terminer sa vie professionnelle en agissant dans les secteurs de la relation et du « coeur »[1], où le sens est central, peut être une belle façon de poursuivre son parcours personnel et de gagner en estime de soi. Dans ces métiers, l'expérience, la capacité de recul et la qualité relationnelle sont essentielles. Des qualités portées par nombre de salariés de plus de 50 ans.

Pour développer ces différentes pistes, il serait aussi opportun de donner plus de responsabilité aux régions afin qu'elles assurent mieux l'orientation et la formation des seniors en prenant en compte les besoins spécifiques en compétences et expériences de leur territoire.

Rendre du sens du travail, valoriser l'expérience et changer le regard sur l'âge peut non seulement améliorer l'emploi des seniors mais signer une ambition qui donne corps à la société de la longévité.


01/04/2024  - Partie III

Pas de société de la longévité sans volonté de valoriser les métiers du care

Dans les deux précédentes contributions autour de la valorisation des métiers de l'accompagnement des aînés les plus fragiles, nous évoquions les questions de management et d'évolution sociologique des manières d'aborder la vie professionnelle. Mais l'enjeu est aussi de repenser le fonctionnement administratif.
01/04/2024  - Chronique

Un café dans mon Ehpad!

Madeleine de Proust d'une France de carte postale, le café de village constitue souvent le seul lieu de rencontre et d'échange alors même que selon l'INSEE, 62 % des communes ne disposent plus d'aucun commerce.
01/04/2024  - Billet

Salut Richard

C'était d'abord une voix forte. Qui ouvrait des voies. Celles qu'il a défendues tout au long de sa carrière. Brillant et apprécié pour ses redoutables compétences lors des débats car travaillées constamment, méthodiquement, désintéressées et reconnues.  ...
01/03/2024  - Billet

Réjouissant de bon sens

Si j'étais taquin, j'aurais pu dire « décoiffant de bon sens ». Et Serge Guérin aurait su apprécier.  ...
01/03/2024  - Partie II

Pas de société de la longévité sans volonté de valoriser les métiers du care

Le vieillissement de la population implique de valoriser, d'accompagner et mieux rétribuer les professionnels de l'accompagnement des personnes fragiles. Une grande partie des métiers que l'on disait de vocation et qui relèvent aujourd'hui plutôt de l'engagement, pour éviter la notion religieuse et de sacrifice, ne trouvent plus preneurs.
01/02/2024  - Billet

L'espoir est dans la proximité

Bon, c'est désormais compris. Mais il en aura fallu du temps. Une grande majorité d'âgés veulent rester chez eux. Bien évidemment, la prise en compte de cette volonté n'était pas simple à structurer. Surtout lorsqu'on a fait le choix depuis des dizaines d'années d'un autre modèle reposant quasi exclusivement sur « l'établissement », par dogme ou conviction sincère, en particulier depuis 2003 et la grande canicule qui a traumatisé familles et politiques. ...
01/02/2024  - Partie I

Pas de société de la longévité sans valoriser les métiers du care

Répondre aux enjeux du vieillissement passera par la mise en oeuvre d'une société du care où l'accompagnement bienveillant et mutuel peut contribuer à sortir de la fragilité et aider chacun à devenir auteur de sa vie.
01/12/2023  - Billet

Vulnérables et capables

Fêter une ou un centenaire dans un établissement n'est plus une exception. Tant mieux. Pour autant, doit-on ne voir de cet âge, si souvent associé à une certaine déchéance, que cette facette festive et considérée comme une performance, accompagnée le plus souvent par les autorités et les médias locaux ? Il est d'autres réflexions qu'il faut considérer. Anne-Solen Kerdraon (théologienne à l'Institut catholique de Paris), dont le nom ne vous vient pas spontanément à l'esprit, évoque lors d'un échange (avec Clotilde Hamon, journaliste pour Famille chrétienne) cette séquence de la vie dont le philosophe Paul Ricoeur soulignait déjà ces deux particularités humaines : vulnérable et capable. ...
01/12/2023  - Partie II

Les «Fractures françaises» sont-elles une affaire d'âge?

À partir de l'étude « Fractures françaises », réalisée par Ipsos pour le Cevipof-Sc Po, nous avions le mois dernier constaté que les retraités sont plutôt plus confiants dans les institutions de la société que le reste de la population. Il apparaissait aussi que le critère social était bien plus prégnant que le fait générationnel pour expliquer les différences de ressentis.