25/01/2023  - Sortie en poche  14516

Les Fossoyeurs bis...

Avec sa sortie en version augmentée, Victor Castanet livre 10 chapitres supplémentaires pour éclairer les suites et conséquences des Fossoyeurs. Jean-Christophe Combe, ministre, fait le point sur l'action du gouvernement.

Alors que l'enquête a déjà fait grand bruit dans le secteur, Victor Castanet met ce 25 janvier la touche finale aux Fossoyeurs, avec la publication en Poche chez J'ai lu de 10 nouveaux chapitres révélant, si le doute était encore permis, les pressions subies et campagnes de désinformation menées pour discréditer le travail engagé.

De sondages truqués dans TPMP (Touche pas à mon poste), l'émission de Cyril Hanouna, en récupérations politiques, de surveillances et mises sous écoute en manipulations et pressions diverses, la suite faite aux révélations est sans grande surprise mais éclaire toutefois les pratiques utilisées pour tenter de réduire l'impact du scandale.

Le secteur a reçu ces révélations de plein fouet. Interloqués d'abord, scandalisés ensuite, effondrés souvent, nombreux sont les professionnels à avoir témoigné de leur soutien. Après la crise de sens, ils ont interrogé leurs pratiques actuelles et futures pour éviter que de tels drames se reproduisent. Le secteur privé, particulièrement impacté, s'est emparé de la question. Il vient ainsi d'élaborer une charte d'engagements et mène une réflexion autour des entreprises à mission.

Au plus haut niveau de l'État

Le ministère des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées quant à lui, va devoir répondre des suites données aux révélations de Victor Castanet. Dans cette version augmentée, le journaliste accuse l'exécutif de ne pas « s'emparer vraiment du sujet ». A part la députée Annie Vidal (dont l'interview est à retrouver dans le prochain numéro de Géroscopie, N°146) qui semble faire preuve de courage et d'autonomie, le sommet de l'État a l'air de vouloir sortir de cette séquence au plus vite. « Le 2 février, Brigitte Bourguignon annonce le lancement d'une double enquête administrative et financière visant le groupe Orpéa. Les ins­pecteurs commencent réellement leur travail la semaine suivante, quinze jours après la publi­cation des bonnes feuilles dans Le Monde. (...) Lors d'une rencontre avec l''un des inspecteurs de Bercy, je lui demande si lui et son équipe ont eu assez de temps pour travailler. Il me répond sans détour : « Non ! » Les deux équipes, composées d'une dizaine de membres de l'IGF et de cinq inspecteurs de l'IGAS, ont en réalité eu un mois pour investiguer, puis deux semaines pour rédiger le rapport. Toutes les preuves de dysfonctionne­ments n'ont pas pu être récupérées, et certaines informations rec?ues n'ont pas pu être traitées. (...) Le rapport est remis au gouvernement le 26 mars, deux jours avant le début officiel de la campagne présidentielle. C'était moins une... ».

Pourtant, depuis un an, on ne peut nier que des actions ont été menées. Pour les éclairer Jean-Christophe Combe, ministre, a tenu une rencontre presse ce mardi 24 janvier, veille de la sortie des Fossoyeurs. En préambule, il précise que la politique du Gouvernement n'a pas été construite en réaction à l'affaire Orpéa mais que cette dernière a accéléré la transformation du secteur et la prise de conscience collective. « Ce livre a créé une onde de choc », révélant un déni sociétal et collectif autour de la question du vieillissement et de l'accompagnement des plus âgés, et imposant de « construire une réponse sur le long terme, dans un processus de transformation profonde ».

Le vieillissement, toujours remisé

Nommé ministre à la fin de l'été, Jean-Christophe Combe souhaite apporter une double réponse à la situation actuelle, marquée par la question de la crise de confiance dans les institutions, dans les Ehpad notamment, bien antérieure à l'affaire Orpéa, et l'accélération du boom démographique, qui devrait entraîner des difficultés structurelles supplémentaires.

Conscients des difficultés et de l'urgence liée à la situation économique difficile pour nombre d'acteurs, amplifiée par la crise des métiers et de l'attractivité, et une temporalité délicate (car il souhaite transformer en profondeur l'offre et le secteur), Jean-Christophe Combe propose une approche en trois points. Elle consiste à mettre en place des contrôles robustes et sérieux pour lutter contre la maltraitance et la crise de confiance, poursuivre la transformation de l'offre pour développer l'offre domiciliaire et offrir des choix de vie, réguler et moraliser le secteur.

Mettre en place des contrôles robustes

Les contrôles ont été la première réponse forte de l'État suite aux révélations des Fossoyeurs, avec la promesse de Brigitte Bourguignon de contrôler les 7500 Ehpad du pays dans les deux ans. 120 contrôleurs sont ou ont été recrutés avec l'aide des ARS et de l'EHESP, et viennent s'ajouter aux 500 contrôleurs déjà mobilisables. Aujourd'hui, 1400 Ehpad ont été contrôlés, dont 700 d'inspections contrôle (c'est-à-dire approfondies). Ils ont fait l'objet de 1794 recommandations, prescriptions et injonctions sur des sujets aussi larges que la gouvernance, les fonctions supports, la prise en charge des résidents, et 11 de saisines du Procureur de la République pour infractions pénales.

Transformer le secteur

Jean-Christophe Combe reconnaît « prendre le train en marche » puisque ses prédécesseurs ont déjà engagé des réformes comme la création de la 5e branche, accompagnée d'une « trajectoire financière ambitieuse ». « C'est presque 10 milliards d'euros de plus dans les 5 années qui viennent pour la branche autonomie, qui passe ainsi de 30 à 40 milliards ». « Ces moyens, on les met à disposition du secteur, ajoute-t-il, pour augmenter le nombre de professionnels dans les établissements. La qualité d'accompagnement des personnes dépend du nombre de professionnels présents pour s'en occuper. C'est la raison pour laquelle nous avons lancé la trajectoire de recrutement de 50 000 personnes », justifie-t-il, conscient que les 3 000 postes chiffrés dans le Plfss sont actuellement insuffisants.

La revalorisation des métiers passe par un ensemble de mesures : la question des salaires, des parcours professionnels, de l'organisation du travail, de l'équilibre entre vie personnelle et professionnelle en travaillant sur les organisations et le management. Le ministre annonce le lancement d'un plan métiers, en deux temps. D'abord début février, l'annonce d'un plan d'urgence pour assurer la qualification rapide de tous les faisant-fonction, en investissant sur leur formation, et en diversifiant les modes de recrutement dans les établissements. Puis au printemps, un plan porté par Elisabeth Borne sur les métiers du care qui entend valoriser les métiers du soin et du lien, de manière globale et concrète.

Moraliser et régulariser le secteur

« J'ai acquis la conviction lorsque j'étais directeur général de la Croix rouge que le rendement économique doit être au service du progrès humain », indique Jean-Christophe Combe. « A fortiori dans ce secteur où l'on est censé accompagner et protéger des personnes vulnérables. On peut avoir un modèle commercial et lucratif, à condition qu'il nous garantisse mettre la priorité sur la qualité de l'accompagnement des résidents, la qualité de vie au travail des salariés, l'humain au coeur de son modèle. » Il entend ainsi travailler sur l'ensemble des leviers du secteur, comme la prise en main des possibilités offertes par la loi Pacte sur les entreprises à mission. « On peut mettre au coeur de l'entreprise un objectif sociétal », interroger le partage de la valeur au sein des entreprises pour que le secteur réinvestisse des bénéfices dans des objectifs d'intérêt général (accessibilité, inclusion, qualité de vie, protection de l'environnement...).

« L'idée serait d'inscrire ces objectifs dans les prochaines lois de financement de la sécurité sociale pour 2024 », conclut le ministre « convaincu que ces mesures, concrètes et précises, permettront de retisser la confiance dans le secteur, et dans les Ehpad en particulier ». Et que « rapidement on se projette vers l'avenir, vus les enjeux multidimensionnels du vieillissement de notre société », car ce défi est aussi une « opportunité pour notre pays ».

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