Dans le n° 50-novembre 2014  -  Danemark  4296

La maison de retraite de demain

Si le Danemark est confronté au même défi démographique que la France, sa réponse à la prise en charge des personnes âgées est substantiellement différente. Compte rendu de découverte.

Petit pays de 5,5 millions d'habitants, le Danemark compte 18,2% de sa population ayant plus de 65 ans et 4,1% de personnes de plus de 80 ans. Ces chiffres sont comparables à ceux de la France. La part du PIB consacrée à la prise en charge des personnes âgées et handicapées est toutefois supérieure à la moyenne de l'OCDE et à la France.

A partir de 1987, la politique nationale s'est orientée sur la continuité des soins, l'autonomie et "l'auto-prise en charge". Cette orientation a entrainé la fermeture ou la reconversion de nombreuses maisons de retraite au profit d'un offre de logements pour seniors et de résidences alternatives. Les loyers ont été ajustés au niveau des prestations retraite des habitants qui ont des bails et des droits comme n'importe quel citoyen. Ces logements ne font pas de distinction entre maison de retraite et résidence services: ce sont les prestations fournies qui font la différence.

Visite d'établissements

Dans la banlieue de Copenhague, à Pilehuset, nous avons visité une maison de retraite "à l'ancienne" accueillant 90 personnes âgées atteintes de démence. Dans cet établissement, le personnel atteint 150 ETP pour 126 résidents. Principale différence : le budget est géré de façon autonome y compris le niveau des salaires du personnel. Les espaces sont vastes et la salle de sport particulièrement bien équipée. Le sous-sol a été aménagé avec une "rue des boutiques" où le résident peut se rendre, toujours accompagné d'un soignant, pour "aller faire son marché". Le personnel ne peut non plus s'y rendre seul. Petite épicerie, boutique hygiène, bar avec billard se succèdent dans un couloir joliment décoré.

Plus au Nord dans le Jutland, la maison de retraite d'Aalborg, une ville de 200 000 habitants, concrétise la nouvelle conception des "maisons de retraite-domiciles". Ce bâtiment a été construit au coeur de la ville pour faciliter les déplacements des résidents et l'ouvrir aux habitants de la ville (restaurant et salle de fitness publics). L'ensemble de la structure est domotisé et fortement connecté à un réseau interne. Tous les logements sont équipés d'un sol détecteur de chutes. En dehors des logements, certains résidents portent des bracelets d'appel avec GPS. Le loyer tourne autour de 1000€ par mois pour un retraité mais les moins aisés ne paient que 350€. Chaque appartement dispose de 50/60 m2 avec cuisine, salon, chambre et salle de bain super-équipée : toilettes à la japonaise, bras de soutien, lavabo pivotant, machine à laver et séchoir, système d'aspiration des déchets avec compression.

Un résident autonome

M. Frank, 92 ans, qui nous a accueilli dans son appartement, est en bonne forme. Il a intégré la maison de retraite en février 2014 après avoir fait deux chutes à son domicile. Là, il dispose d'un véhicule électrique pour se déplacer dans la résidence et d'un autre véhicule pour aller en ville. L'ensemble de ces équipements sont prêtés par la municipalité. Son appartement est pré-équipé de rails et d'un lève-personne qui s'escamote dans un meuble spécial. Il peut se déplacer dans les parties communes : bibliothèque, salon végétalisé donnant sur le fleuve. Il a accès à une salle de sport comprenant une douzaine d'engins différents pour faire de l'exercice sous la conduite d'un accompagnateur qui notera ses progrès.

Au rez de chaussée il peut aller au cybercafé qui est en libre accès. En ce qui concerne la restauration, sa participation financière est de 12€ euros par jour. Le restaurant est tenu par un exploitant privé qui peut aussi accueillir des clients non-résidents favorisant ainsi la mixité sociale.

Chaque visiteur s'identifie sur une console numérique et peut trouver l'information qu'il cherche dans le système informatique de la maison de retraite : numéro de chambre du résident, personnel présent, affichage des activités du jour, du menu, etc. Une tablette numérique est fournie par la résidence avec application smartphone pour la famille.

La résidence ouverte en 2014 accueille 77 résidents avec seulement 71 accompagnants. Le bâtiment, compatible avec les technologies numériques, a coûté 19,3 M€ auxquels se sont ajoutés des équipements technologiques pour 1M€. Chaque groupe de résidents a son groupe de soignants. Ils sont suivis en fonction de 5 phases de vie repérés par des couleurs : de la bonne santé jusqu'à un état critique.

Une prise en charge collective

La grosse différence avec le système français est la prise en charge des handicaps des personnes âgées par les municipalités. Une réforme en 1997 a réduit le découpage administratif du pays à 5 régions et 98 municipalités, toutes dotées d'un conseil des seniors. Sa voix est consultative mais pèse d'un poids important. Ces conseils font remonter les besoins et les souhaits des personnes âgées, chaque commune ayant au moins un représentant bénévole dans le conseil local. Les membres du conseil sont élus par toutes les personnes de plus de 60 ans pour 4 ans.

Les représentants des conseils se réunissent au niveau national pour discuter de la politique de santé.

Un des aspects les plus remarquables de la politique danoise est la fourniture d'aides techniques sous forme de prêt pour continuer à vivre le plus longtemps possible en toute autonomie.

Le centre d'aide technique de la municipalité de Copenhague fonctionne en partenariat avec les fournisseurs d'équipements qui bénéficient des tests réalisés par des personnes âgées. De nombreuses aides techniques sont exposées dans un show room pour permettre aux personnes de choisir l'équipement que la municipalité leur alloue, ou d'obtenir un conseil d'aménagement de leur logement, ou des services "d'aide active" (repas à domicile, courses en commun, soins, etc). Une base de données nationale recense les plus de 60 ans et les aides techniques reçues.

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