Dans le n° 104-mai 2019  - Penser la longévité (II)  10427

L'enjeu des métiers

En termes de prévention et d'accompagnement du parcours de vie des aînés, le développement de l'accueil de jour et du passage à une logique de plate-forme gériatrique et de soin participerait d'une politique de la longévité bien mieux adaptée aux besoins et désirs des personnes et aux territoires concernés. C'est la notion d' « Ehpad hors les murs ».

Le terme de maison de retraite ouverte sur l'extérieur serait d'ailleurs moins anxiogène...

Peut-être faudrait-il renommer les EHPAD, dont l'image est injustement catastrophique ? Par exemple en Maisons d'accueil des Ainés et de l'Autonomie (M3A) ?

Signalons que ce type d'approche répond aux attentes des personnes : selon un sondage Odoxa de juillet 2017, face à la perte de capacité physique, pouvoir alterner vie à domicile et accueil en établissement spécialisé, serait privilégiée par 37% des plus de 50 ans.

Penser le lieu d'accueil comme une plaque tournante de soin et de liens

L'établissement permet l'exercice regroupé de la médecine, de la prévention et de l'accompagnement, sur place et à domicile.

Les approches de la e-santé pouvant aussi favoriser, sans déplacement, un suivi régulier et certaines interventions. Si dans de très nombreux territoires, l'aspect gériatrique sera majoritaire, il n'empêche que le soin est aussi généraliste. Notons que le projet « Ma santé 2022 » du gouvernement indique très clairement la volonté de labelliser les premiers « Hôpitaux de proximité », dont une des missions sera le soin aux aînés, avec un objectif à terme de plus de 500 établissements sur le territoire.

Reste que toute politique en faveur du soutien aux plus vulnérables pose la question -essentielle- de la valorisation des métiers du care, du recrutement et de l'accompagnement des personnes, à 85 % des femmes, parfois en situation de fragilité familiale, culturelle et/ou économique.

Si l'on évoque toujours les centaines de milliers d'emplois potentiels de ce secteur, on oublie souvent la problématique de son déficit d'attractivité et la nécessité d'ouvrir des crédits pour financer ces métiers. Dans de nombreux bassins de vie, dans le rural comme dans les métropoles, l'accompagnement des aînés en grande fragilité est complexifié par la question du manque de personnels et de compétences.

Serge Guérin

Sociologue. Professeur à l'INSEEC, directeur du MSc « Directeurs des établissements de santé ».

Vient de publier Les quincados Calmann-Lévy, 2019

01/04/2024  - Partie III

Pas de société de la longévité sans volonté de valoriser les métiers du care

Dans les deux précédentes contributions autour de la valorisation des métiers de l'accompagnement des aînés les plus fragiles, nous évoquions les questions de management et d'évolution sociologique des manières d'aborder la vie professionnelle. Mais l'enjeu est aussi de repenser le fonctionnement administratif.
01/04/2024  - Chronique

Un café dans mon Ehpad!

Madeleine de Proust d'une France de carte postale, le café de village constitue souvent le seul lieu de rencontre et d'échange alors même que selon l'INSEE, 62 % des communes ne disposent plus d'aucun commerce.
01/04/2024  - Billet

Salut Richard

C'était d'abord une voix forte. Qui ouvrait des voies. Celles qu'il a défendues tout au long de sa carrière. Brillant et apprécié pour ses redoutables compétences lors des débats car travaillées constamment, méthodiquement, désintéressées et reconnues.  ...
01/03/2024  - Billet

Réjouissant de bon sens

Si j'étais taquin, j'aurais pu dire « décoiffant de bon sens ». Et Serge Guérin aurait su apprécier.  ...
01/03/2024  - Partie II

Pas de société de la longévité sans volonté de valoriser les métiers du care

Le vieillissement de la population implique de valoriser, d'accompagner et mieux rétribuer les professionnels de l'accompagnement des personnes fragiles. Une grande partie des métiers que l'on disait de vocation et qui relèvent aujourd'hui plutôt de l'engagement, pour éviter la notion religieuse et de sacrifice, ne trouvent plus preneurs.
01/02/2024  - Billet

L'espoir est dans la proximité

Bon, c'est désormais compris. Mais il en aura fallu du temps. Une grande majorité d'âgés veulent rester chez eux. Bien évidemment, la prise en compte de cette volonté n'était pas simple à structurer. Surtout lorsqu'on a fait le choix depuis des dizaines d'années d'un autre modèle reposant quasi exclusivement sur « l'établissement », par dogme ou conviction sincère, en particulier depuis 2003 et la grande canicule qui a traumatisé familles et politiques. ...
01/02/2024  - Partie I

Pas de société de la longévité sans valoriser les métiers du care

Répondre aux enjeux du vieillissement passera par la mise en oeuvre d'une société du care où l'accompagnement bienveillant et mutuel peut contribuer à sortir de la fragilité et aider chacun à devenir auteur de sa vie.
01/12/2023  - Billet

Vulnérables et capables

Fêter une ou un centenaire dans un établissement n'est plus une exception. Tant mieux. Pour autant, doit-on ne voir de cet âge, si souvent associé à une certaine déchéance, que cette facette festive et considérée comme une performance, accompagnée le plus souvent par les autorités et les médias locaux ? Il est d'autres réflexions qu'il faut considérer. Anne-Solen Kerdraon (théologienne à l'Institut catholique de Paris), dont le nom ne vous vient pas spontanément à l'esprit, évoque lors d'un échange (avec Clotilde Hamon, journaliste pour Famille chrétienne) cette séquence de la vie dont le philosophe Paul Ricoeur soulignait déjà ces deux particularités humaines : vulnérable et capable. ...
01/12/2023  - Partie II

Les «Fractures françaises» sont-elles une affaire d'âge?

À partir de l'étude « Fractures françaises », réalisée par Ipsos pour le Cevipof-Sc Po, nous avions le mois dernier constaté que les retraités sont plutôt plus confiants dans les institutions de la société que le reste de la population. Il apparaissait aussi que le critère social était bien plus prégnant que le fait générationnel pour expliquer les différences de ressentis.